À Rennes, un prêtre dominicain propose la confession en langue des signes. Une forme « d’innovation » pastorale pour aller aux périphéries.
Concrètement, comment cela se passe ? Le frère Xavier et la personne venue se confesser se mettent à l’écart, parfois dans une pièce dédiée. « Il faut être dans un endroit lumineux ou isolé, pour permettre de lire sur les lèvres ou de pouvoir parler sans avoir peur d’être entendu », nous explique le frère Xavier qui rappelle qu’il est également possible qu’un interprète professionnel soit présent. Et pour la formule d’absolution, pas de mains sur une tête baissée ! Elle est dite en regardant le pénitent et en articulant lentement pour qu’il puisse lire sur les lèvres. Dans certains cas, la confession peut même se faire par écrit, ce que prônait saint Thomas d’Aquin en son temps.
Une messe qui peut virer au « cauchemar »
Pour le frère Xavier, l’apostolat auprès des sourds a presque été une évidence. Quand il s’occupait du noviciat des dominicains, il avait accueilli un jeune homme sourd qui voulait entrer au couvent. « Nous avons dû lui dire non, car il aurait été trop isolé en communauté. Cela m’a bouleversé », raconte-t-il. Arrivé à Rennes, son désir d’aller aux périphéries s’est fait plus fort et il a proposé à l’évêque de s’engager dans la pastorale des sourds. Avec son accord, le frère Xavier est parti dans une grande aventure : il s’est inscrit à des cours et apprend la langue des signes.
Avec près de 4 000 sourds dans le département de l’Île-et-Vilaine, il y a là un terreau d’évangélisation : « Les jeunes sourds ne viennent pas très nombreux à l’église, il y a une catéchèse à retrouver », explique le frère Xavier Loppinet. « Les anciens “oralisent” beaucoup et lisent sur les lèvres, on leur a peu appris à signer. » Si bien que désormais, il propose quatre messes par an en langue des signes. Et c’est un gros travail de traduire la prière eucharistique n°2 en signes ! Mais qui en vaut la peine selon lui : « Les sourds me disent souvent : la messe pour nous, c’est : debout-assis-debout-assis ! C’est un cauchemar ! ».
Cette pastorale vers les sourds peut aussi avoir des effets inattendus. Ainsi, le frère Xavier Loppinet nous explique comment il s’intéresse désormais de beaucoup plus près à l’éclairage pendant les offices : « Car, pour lire sur les lèvres, il faut qu’une personne voit bien ». Une démarche qui peut aussi permettre à certaines personnes âgées de mieux suivre une messe. En France, ils sont 15 prêtres comme le frère Xavier à être au service de la communauté chrétienne sourde.
Tous les quinze jours, à l’église Saint-Sauveur de Rennes, confession en langue des signes le lundi de 15h à 17h.
Aleteia vous offre cet espace pour commenter ses articles. Cet espace doit toujours demeurer en cohérence avec les valeurs d’Aleteia. Notre témoignage de chrétiens portera d’autant mieux que notre expression sera empreinte de bienveillance et de charité.
[Voir la Charte des commentaires]
Connectez-vous avec un réseau social ou un e-mail et un mot de passe pour commenter
Vérifiez votre boite de réception, vous avez reçu un mail pour confirmer votre compte
Vérifiez votre adresse e-mail pour réinitialiser le mot de passe du compte.