À ses débuts, l’artiste brestoise Marion Le Bec n’imaginait pas se lancer dans de grands projets d’art religieux. Et pourtant. Sollicitée par le curé de sa paroisse, elle a créé de toute pièce le chemin de croix de la plus grande église de France édifiée après-guerre : l’impressionnante église Saint-Louis de Brest.Nous sommes en 2015 quand le curé de la paroisse demande à cette jeune trentenaire de créer la Via Crucis de son église. Très étonnamment cet immense édifice moderne, tout de béton et de pierre de Logonna ne possédait jusque-là qu’un symbolique chemin de Croix depuis sa construction.
Aleteia : Quelles contraintes aviez-vous pour créer l’œuvre ?
Marion Le Bec : Le chemin de croix est placé au dessus des confessionnaux le long du mur Nord-Est de cette immense nef de 85 mètres. Chaque station, dans un format très vertical, mesure 1m22 par 50 centimètres, elles sont prolongées par des vitraux qui les dominent. L’architecture et le style de cette impressionnante église, mais surtout un calvaire monumental de Philippe Kaeppelin, imposaient un véritable défi d’intégration à relever. J’ai été formée par des maîtres et j’aime changer de technique. Ainsi j’ai choisi de concevoir ce chemin de croix sur bois en tenant compte de la contrainte majeure de l’humidité. J’ai gravé mes tracés et peints les aplats. Ensuite j’ai rempli chaque sillon creusé en blanc, à la manière d’un vitrail mais dont le cerne, au lieu d’être noir, préfigurerait déjà la lumière de la résurrection. J’ai travaillé avec un ferronnier pour les attaches afin de permettre une bonne circulation de l’air derrière les stations et lutter au mieux contre l’humidité.
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Pour un artiste, est-ce difficile de travailler sur un chemin de croix ?
Ce qui est dur c’est l’exercice même du sujet : le chemin de croix. Ce n’est vraiment pas anodin de travailler dessus. J’ai essayé à travers toutes les étapes de la conception de chercher la Vérité et de rester fidèle aux Évangiles. Le film La Passion du Christ de Mel Gibson m’a beaucoup inspiré. Mais je dois avouer que peindre la Passion a pu trouver certaines résonances dans mon propre chemin de vie : de l’ombre à l’espérance.
Qu’y a-t-il d’étonnant dans un chemin de croix ?
Depuis le XVIIe siècle, le chemin de croix dans sa forme traditionnelle comporte 5 stations sur les 14 qui ne figurent pas dans les textes. L’exemple de sainte Véronique est le plus flagrant car nul part il est écrit qu’elle a essuyé le visage du Christ. C’est uniquement par la tradition que cette station a été ajoutée aux 13 autres.
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Quelle est la spécificité de votre chemin de croix ?
Le curé m’avait demandé de créer un quinzième tableau sur la Miséricorde puisqu’au moment de sa commande, nous étions au cœur de l’année qui lui était consacrée. C’était une manière de marquer l’année mariale (2016-2017) vécue dans le doyenné qui couronnait ce jubilé de la Miséricorde. Nous l’avons installé au dessus de la porte d’entrée de la chapelle du Saint-Sacrement et je l’ai conçu sur un format horizontal pour le distinguer des stations puisqu’il représente les cœurs unis de Jésus et Marie. Je l’ai livré pour la date de la consécration des paroissiens aux sacrés cœurs de Jésus et Marie alors que les 14 autres stations avaient été livrées pour les Rameaux 2017 après de longs mois de travail méticuleux.
Quelle est votre plus grande fierté dans cette œuvre ?
Un commentaire revient très souvent : « C’est incroyable, on dirait qu’il a toujours été là ! ». C’est un beau compliment pour moi ! J’ai vraiment pris conscience que j’avais réussi à relever ce défi d’intégrer le chemin de croix dans l’église et cela avec une grande liberté.
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Découvrez en image le travail de Marion Le Bec dans l’église Saint-Louis de Brest :