Mgr Oscar Romero, archevêque de San Salvador tué en haine de la foi en 1980 va être canonisé en même temps que Paul VI, le pape qui l’avait nommé.L’archevêque Oscar Romero, le grand défenseur des pauvres, tué en pleine messe le 24 mars 1980, est désormais une légende au Salvador et une icône pour toute l’Eglise sud-américaine qui attendait avec impatience l’annonce de sa canonisation. La cause de l’évêque martyr a en effet été ouverte en 1994 mais est restée bloquée des années.
C’est le pape François qui l’a relancé personnellement et fait sorte qu’elle avance rapidement, brisant ainsi la résistance des milieux conservateurs qui dénonçaient les “discours marxistes” de Mgr Oscar Romero. L’évêque martyr des pauvres a été béatifié le 23 mai 2015 devant plus de 300.000 fidèles à San Salvador. Et l’annonce, le 7 mars dernier, de sa canonisation prochaine, en même temps que celle du pape Paul VI, celui-là même qui l’avait nommé évêque en 1970, sonne pour le peuple salvadorien comme un symbole d’espoir à une heure de son histoire à nouveau très critique en termes de violence.
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Immense joie du Salvador
Le pape François désire une Eglise pauvre pour les pauvres, qui s’engage pour la justice, pour les droits humains. Il le dit depuis le début de son pontificat (2013). Et qui mieux, à ses yeux, que Mgr Oscar Romero pour représenter ce modèle d’Eglise, devenu un symbole d’espoir et d’unité pour tout un continent – “son” continent d’origine- dont il connaît toutes les difficultés et problématiques.
On ne connaît pas encore le jour et le lieu de sa canonisation. En attendant l’archevêque de San Salvador, Mgr José Luis Escobar Alas, a exprimé sa “joie immense” et invité les catholiques de sa nation à prier par son intercession pour la paix dans le pays. De son côté l’évêque auxiliaire de San Salvador, le cardinal Jose Gregorio Rosa Chavez s’est rendu à l’hôpital de la Divine providence où Mgr Oscar Romero célébrait la messe lorsqu’il a été tué, pour y célébrer une messe d’action de grâce. Toutes les paroisses, le jour de l’annonce de la canonisation, ont été invitées à faire sonner leurs cloches.
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Le Salvador, qui a vécu dans le sang entre 1980 et 1992, est confronté depuis plusieurs années à une spirale de violence criminelle due à des années de violences politiques et de répressions sociales. Une violence qu’exacerbent les maras, des gangs de jeunes qui terrorisent, rackettent et assassinent à tour de bras. Le pays enregistre une moyenne de seize homicides par jour.
Persécuté jusque dans la tombe
Mgr Oscar Romero a été nommé archevêque de San Salvador le 3 février 1977, à l’âge de 59 ans, dans un contexte de pauvreté, injustice sociale, et assassinats, d’une rare violence. Dans ses sermons, dans les journaux et même à la radio, il condamnait l’injustice, la pourriture du régime, la violence policière. Il a été assassiné par les escadrons de la mort au lendemain d’un nouvel appel lancé aux soldats face aux exactions de l’armée. Même ses funérailles furent entachées de sang. Tandis que la messe commençait, une bombe et des coups de feu ont provoqué un vent de panique parmi la foule. Une cinquantaine de personnes sont mortes piétinées, une dizaine d’autres tuées par balle. La messe a dû être interrompue et le corps de Mgr Romero enterré à la hâte dans une tombe située dans le transept droit de la basilique du Sacré-Cœur.
L’héritage politique et spirituel de l’archevêque a fait l’objet de divergences importantes tant de la part de ses adversaires politiques que des opposants de gauche. Le Vatican, lui, souligne au contraire l’ampleur de son action pour les pauvres et les humiliés et le qualifie de “prophète de l’espérance”.
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