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Soigner l’âme soigne le corps

En prière

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Sylvain Dorient - publié le 07/12/17
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Le britannique Rupert Sheldrake, docteur en biochimie et auteur à succès, s’intéresse aux effets concrets des exercices spirituels, comme la prière ou la méditation, sur le corps.

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Ce docteur, comme son nom de “Sheldrake” semble l’indiquer — une espèce entre l’oie et le canard — est un drôle d’oiseau. Étudiant brillant et athée, il est retourné au christianisme de son enfance au cours de sa carrière de biochimiste. “J’ai réalisé que l’athéisme était un système de croyance comme un autre”, explique-t-il. Or l’athéisme et le matérialisme ont des conséquences sur la conception du monde, et ils imposent, à ses yeux, des contraintes inutiles aux scientifiques : “Je suis persuadé que si tous les scientifiques parlaient des limites, qu’ils expérimentent, de l’approche purement mécaniste et réductive, ce serait bien plus amusant…”.


SAINT
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Lui n’a pas peur de s’amuser à explorer les branches de la science les plus controversées. Il a, entre-autre, établi l’hypothèse que la célèbre “sensation d’être observée par quelqu’un” reposait sur une conscience psychique d’être au centre de l’attention d’une autre personne. Lors d’une de ses expérience, des sujets aux yeux bandés devaient deviner si on les regarde eux ou d’autres cibles. Il rapporte qu’en une dizaine de milliers d’essais, les résultats sont supérieurs à 60 %, au lieu des 50% attendus, qui correspondraient au pur hasard. Auteur à succès, il a notamment rédigé Science and the human soul (éditions Coronet), tous deux consacrés aux effets concrets, sur le cerveau et la santé, d’exercices spirituels.

La prière sous le microscope

Dans cet ouvrage, il part du constat que toutes les religions recommandent l’usage d’exercices spirituels, prière, pèlerinage, médiation etc. Elles ont pour intuition commune que l’homme a besoin de se connecter à quelque chose de supérieur à lui. L’un des faits nouveaux de ces dernières dizaines d’années, c’est que des personnes se revendiquant comme athées pratiquent certaines de ces activités. Rupert Sheldrake, qui se passionne pour ces questions, assure que cet attrait s’explique tout simplement par les bénéfices de santé objectifs que retirent les pratiquants de ces exercices. Il développe en particulier le cas de la méditation, dans son livre Science and spiritual practices, qui sortira en 2018 en Grande-Bretagne. Cette pratique connaît un succès mondial. Aux États-Unis, notamment, l’US National Institutes of Health calculait en 2012 que 8% des citoyens méditaient régulièrement.

La méditation, cas d’école

La méditation, parmi d’autres exercices spirituels, est intéressante pour un scientifique, car elle lui permet d’avoir des patients dont l’activité est compatible avec leur examen, via les IRM, notamment : ils sont parfaitement immobiles. C’est ainsi que le cardiologue Herbert Benson, cité par Rupert Sheldrake, a pu déterminer que les patients, lors de la pratique de la méditation, consommaient moins d’oxygène, respiraient plus lentement, et pour ceux qui avaient une tension artérielle trop élevée, celle-ci baissait vers un niveau plus normal. Pour parvenir à cet état, il proposait dans son livre The Relaxation Response des règles simples, fondées sur la répétition d’un mot ou d’une courte phrase, qui soit cohérent avec ses croyances, et de le répéter en expirant comme un mantra, en tâchant de se relaxer, pendant dix à vingt minutes. L’exercice est à répéter tous les jours, avant le petit déjeuner ou le dîner.



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Rupert Sheldrake observe qu’il arrive que la méditation donne, à ceux qui la pratiquent, des moments de joie intenses, mais il ne peut pas l’expliquer scientifiquement. Il avertit toutefois que “la méditation n’est pas sans risque”. En particulier pour les personnes qui ont des problèmes psychiatriques, qui peuvent être aggravés par cette pratique. Dans les traditions religieuses qui prônent l’usage de la méditation, il constate qu’il est aussi recommandé de la pratiquer sous le contrôle d’un directeur spirituel.

Il assure que tout le monde gagnerait à trouver un directeur spirituel et un “coin de désert”, loin du bruit et de l’agitation, et en particulier loin des smartphones, ces “distractions ambulantes”. La méditation ou la prière vont à l’encontre de ce qui pourrait être le slogan de l’Occident : “Ne reste pas assis là, fais quelque chose !” C’est au contraire : “Arrête de remuer, assieds-toi là”, s’amuse Rupert Sheldrake.

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