Avec Gaudete et Exsultate, le souverain pontife livre un manuel de vie spirituelle au langage simple et accessible. Apte à relancer la mission.“Au cœur du pontificat”. Ainsi le directeur du quotidien du Vatican, Giovanni Maria Vian, définit-il l’exhortation du Pape, le plus “authentique” du pontificat, selon le journaliste. Ce texte sonne comme un appel à la radicalité de l’Évangile, poursuit le journaliste de l’Osservatore Romano, pour toute l’Église militante.
La plupart du temps, les saints sont cachés de la grande histoire. S’il existe des saints “estampillés”, nous connaissons tous des saints “de la porte d’à côté”, souligne le pontife avec son art de la formule ciselé, qui fait mouche. La vieille religieuse qui continue à sourire, l’homme qui travaille pour gagner son pain, les parents qui éduquent leurs enfants avec amour…
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C’est à eux — à nous — la classe moyenne de la sainteté, les sans-grades, que le 266e successeur de Pierre veut surtout s’adresser, en ce début de XXIe siècle. Pour les exhorter à ne pas se laisser contaminer par l’individualisme, par l’anxiété moderne et, pour tout dire, par la médiocrité ambiante.
Avec un leitmotiv : la sainteté est possible, à portée de main, pour tous. Ce n’est pas une image de papier glacé, un idéal inaccessible. À condition, bien sûr, d’accepter que nous n’en sommes pas les maîtres et que cette sainteté ne s’acquiert pas seulement par notre propre volonté humaine. Mais d’abord en se laissant faire par la grâce divine.
Sans doute le chef de l’Église catholique a-t-il présent à l’esprit cette sainte de Lisieux qu’il aime tant, au point d’emmener partout avec lui ses écrits : Thérèse, l’apôtre de la “petite voie” de l’enfance spirituelle, patronne des missions sans être jamais sortie de son couvent, et pour qui ramasser une épingle avec amour pouvait sauver des âmes.
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En bon pédagogue, après avoir présenté le caractère attractif de la sainteté — sa liberté “merveilleuse”, sa joie — le pape François réserve ainsi son dernier chapitre à l’indispensable combat spirituel, permanent et incessant. Car la sainteté est et reste un effort pour remonter le courant… Non pas une lutte abstraite, mais qui se joue contre un ennemi bien défini : le diable. Ce dernier n’est pas un mythe, souligne le pontife à l’intention de ceux qui en doutaient… Même si contre ses tours, nous avons des armes “puissantes” : la prière, la messe, la confession, les œuvres de charité.
Au final, on a affaire à un document en apparence d’une simplicité… biblique, où le Pape se fait volontiers père spirituel, tout à la fois encourageant et exigeant. “Y a-t-il des moments où tu te mets en la présence [du Seigneur] ?”, interroge-t-il ainsi, sur le ton familier de la conversation. Pour sœur Josepha, des Fraternités monastiques de Jérusalem, ce texte possède un “grand souffle” qui confirme cette paternité spirituelle populaire, et qui nous dit : “avanti !“.
Dans la première lettre apostolique de son pontificat, Evangelii Gaudium, le pape François affichait son souhait d’une “nouvelle étape évangélisatrice, pleine de ferveur et de dynamisme”. En voici le mode d’emploi, appelant à la sainteté pour tous et à l’audace missionnaire. Après la fleur de la nouvelle évangélisation, lancée par Jean Paul II au tournant du siècle, et qui a concerné plutôt une élite, l’avenir dira la portée de ce fruit qu’est Gaudete et Exsultate, pour l’évangélisation du troisième millénaire.
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