On pourrait l’appeler le “confesseur” des hommes politiques. Samuel Pruvot, rédacteur en chef au magazine Famille Chrétienne, en charge de la rubrique politique, a interviewé plusieurs présidents de la République et les candidats de la dernière présidentielle. Toujours avec la même question : quelle est leur foi ?Auteur du livre Les candidats à confesse (éd. du Rocher, 2017), Samuel Pruvot se confie sur la foi d’Emmanuel Macron, après la rencontre du président français avec le pape François.
Aleteia : Quel est le parcours d’Emmanuel Macron avec la foi ?
Samuel Pruvot : Seul Dieu sonde les reins et les cœurs. Mais c’est un fait que le jeune Emmanuel, à l’âge de 12 ans, va demander le baptême. Quand on échange directement avec lui sur ce sujet, on s’aperçoit de la profondeur de son expérience passée. Une expérience d’abord intellectuelle avant d’être spirituelle. C’est alors un adolescent, pétri de littérature et très curieux, qui va se rapprocher du christianisme. Le milieu jésuite de la Providence à Amiens est très porteur pour lui. Il est très sensible aussi à la camaraderie et il est à même de voir que le christianisme n’est pas en contradiction avec la vie et encore moins avec l’intelligence. Emmanuel Macron avoue s’être éloigné ensuite de la foi au moment de l’adolescence. Il invoque une difficulté avec certains rites chrétiens dont il perçoit de plus en plus mal la valeur et la beauté. Il s’éloigne alors peu à peu de la pratique religieuse sans toutefois rompre brutalement et définitivement.
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Que reste-t-il de ce jeune Macron qui a demandé le baptême à 12 ans ?
C’est vraiment difficile à dire. Mais il reste chez lui une sorte de religion philosophique à fleur de peau. Il invoque volontiers la transcendance quand on lui parle de Dieu. Il parle même d’une présence en creux, permanente, comme une métaphysique en attente… Il a été très marqué par le philosophe Paul Ricœur. Il en garde une fascination pour les textes sacrés et l’art de les commenter.
Quelle est sa vision de la laïcité, positive ou négative ?
Si on le compare à son prédécesseur, sa vision de la laïcité apparaît moins fermée. Emmanuel Macron a la conviction que le religieux fait partie du champ social. Et aussi du paysage politique. Pour lui, l’anticléricalisme est vraiment une vieille lune. C’est un homme encore relativement jeune, d’une génération post chrétienne. L’avantage est qu’il n’a pas de comptes à régler avec l’Église. La difficulté est qu’il a du mal à voir en elle une source surnaturelle de grâce. Au mieux, c’est une source d’autorité morale qui a traversé les siècles. C’est déjà quelque chose. Et cela fonde son respect pour la papauté. Sa sagesse et aussi son prophétisme incarné par le pape François.
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Certains analystes expliquent que, face à la croissance du radicalisme islamiste, le catholicisme devient le plus grand allié de la laïcité de la République. Est-ce la vision d’Emmanuel Macron ?
Emmanuel Macron estime que l’islam doit vivre dans le cadre posé par la République. Il sait combien l’Église catholique a souffert en 1905 avec la loi de séparation. Il demande aujourd’hui à l’islam de faire le même travail. Cela ne sera pas forcément facile et il le mesure. Surtout que l’islam a une autre vision du rapport entre spirituel et temporel mais ceci est une autre histoire.