Dans son livre “Bakhita”, Véronique Olmi a cherché à comprendre comment une enfant malmenée, violée et torturée, a pu faire preuve d’autant d’humanité, de générosité, puis, une fois devenue religieuse, de confiance dans le Seigneur.
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“Je visitais une église à Langeais, l’été, en touriste. Je suis sortie de cette église et ma vie avait changé à un point que je ne pouvais pas imaginer. Dans cette église, il y avait un portrait de Bakhita, et je crois que c’est l’incohérence des mots dans sa biographie qui m’ont bouleversée : je ne comprenais pas comment une enfant sans enfance pouvait grandir en humanité”, confie Véronique Olmi lors de l’émission La Grande Librairie, lorsqu’elle raconte la genèse de son livre.
Malgré une enfance aux souffrances indicibles, Bakhita demeure un exemple de bonté et de bienveillance. Inspirons-nous de son histoire, de sa spiritualité, et de sa personnalité hors du commun, pour aimer en toutes circonstances et s’abandonner entre les mains du Seigneur.
“Aimer au-delà de ses forces”
Ce qui définirait le mieux Bakhita, c’est l’amour qu’elle porte aux autres. Depuis toute petite. Elle a aimé son amie de captivité, Binah, bien que cela soit “dangereux” pour son petit cœur puisqu’à tout moment, elles pouvaient être séparées. Elle a aimé Mimmina comme sa propre fille, et sa protectrice, Madre Fabretti, comme sa propre mère. Tout cet amour donné lui procure de la joie, une joie simple et vraie.
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Dans son livre, Véronique Olmi écrit : “Ils ne se doutent pas de la joie qu’elle a à préparer les bols pour les orphelines de l’institut.” Puis plus loin : “Ce qu’elle croit, c’est qu’il faut aimer au-delà de ses forces, et elle ne craint pas les séparations, elle qui a quitté tant de personnes, elle est remplie d’absences et de solitudes.” À son image, sachons aimer sans mesure, et dans l’instant présent, notre conjoint, nos enfants, nos proches et moins proches, même si cela nous engage, et même si cela met notre cœur en danger.
Avoir la certitude de ne pas être totalement seule
Un soir, Bakhita et son amie Binah, arrivent à s’évader du camp de Taweisha, halte avant d’atteindre l’immense marché aux esclaves de Khartoum. Alors qu’elles passent une deuxième nuit dans la forêt, percluses de douleur (elles n’ont pas cessé de marcher tout le jour, Binah a mal aux dents et Bakhita aux pieds), seules et complètement perdues, Bakhita fait une expérience qui sera décrite comme sa rencontre avec son ange-gardien dans sa Storia Meravigliosa, l’histoire de sa vie retracée en feuilleton dans la revue des sœurs canossiennes :
“Et soudain cela arrive. Une lumière très fine, une main posée à l’intérieur d’elle, qui prend sa douleur, celle de son âme, et celle de son corps, l’enveloppe sans la bousculer, comme un voile qui se repose. Elle respire sans que ça fasse mal. Elle vit sans que ce soit terrifiant. Elle attend un peu, surprise, elle se demande si cela va durer, cela dure, alors elle s’assied, et elle regarde la nuit. Elle est claire et tremble d’une chaleur qui passe sur elle, et à cette chaleur elle s’abandonne.”
Cette nuit de la consolation, analyse Véronique Olmi, démontre son envie de vivre encore, c’est “l’interstice par lequel passe la dernière force humaine, avec la certitude fulgurante et violente de ne pas être totalement seule.” Plus tard, elle demandera le baptême, pour devenir “la fille d’un père qui ne l’abandonnera jamais.”, et confiera : “Je connus finalement ce Dieu que je sentais dans mon cœur depuis que j’étais petite, sans savoir qui c’était.”
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Avoir la chance de croire en l’existence de Dieu est source de chaleur et de réconfort, notamment dans des moments de tristesse ou de solitude. Nous ne sommes jamais complètement seuls, si nous voulons bien accueillir la main que le Seigneur nous tend à chaque instant de notre vie.
Pardonner et reconnaître la médiation providentielle
Qui pourrait croire que Bakhita, arrachée des siens à l’âge de 7 ans, ayant subi d’atroces sévices chez ses maîtres Soudanais, puisse un jour pardonner à ses bourreaux ? Pourtant, lors d’une réunion de jeunes, un étudiant de Bologne lui demande : “Qu’est-ce que vous feriez si vous rencontriez vos ravisseurs?” Sans hésiter, elle répond : “Si je rencontrais ces négriers qui m’ont enlevée et ceux-là qui m’ont torturée, je m’agenouillerais pour leur baiser les mains, car si cela ne fût pas arrivé, je ne serais pas maintenant chrétienne et religieuse.”
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Maltraitée dans son enfance, elle témoigne de la puissance du pardon
Et de continuer : “Les pauvres, peut-être ne savaient-ils pas qu’ils me faisaient si mal : eux, ils étaient les maîtres, et moi, j’étais leur esclave. De même que nous sommes habitués à faire le bien, ainsi les négriers faisaient cela, par habitude, non par méchanceté.”
À l’instar de Bakhita, sachons pardonner aussi simplement qu’elle, et reconnaître dans le cheminement de nos vies des marques de la providence.
Avoir un esprit missionnaire
Sœur Joséphine Bakhita, infiniment reconnaissante de l’amour du Christ pour elle, n’a eu de cesse d’évangéliser les personnes qu’elle rencontrait. Voici la prière qu’elle a composée le jour de sa donation totale à Dieu à travers la Profession Religieuse, le 8 décembre 1896 :
“Ô Seigneur, si je pouvais voler là-bas, auprès de mes gens et prêcher à tous à grands cris ta bonté : Oh, combien d’âmes je pourrais Te conquérir ! Tout d’abord ma mère et mon père, mes frères, ma sœur encore esclave… Tous, tous les pauvres Noirs de l’Afrique, fais, ô Jésus, qu’eux aussi te connaissent et t’aiment !”
Bakhita, de Véronique Olmi, Albin Michel, novembre 2017, 455 pages, 22,90 euros.
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