separateurCreated with Sketch.

Rentrée en maternelle : que dire à un enfant angoissé par la séparation ?

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Mathilde de Robien - publié le 07/06/18 - mis à jour le 26/08/24
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
3 ans! Première rentrée, et dans certains cas, première séparation d'avec sa mère ou son père. Afin que ces petites séparations quotidiennes soient vécues au mieux, Bernadette Lemoine, psychologue, auteur du livre « Maman, ne me quitte pas » (St Paul, 2000), et fondatrice de l’association MCAdS (Mieux Connaître l’Angoisse de Séparation), livre à Aleteia ses précieux conseils.

« Lorsqu’il y a séparation d’avec la mère, le tout-petit croit que l’amour cesse », souligne Bernadette Lemoine. C’est pourquoi il est nécessaire d’avoir recours à un apprentissage progressif de la séparation, et à des paroles réconfortantes, afin d’éviter qu’une expérience douloureuse ne génère des troubles du comportement, tels que, sommeil perturbé, difficultés relationnelles, refus de l’autonomie, insatisfaction permanente, difficultés scolaires, énurésie, etc…

« Un tout-petit peut ressentir dans la séparation un danger effroyable ! »

Pour le tout-petit, une nuit, une journée à la crèche, chez la nourrice ou à l'école, quelques heures passées seul chez ses grands-parents, sont génératrices d’une séparation d’avec sa mère. Ces moments ne sont pas à prendre à la légère dans la mesure où les petits enfants ne ressentent pas la séparation de la même façon qu’un adulte. « Un tout-petit peut vivre la séparation comme une expérience douloureuse, précise Bernadette Lemoine, car il sait qu’il ne peut rien par lui-même et pour lui-même. Il n’a confiance que dans ce qu’il sent, ce qu’il voit, ce qu’il entend. Et sa mère, qui l’a porté pendant neuf mois, est son principal repère ! Dès lors qu’il ne la sent plus, ne la voit plus, ne l’entend plus, il croit qu’elle n’existe plus, il se croit seul, et il en ressent un danger effroyable ! »

La source de son sentiment de sécurité est l’amour qu’on lui porte et qu’il ressent par ses cinq sens. « Un enfant a un énorme besoin de se sentir aimé, et de le ressentir dans son corps, pour se sentir en sécurité. L’amour et la sécurité ont un lien : l’enfant a besoin, pour son développement, de se sentir aimé, de sentir qu’il a tout ce qu’il faut pour vivre et pour grandir », ajoute Bernadette Lemoine. D’où cette angoisse, qui peut parfois être une angoisse de mort, lorsqu’il se sent abandonné.

Les conditions à réunir pour des séparations sereines

Pourtant, arrive un moment où les mères doivent se séparer de leur enfant ! Pour aller dormir, travailler, faire du sport ou du shopping ! Et là, c’est (parfois) le drame ! Pour grandir, l’enfant doit dé-fusionner, prendre de la distance par rapport à sa mère. Comment éviter à ce moment-là des séparations douloureuses ? C’est là qu’un apprentissage progressif de la séparation est incontournable, selon Bernadette Lemoine, car la séparation est douloureuse lorsqu’elle n’est pas préparée, lorsqu’elle arrive trop tôt, ou qu’elle dure trop longtemps.

Dans un premier temps, la psychothérapeute engage, si possible, à éviter les séparations avant l’âge de 3 mois. Ensuite, elle conseille de privilégier, pour les premières séparations, les personnes et les lieux que l’enfant connaît. Des points de repère permanents le sécurisent. Enfin, elle invite à adapter les séparations par rapport à l’âge de l’enfant : les premières séparations doivent être brèves, puis, progressivement, on augmente la fréquence et la durée. Et bien sûr, il est indispensable de parler à l’enfant, et ce, dès sa naissance, afin de le rassurer.

Quelles phrases prononcer pour le rassurer ?

Un enfant, même tout petit, comprend tout. Pour le rassurer, le parent est amené à lui expliquer pourquoi il part, à l’assurer qu’il continue toujours de l’aimer et qu’il revient. « Le mot revenir est très important », souligne Bernadette Lemoine. La clé d’une séparation vécue sereinement réside dans ces mots : « Je vais m’absenter, mais je continue à t’aimer. C’est telle personne qui s’occupera de toi avant que je revienne. »

Dans son dernier ouvrage Petites phrases à leur dire pour les aider à grandir, co-écrit avec Diane de Bodman, la psychothérapeute répertorie plusieurs situations de séparation, leur faisant correspondre les « mots réconfort » adéquats. Ainsi, au moment du coucher, après le rituel habituel, il ne faut pas hésiter à dire : « Dormir est très important, cela permet de grandir. Et pendant que tu dors, je continue à t’aimer. Quand tu es seul dans ton lit, tu es en sécurité, tout va bien. Nous nous retrouvons demain matin. » Ou bien, en le confiant à la nourrice ou en le déposant à la crèche : « Pendant que tu es avec ta nounou/à la crèche, même si tu ne me vois pas, je continue toujours à t’aimer et à penser à toi. Nous nous retrouverons tout à l’heure, nous irons au parc… » Ou, pour le préparer à un changement d’école : « Cela sera peut-être un peu difficile parce que tu vas changer d’école et que d’autres personnes s’occuperont de toi. Tu ne verras plus tes amis, mais tu en auras d’autres. Les écoles, les maîtresses peuvent changer, mais les mamans et les papas, ça ne change jamais ! »

Petites phrases à leur dire pour les aider à grandir, Bernadette Lemoine et Diane de Bodman, Albin Michel, mai 2018, 191 pages, 12,50 euros.

Première rentrée scolaire : dix versets bibliques pour les parents anxieux

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)