Depuis toujours, les chrétiens utilisent des cierges dans la liturgie. Ce fut d’abord pour des raisons pratiques (pour éclairer les catacombes, notamment) mais très vite, la lumière revêtit également un aspect symbolique. Les cérémonies éclairées à la bougie étaient pour les croyants un rappel des paroles de Jésus : "Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie." (Jn 8, 12) Les bougies, associées à cette lumière du Christ, occupèrent donc une place de plus en plus importante dans les offices.
Outre les nombreux cierges utilisés pour éclairer les lieux de prière, une tradition voulut que l’on symbolise le Christ par un cierge en particulier. "La tradition du cierge pascal découle très probablement de celle du Lucernaire (du latin lucerna, lampe), cet office du soir par lequel les premiers chrétiens entamaient la vigile précédant le dimanche, et notamment le dimanche de Pâques. Ce rituel du Lucernaire était lui-même probablement inspiré de l’usage qu’avaient les Juifs d’allumer des lampes au début du sabbat. C’est donc un rituel très ancien. Dans le rituel du Lucernaire, la lumière destinée à dissiper les ténèbres de la nuit, splendeur du Père, lumière indéfectible, était offerte au Christ. Ce rituel introduisant le dimanche était célébré avec une solennité particulière lors de la vigile pascale", explique frère Edward McNamara, professeur de liturgie à l’université Regina Apostolorum.
Avec le temps, cette lumière de Pâques occupa une place de plus en plus importante dans la liturgie, et le cierge fut orné de symboles explicitant le mystère pascal. Voici leur signification :
Le cierge de cire
L’Encyclopédie catholique nous dit : "Pour des raisons mystiques, l’Église demande à ce que les cierges utilisés pendant la messe et les offices soient constitués de cire d’abeille. (luminaria cerea. — Missale Rom., De Defectibus, X, I; Cong. Sac. Rites, 4 September, 1875) La cire pure extraite des fleurs par les abeilles évoque la chair pure du Christ reçue de la Vierge, sa mère. La mèche symbolise l’âme du Christ et la flamme représente sa divinité."
La lumière
La phrase que dit le prêtre au moment où il allume le cierge pascal résume parfaitement ce symbole : "Que la lumière du Christ, ressuscitant dans la gloire, dissipe les ténèbres de notre cœur et de notre esprit." Le cierge représente le Christ, lumière du monde. Du cierge pascal sont allumés tous les autres cierges de l’église, ceci pour montrer que Jésus est la source de notre lumière.
La flamme
La flamme du cierge pascal évoque la "colonne de feu" ouvrant la voie au peuple d’Israël fuyant les Égyptiens (Ex 13, 21), qui est également évoquée dans le texte de l’Exultet : "C’est la nuit où le feu d’une colonne lumineuse repoussait les ténèbres du péché."
La croix
La croix, instrument par lequel Jésus a sauvé le monde de la mort et du péché, est le symbole ultime du Christ.
L’alpha (Α) et l’omega (Ω)
On retrouve souvent ces deux lettres grecques dans l’iconographie chrétienne. Elles font référence à ces paroles de l’Apocalypse : "Moi, je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin. À celui qui a soif, moi, je donnerai l’eau de la source de vie, gratuitement. Tel sera l’héritage du vainqueur ; je serai son Dieu, et lui sera mon fils." (Ap 21, 6-7) L’alpha et l’omega sont donc aussi des symboles du Christ.
L’année
Dans chacun des angles formés par la croix figurent les chiffres de l’année en cours. Avant d’allumer le cierge, le prêtre trace la croix, l’alpha et l’omega ainsi que le chiffre du millésime de l’année et dit : "Le Christ, hier et aujourd’hui, commencement et fin de toute chose, alpha et oméga, à lui le temps et l’éternité, à lui gloire et puissance, pour les siècles sans fin. Amen."
Les grains d’encens
Après avoir allumé le cierge, le prêtre implante à chaque extrémité de la croix cinq grains d’encens symbolisant les plaies du Christ. Ce faisant, il dit : "Par ses saintes plaies, ses plaies glorieuses, que le Christ Seigneur nous garde et nous protège, Amen."
Le cierge pascal dure une année liturgique. Il est allumé au feu de la vigile pascale, et reste allumé à tous les offices jusqu’à la Pentecôte. Ensuite, il est utilisé au long de l’année pour les baptêmes et les funérailles, ces célébrations dont la liturgie repose sur le mystère pascal. Symbole du Christ, il convient d’en prendre soin et de le renouveler chaque année.