Des religieuses cloitrées rejoignent le vaste mouvement #yositecreo de protestation déclenché, en Espagne, après un jugement qui disculpe de “viol” cinq hommes ayant abusé d’une jeune femme. À la suite d’un jugement disculpant de viol cinq Espagnols ayant abusé d’une jeune femme de 18 ans – événement survenu pendant les fêtes de la San Fermín, en juillet 2016 — des carmélites ont décidé de rejoindre le vaste mouvement de protestations qui s’est créé après la sentence en postant un texte sur Facebook : elles l’ont fait pour « qu’une voix dans l’Église critique le jugement », a expliqué à l’AFP une porte-parole des 16 religieuses vivant cloitrées à Hondarribia, dans le diocèse de San Sebastian, alors que plusieurs dizaines de milliers de personnes manifestaient à ce moment-là à Pampelune à coups de “ce n’est pas un abus sexuel, c’est un viol !”.
Cinq hommes, qui se surnommaient eux-mêmes “la meute” sur WhatsApp, ont été condamnés à 9 ans de prison pour “abus sexuel” aggravé d’”abus de faiblesse”. Mais le viol n’a pas été retenu, selon le code de droit pénal espagnol qui stipule, pour le considérer comme tel, qu’il doit y avoir “intimidation” ou “violence”. Les cinq inculpés avaient filmé leurs actes et s’en étaient vantés , tandis qu’au procès, la jeune fille avait dû se justifier d’avoir eu une attitude passive face à eux.
“Ma sœur, moi je te crois”
Le message des religieuses reprend le slogan “ma sœur, moi je te crois”, massivement clamé par des Espagnoles et Espagnols indignés devant la décision de justice. Largement relayé sur les réseaux sociaux, il est d’autant plus marquant qu’il prend la défense des victimes de viol mais plus généralement du “droit de toutes les femmes” à faire “des choix libres” :
“Nous vivons cloîtrées, nous portons un habit qui nous arrive quasiment aux chevilles, nous ne sortons pas le soir (sauf urgences), nous n’allons pas à des fêtes, nous ne buvons pas d’alcool et avons fait vœu de chasteté. Ce choix ne nous rend ni meilleures ni pires que n’importe qui, même si paradoxalement il nous rendra plus libres et heureuses que d’autres. Et parce que c’est un choix libre, nous défendrons par tous les moyens à notre disposition (et celui-ci en est un) le droit de toutes les femmes à faire librement le contraire, sans qu’elles soient pour cela jugées, violées, menacées, assassinées ou humiliées”.
Le parquet et la région de Navarre ont annoncé vendredi 27 avril dernier qu’ils feraient appel du jugement, tandis que le gouvernement envisage l’éventualité d’une réforme du Code pénal.