Le psychiatre Christophe André s’est rendu mardi soir au Palais Bourbon à l’invitation de la députée socialiste Delphine Batho et du député La République en marche Pacôme Rupin. Nos députés sont-ils trop stressés ? Pour sensibiliser leurs collègues aux pratiques et bienfaits de la méditation, les députés Delphine Batho (PS) et Pacôme Rupin (LREM) ont invité hier soir à l’Assemblée nationale Christophe André. Psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne, il a donné une conférence sur le sujet salle Colbert. « Le but est de présenter les grandes études et expériences, montrer les impacts positifs que peut avoir la méditation sur l’éducation, la santé, ou encore le travail », a expliqué au Figaro Pacôme Rupin, diplômé de l’Université de Strasbourg en “méditation et neurosciences” et adepte de la méditation depuis quatre ans.
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La personnalité et le parcours de Christophe André ne manque pas d’intérêt. Auteur de nombreux ouvrages sur la méditation, Christophe André s’était confié il y a près d’un an au magazine Pèlerin sur cette pratique et en quoi elle a du sens pour ceux qui veulent approfondir leur foi. Interrogé sur ce qui l’avait mené à la méditation, il a expliqué avoir traversé un drame personnel alors qu’il était étudiant en médecine : « La mort brutale, dans mes bras, de mon meilleur ami, lors d’un accident de moto ». « J’ai alors trouvé refuge dans un monastère bénédictin. J’y ai découvert les temps d’oraison, de silence, de recueillement et de vie communautaire. Je suis sorti de cette retraite avec le sentiment d’avoir vécu une transformation intérieure », détaille-t-il.
La méditation, une manière d’approfondir sa prière
Concernant le lien entre prière et méditation, il explique que les deux sont complémentaires. « D’abord je médite, pour me rendre présent au moment, puis je prie. Il m’arrive aussi de simplement vouloir méditer, sans avoir l’intention de prier. Je m’assieds, je ferme les yeux… et, sans que je m’y attende, me voilà emporté. J’ai soudain le sentiment d’appartenir au monde, l’impression que les frontières entre ma petite personne et l’Univers deviennent poreuses, un sentiment d’interrogation existentielle m’étreint : « Pourquoi suis-je ici à respirer ? ». Apparaissent ainsi parfois des états qui appellent la prière, les sentiments de gratitude, de transcendance. »
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« Moi, je suis chrétien, donc je me dis : “Tu as ouvert ton âme à plus grand que toi, tu ressens, de façon très simple, que tu es un petit récepteur et qu’il existe un grand émetteur qui envoie des signaux”. Je pense que la méditation est bonne pour la foi. C’est une manière d’approfondir sa prière, de l’ouvrir à de nouvelles voies, peut-être avec moins de mots et davantage de ressenti corporel. N’hésitez pas, allez-y ! », témoigne encore Christophe André.
« Les députés ont des vies très chargées, des responsabilités, la méditation est sans doute encore plus importante pour eux »
À partir du mois de janvier, les deux députés veulent proposer aux élus et à leurs collaborateurs un « protocole MSBR » de méditation en pleine conscience. Concrètement, le programme se déroule sur huit semaines, six jours par semaine, et doit aider les patients « à faire tout un travail sur eux-mêmes, sur leur esprit et sur leur relation à la souffrance ». « Les députés ont des vies très chargées, des responsabilités, la méditation est sans doute encore plus importante pour eux », a tenu à souligner Pacôme Rupin. Delphine Batho et Pacôme Rupin s’étaient déjà rendu en octobre, à Londres, afin d’assister à la première rencontre internationale de parlementaires consacrée à la méditation intitulée Mindfulness In Politics.
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