Une nouvelle constitution devrait sous peu remplacer Pastor bonus, la dernière en date en ce qui concerne les rouages administratifs des institutions vaticanes. C’est ce texte officiel qui fixe les rôles du gouvernement dans le plus petit État du monde.La constitution actuelle est une jeune trentenaire : Pastor Bonus avait en effet été promulguée par le pape Jean Paul II en 1988. Mais depuis ce temps, une somme de petites modifications, opérées notamment par les deux successeurs du saint polonais, ont interrogé le pape François : la Curie Romaine n’aurait-elle pas besoin d’une actualisation ?
Transparence et économies
Et c’est ainsi qu’épaulé par neuf cardinaux issus de tous les continents – le fameux Conseil des cardinaux (C9) – le chef de l’Église catholique s’est mis au travail dès son élection sur la chaire de saint Pierre en 2013. Si la réforme est difficile à mener, selon le cardinal Giovanni Becciu qui a été pendant sept ans substitut pour les Affaires générales de la Secrétairerie d′État, autrement dit “ministre de l′intérieur”, elle est totalement nécessaire car la Curie doit s’adapter à son époque. Pour lui, le pape argentin s’inscrit ainsi dans la lignée des grands réformateurs, à l’image de Paul VI ou Jean Paul II.
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Cinq ans ont passé depuis le début de cette laborieuse entreprise. À raison d’une session de réunions par trimestre, le C9 s’est penché sur les réformes à adopter. Le tout en quelque 140 réunions ! Alors, s′il ne faut pas s’attendre à des changements bouleversants, avait prévenu l’un des neuf cardinaux chargés d’étudier ce dossier, la nouvelle constitution devrait toutefois faire apparaître un changement de mentalité. D′ores et déjà, on connaît près de 25 réformes approuvées ces dernières années et l’on peut estimer que toutes seront intégrées dans le prochain texte. Par exemple, l’assouplissement des limites d’âge en cas de renonciations, en particulier pour les chefs de dicastère.
Le successeur de Pierre a notamment voulu imprimer sa volonté de diminuer le gaspillage budgétaire et de renforcer la transparence. Il faut désormais faire bien plus attention aux coûts, avait lancé un prélat en marge d′une réunion. Dès lors, les réformes les plus significatives devraient sans doute être celles qui concernent les créations de dicastères — l’équivalent des ministères au Saint-Siège — ou la fusion de certains conseils pontificaux – semblables à des secrétariats d’État, en poursuivant l’analogie. Le tout dans une logique de simplification.
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C′est le cas, par exemple, de la création en 2016 du dicastère pour les laïcs, la famille et la vie venant fusionner deux anciens Conseil pontificaux : pour les laïcs d’un côté et pour la famille de l′autre. La même année, le pape François avait également créé le dicastère pour le service du développement humain intégral, une sorte de “super dicastère” pour remplacer quatre conseils pontificaux : Justice et Paix, Cor Unum, pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement et pour la pastorale des services de la santé. Et plus récemment encore, la naissance d′un dicastère entièrement dédié à la communication…
Un instrument de service “entre les mains du Pape”
En tout état de cause, ces réformes devraient donc apparaître dans la remplaçante de la constitution de 1988, qui pourrait bien s’appeler “Praedicate Evangelium“, ce qui signifie en latin “Annoncez l’Évangile”.
Faire de la curie un instrument d’évangélisation. Voilà en définitive ce que devra apporter cette réforme. Elle ne se borne donc pas à des changements structurels. Dans sa ligne de mire se trouve en réalité la mission, afin que la Curie soit un instrument efficace des église locales. Comme l’avait souligné le directeur de la salle de Presse du Vatican, cette réforme doit créer une mentalité de service et d′évangélisation. Et pour le pape François, ce travail de rénovation des institutions et des structures de l’Église doit conduire à faire l’expérience de la miséricorde de Dieu.
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Après la réunion du 12 septembre dernier, nous n’avons jamais été aussi près de voir la constitution éclore : libre au souverain pontife de consulter ou non le collège des cardinaux comme l’avait fait le saint polonais, voire de promulguer ou non la constitution, et ce… quand il le décidera. Car comme la caractérisait Jean Paul II, la Curie romaine doit rester “un instrument entre les mains du Pape”.