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Le bon café du curé Bruno

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Sylvain Dorient - publié le 02/04/18
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Au nord de la Thaïlande, un prêtre encourage les autochtones des minorités tribales à se lancer dans la culture du café équitable et écologique.

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Bruno Caffè s’est imposé sur les meilleures tables avec son slogan : “Le café thaï au plus pur arôme italien”. Le fondateur de ce café prestigieux, le prêtre italien Bruno Rossi, tient pourtant à préciser : “C’est mon nom, mais c’est leur café”.

Des cultivateurs des confins thaïs

“Eux”, ce sont les cultivateurs des diverses minorités ethniques qui cohabitent dans les montagnes du nord de la Thaïlande. Ils sont Lahu, Hmong, Akha, Karen et Yao, autant d’ethnies qui conservent une organisation sociale tribale, et restent éloignées de la modernité. Certains de leurs villages n’ont ni l’électricité, ni l’eau courante.


OLIVIER TARAMARCAZ
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Pour ces populations, la tentaculaire et lointaine Bangkok est à la fois un espoir lointain et un danger mortel. Beaucoup de jeunes gens s’y rendent dans l’espoir de trouver un bon emploi et tombent dans les pièges de la grande ville, travaux clandestins sous-payés, prostitution. Cette situation, désastreuse pour ces jeunes qui rêvent d’un meilleur avenir, l’est aussi pour les familles qui restent au pays, avec les moins qualifiés et les plus âgés. Le lien entre les générations, fondamental dans ces populations à l’organisation tribale, risque de se disjoindre. La culture ancestrale de la tribu est elle aussi menacée.

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C’est la raison pour laquelle l’une des priorités des organisations qui leur viennent en aide est de leur trouver un emploi sur place, qui leur permette d’être rémunéré correctement sur leur terre natale. C’est là qu’intervient le père Bruno Rossi et son café.

Le terroir de Thaïlande, l’excellence italienne

Non pas que le père Bruno Rossi ait “inventé” la plantation du café sur place. Quand il est arrivé comme prêtre Fidei Donum*, dans la montagne thaïe, en 1998, les locaux récoltaient déjà de bons grains de café. Mais ils les cuisaient beaucoup trop… Un vrai massacre pour notre prêtre italien, qui en eut le cœur retourné : “Ils les torréfiaient à tel point qu’ils en faisaient du charbon !”. Il comprend immédiatement le potentiel de la production de café. C’est une culture à haute valeur ajoutée, compatible avec le respect de l’environnement grâce à l’agroforesterie traditionnelle : le caféier pousse à l’ombre des grands arbres, ce qui réduit considérablement l’impact sur l’environnement.

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Lavorare ! Lavorare !

En 1998, il ne connaissait pas spécialement l’art des torréfacteurs, mais il avait en revanche une solide expérience du travail manuel. Avant le séminaire, il avait appris à travailler dans l’atelier de charpentier de son père qui le poussait perpétuellement : Lavorare ! Lavorare ! (Travailler ! Travailler !) Il s’est donc mis à apprendre le métier, à lancer des appels aux dons en Italie, en vendant des souvenirs produits par les enfants des tribus de sa paroisse. Il s’est procuré un torréfacteur et une machine à café professionnelle, provenant d’Italie.

Sous son impulsion, la culture de l’arabica – il ne veut pas d’autre variété – s’est étendue, et a concurrencé celle de l’opium, qui gangrénait la région. Son entreprise, Bruno Caffè, rachète les grains à un prix équitable et les torréfie pour obtenir un produit de grande qualité. Une qualité qui lui a valu, en 2014, une médaille d’or, délivrée par l’Institut international des goûteurs de café (IIAC), lors d’une compétition à Brescia, en Italie.

Les bénéfices de Caffè Bruno vont à la mission du père Rossi qui intervient auprès de 800 enfants. Ils reçoivent une éducation dans quatre écoles catholiques de la région.


*Fidei Donum, du latin “don de la foi”, vient de l’Encyclique du même nom, rédigée par Pie XII le 21 avril 1957. Le pape invitait les évêques à mettre leurs prêtres à disposition d’autres continents. Les prêtres ainsi détachés restent à disposition de leur diocèse, et y retournent, une fois leur temps de mission accompli.

 

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