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L’Évangile de saint Marc, le GPS de la Terre Sainte

DORMITION ABBEY
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Thérèse Paré - publié le 31/07/18
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Partir en Terre Sainte, c’est effectuer une rencontre. Comment s’y préparer ? Oubliez le bon vieux « Guide du routard : Israël – Palestine ». Revenez aux sources, dépoussiérez la Bible et tournez les pages jusqu’à l’Évangile de saint Marc. Un vrai guide de voyage temporel et spirituel.Don Pierre-Antoine Belley, prêtre de la communauté Saint-Martin, est un habitué des pèlerinages en Terre Sainte. Il accompagne régulièrement des groupes de jeunes. Cette année encore, il part avec une cinquantaine de Mayennais et de Franciliens. À quelques jours du départ, ils attendent ses “consignes” pour bien préparer ce pèlerinage. Dans la salle de la maison diocésaine de Laval, les yeux rieurs, Don Pierre-Antoine leur lance que pour bien se préparer, il leur faut lire l’évangile de saint Marc. Pour rassurer la troupe, il ajoute « pas d’inquiétude, c’est le plus court ».

Mais pourquoi un évangile ? “Les quatre évangélistes sont comme des journalistes : ce sont des témoins de la vie du Christ. Ils sont quatre mémoires qui écrivent sur un même sujet mais avec quatre angles différents. Lire ces récits, c’est donc s’imprégner de la vie de Jésus”, souligne-t-il. Parce que la Terre Sainte est plus qu’un lieu, elle a une mémoire. Comme l’écrivain Didier Decoin qui croit « à la profondeur du chant des pierres », le pèlerin peut en Terre Sainte imaginer que les pierres du jardin des Oliviers sont encore chaudes et humides de la sueur qui coulait sur le front de Jésus à la veille de sa crucifixion. Et que la terre du mont du Crâne a encore le renfoncement causé par le poids de la croix. Cette affirmation qui nous pousse à être empirique avec le règne de Dieu est facilitée par l’évangile de saint Marc. L’Esprit saint a eu la bonne idée de souffler sur sa plume pour que son évangile soit une topographie des déplacements de Jésus.



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Au rond-point prenez la quatrième sortie vers le Jourdain

Et de fait, parmi les évangélistes, saint Marc propose sans doute l’écriture la plus rugueuse. Il effectue quelques erreurs de langage, mélange plusieurs langues et ne s’applique pas à bien écrire comme saint Matthieu ou à être délicat envers le lecteur comme saint Luc. Simple, concis et terre-à-terre il n’élabore pas de thèses de théologie, il n’explique pas les faits historiques. Son style est simple et spontané. Comme s’il posait les bases, les fondations des évangiles. C’est pour cela que saint Marc est accessible à tous. Comme un GPS, il indique les informations principales. Le “Au rond-point prenez la quatrième sortie vers le Jourdain” pourrait être traduit par ce verset du chapitre 1 “Et il advint qu’en ces jours-là Jésus vint de Nazareth de Galilée et il fut baptisé dans le Jourdain”. Il ne reste plus qu’à tracer sur une carte le point de départ A : « Nazareth », ajouter le point d’arrivée B « Jourdain » et nous avons le premier trajet de Jésus lors de sa vie « active ». Aussitôt, il s’en va dans le désert et sort de la Galilée. 40 jours après, il repasse par la mer de Galilée où il appelle les quatre premiers disciples, et se dirige vers la synagogue Capharnaüm. Près de celle-ci semble se trouver la maison de Simon où de nombreux miracles vont se dérouler.


FRESCO OF ST. MARK
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La vision de l’histoire de Marc se rapproche de notre vision moderne : il énonce des faits. Contrairement à saint Jean qui apporte à chaque évènement une interprétation et une résonance, saint Marc est disciple de Simon-Pierre. Il entretient avec lui un lien qui influence tout son récit. Le premier pape est à l’origine un simple pêcheur, sans instruction. Homme passionnément amoureux de Jésus, il est toujours le premier à lui répondre spontanément. Cette spontanéité et ce métier concret peut-être comparé au style sans fioritures de Marc.



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La quête de l’identité du Christ

Cependant, souligne Don Pierre Antoine, “il est important de lire l’évangile en continu”. Chaque évangéliste chérit un thème particulier. Par exemple, chez Matthieu c’est l’Église. Marc, lui, privilégie la quête de l’identité du Christ et le rapport des disciples à Jésus. Une quête que le pèlerin peut s’approprier car une des finalités du voyage en Terre Sainte c’est la connaissance du Christ. Exemple : au cœur de l’évangile de Marc, Jésus interroge ses disciples : « Pour vous qui suis-je ? ». Saint Pierre, spontané de nature et poussé par la foi, répond « Tu es le Christ ». Le style de Marc est vif et incisif : il permet au lecteur d’aller à l’essentiel. Jésus est le fils de Dieu et aucun commentaire n’est assez digne de cette réalité.

La deuxième thématique que Marc aborde tout au long de son évangile est celle de l’incompréhension permanente des disciples vis-à-vis des propos de Jésus. Le lecteur découvre des disciples ordinaires, comme nous, simples et pauvres chrétiens. Ils prennent Jésus pour un fantôme lorsqu’il marche sur les eaux. Et, lorsqu’une tempête risque de faire chavirer la barque, Jésus est surpris de leur manque de foi. Malgré cela, Jésus les regarde, nous regarde, toujours avec tendresse. Malgré cela les disciples persévèrent et nous sommes invités à en faire autant.

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