En Turquie, des archéologues affirment avoir trouvé l’endroit exact du tombeau de l’évêque de Myre où serait encore sa dépouille. Bari rejette l’hypothèse qu’elle trouve audacieuse en l’absence d’éléments tangibles.Saint Nicolas pourrait n’avoir jamais quitté la Turquie. Et ses restes censés avoir été rapportés par des marins à Bari, en Italie, seraient ceux d’un prêtre. Si cette information diffusée par le quotidien turc Hurriyet et relayée par la BBC venait à être confirmée, ce serait un choc pour les habitants de Bari, dans les Pouilles. Les reliques du saint y sont conservées depuis plus de 900 ans et vénérées à un point que la ville est un haut lieu de pèlerinage pour les catholiques et les orthodoxes d’Europe de l’Est.
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Selon une équipe d’archéologues, le corps de saint Nicolas se trouverait dans l’église qui lui est dédiée à Demre, une petite localité édifiée sur les ruines de Myre, ville antique de Lycie, au sud-ouest de l’Anatolie. Le directeur des fouilles et des monument d’Antalya, Cemil Karabayram, affirme qu’au cours de la campagne qu’il poursuit depuis trois mois dans l’église de Demre, a été découvert un “endroit spécial” à part dans lequel pourrait se trouver la tombe de saint Nicolas. Cet endroit, selon lui, est en bon état, rien n’a été endommagé, mais des pierres et ornements bloquent son accès et il faudra du temps pour tout retirer avant de pouvoir y entrer. Dessous, poursuit-il, on devrait retrouver les restes de saint Nicolas.
Des études toujours en cours
À la faveur de telles hypothèses, les archéologues citent des documents datés de 1942 à 1966, où il est dit que cette église a été démolie puis reconstruite. C’est pendant la reconstruction que les marins de Bari prirent les os qui n’appartenaient pas à saint Nicolas mais à un prêtre » (National Geographic, 5 octobre). En attendant les recherches se poursuivent à l’aide d’un Scan CT et d’un géoradar. « Nous irons au fond et peut-être y trouverons-nous le corps intact de saint Nicolas », insiste l’archéologue.
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Mais en Italie, le père Giovanni Distante, vice-recteur de la basilique Saint-Nicolas à Bari, a aussitôt réagi, soulignant dans la Gazzetta del Mezzogiorno (6 octobre) que « le vol des reliques de saint Nicolas, commis par les habitants de Bari en 1087, est largement documenté dans les chroniques de l’époque, comme en témoigne par exemple Pasquale Corsi dans son ouvrage La translation des reliques de saint Nicolas : sources recueillies par le Centre Studi Nicolaiani, dirigé par le prêtre Gerardo Cioffari. Un jeune archidiacre, écrivant à la demande de l’archevêque Mgr Ursone, parle d’un “grand trésor dérobé… réalisé avec l’aide des anges”.
Des suppositions d’experts
Le vice-recteur de la basilique admet que « toute découverte archéologique soulève des interrogations qui demandent l’intervention d’experts », mais estime que du côté turc, celle-ci devait être vérifiée et avoir des réponses avant d’être diffusée aussi rapidement. Il s’agit donc pour lui que de « simples suppositions ». Pour défendre son point de vue, le père dominicain rappelle la demande faite par Ankara à l’Italie en 2009 de lui rendre les reliques de saint Nicolas, requête qui lui a toujours été refusée. « Les leur rendre pour en faire quoi ? », s’est-il interrogé. Cette demande, a poursuivi Giovanni Distante, n’aurait maintenant plus de raison d’être si l’endroit repéré sous les sols de la basilique de Myre renferme effectivement les restes de saint Nicolas.
Le vice recteur de la basilique n’ose pas imaginer les retombées d’une telle nouvelle sur le tourisme et l’économie locale. Il espère de tous ses vœux que la récente “découverte” puisse accélérer et mettre un terme aux travaux de fouilles qui, il n’en doute pas, “rendront au siège du saint évêque de Myre tout son éclat”. Selon les experts, 65% du corps de saint Nicolas se trouveraient à Bari, 20% à Venise, et le reste disséminé à travers le monde.
Article traduit de l’italien par Isabelle Cousturié.