Dans les Hauts-de-France, les Vikings de Villeneuve d’Ascq, une équipe de football américain, poursuit chaque semaine la mêlée dans les rues de la ville. Conjuguer action sociale et entraînement sportif participe de l’esprit de cette équipe, tout en apportant un supplément d’âme. Elle existe depuis près de 30 ans et a pu bénéficier du label citoyen grâce à son engagement social. Entretien avec l’un de ses membres les plus actifs.Aleteia : Pouvez-vous nous présenter « les Vikings »? Depuis quand cette équipe de football américain existe-t-elle ?
Grégory Célerse : Les Vikings de Villeneuve d’Ascq sont une équipe de football américain basée dans la métropole lilloise et fondée en 1986. C’était une des pionnières de ce sport encore méconnu en France. Il n’y avait à la base qu’une poignée de passionnés qui connaissait ce sport grâce à des voyages ou à une chaîne payante cryptée qui diffusait des matchs de la ligue professionnelle américaine : NFL (National Football League). Désormais, en plus de l’équipe senior, il y des équipes cadets, juniors, une équipe féminine, une équipe handicap et une équipe de flag football (les mêmes règles mais sans contact).
Qu’est-ce qui vous différencie des autres clubs de sport ?
Outre l’aspect sportif, le club a un aspect pédagogique, un souci de mixité sociale, puisque nous accueillons des jeunes issus de quartiers difficiles de Villeneuve d’Ascq, Lille, Roubaix ou Tourcoing. Ensuite, depuis plusieurs années maintenant, de nombreux bénévoles se réunissent tous les lundis soirs pour distribuer des vêtements, des soupes, des sandwiches aux SDF de Lille ou de Villeneuve d’Ascq. Cette année, le club a reçu de la part de la Fédération Française de football américain un label citoyen pour les actions engagées par ses bénévoles.
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À ce jour, combien d’activités bénévoles et sociales avez-vous effectué ? Quelles sont les prochaines actions que vous voulez mener ou auxquelles vous voulez participer ?
Depuis cinq ans, nous menons des actions dites de “maraudes” et ce toute l’année, hiver comme été, auprès des SDF, des migrants et de toute personne en détresse qui en fait la demande (droguées ou personnes alcooliques). Nous distribuons des sandwichs, de la soupe surtout l’hiver. Nous lançons des appels à dons de vêtements que nous distribuons les lundis soirs. Je m’occupe personnellement du container où les équipements sportifs du club se trouvent. Parfois, il y a autant de vêtements pour les maraudes que de matériel sportif. Nous manquons de place, mais les dons sont vites distribués. En octobre 2017, un équipementier sportif de Villeneuve d’Ascq a entendu parler de nos maraudes. Le gérant a décidé de nous donner pour l’équivalent de 10.000 euros de chaussettes, survêtements et t-shirts invendus. Nous avons tout distribué. C’était une très belle opération et un don d’un grand monsieur issu du rugby qui a souhaité garder l’anonymat. Le club veut aussi organiser des animations tournées vers l’écologie, comme nettoyer le lac du Héron (Villeneuve d’Ascq) ou ramasser des mégots de cigarettes dans les rues de Lille. Il s’agit de faire prendre conscience des gestes du quotidien, aussi bien auprès des membres du club que de la population lilloise. Mais certains de nos joueurs ont aussi pris des contacts avec l’association des “Étoiles plein les yeux” et plusieurs joueurs se rendent dans des hôpitaux pédiatriques pour rencontrer des enfants malades et pour participer à des créations de salles de sport dans les hôpitaux.
Comment le fait de participer à des actions sociales change l’état d’esprit de l’équipe de football, en quoi est-ce une valeur ajoutée ? Est-ce que tous les membres de l’équipe participent ou la participation est-elle libre ?
Donner de son temps pour les autres fait partie d’un engagement de plusieurs dizaines de membres de l’association sportive. Bien sûr, il n’y a aucune obligation et tout le monde ne participe pas. Il y a un noyau de bénévoles, regroupé sur une page facebook “Maraudeur, maraudeuse Vikings”, ce qui permet de se coordonner et de savoir qui participe ou non à un lundi en particulier. L’état d’esprit est très bon et je pense que les jeunes qui participent réalisent la chance que l’on a de pouvoir aider les autres. Cela va bien au-delà du sport. Le fait d’aider les SDF ou les migrants nous permet de garder un contact avec certaines personnes désocialisées. Bien sûr, ces personnes généralement ne savent pas qui nous sommes et même si nous leur expliquons, elles n’ont qu’une vision abstraite de notre sport. Mais là n’est pas le plus important, puisqu’il est de pouvoir aider les autres. À ma connaissance, il y a assez peu d’associations sportives qui participent à ce type d’action, et même si nous croisons les bénévoles d’associations comme Emmaüs, le Secours populaire, les Restos du cœur, nous sommes un peu des ovnis dans le domaine du social.
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