Le Saint-Père se réserve “le droit de prendre des mesures appropriées” pour rétablir une situation qu’il juge “inacceptable” dans le diocèse d’Ahiara où l’évêque est repoussé pour des raisons ethniques.
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Le diocèse d’Ahiara, dans le sud-est du Nigéria, est depuis quatre ans un vrai casse-tête pour l’Église dans le pays et pour Rome. Une centaine de prêtres refusent la nomination de leur nouvel évêque pour des raisons ethniques. Et il n’y a rien à faire, ils refusent depuis quatre ans, au point que Mgr Ebere Peter Okpaleke, nommé en 2012 par Benoît XVI n’a jamais pu s’installer et a dû être ordonné dans le diocèse voisin d’Owerri. Le pape François, dès 2013, a nommé un administrateur apostolique pour tenter de calmer le jeu et trouver une solution de compromis, mais les protestations se sont poursuivies avec autant de vigueur, et le Saint-Père n’a eu plus qu’une solution : convoquer les intéressés à Rome.
“Une situation inacceptable”
La délégation nigériane a été reçue le 8 juin au Vatican, sous la conduite du cardinal John Onaiyekan, archevêque de la capitale, Abuja, et administrateur apostolique du diocèse d’Ahiara, où Mgr Okpaleke se voit refuser son installation par une partie des catholiques sous prétexte qu’il n’est pas issu de la même ethnie que Mgr Victor Chikwe, son prédécesseur, mort en 2010, après avoir été le premier évêque du diocèse pendant presque 25 ans. “Une situation jugée inacceptable par le Saint-Père”, souligne un communiqué du Saint-Siège, à l’occasion de cette visite, et pour laquelle, précise le Vatican, celui-ci “se réserve le droit de prendre des mesures appropriées”.
La délégation nigériane comprenait l’administrateur apostolique, le cardinal Onaiyekan, que le Pape avait choisi pour son habilité à dénouer “les dialogues difficiles”, l’évêque d’Ahiara, les archevêques de Jos et Owerri, ainsi que trois prêtres, une religieuse et un chef traditionnel. Avant l’audience au Vatican, ces derniers se sont rendus en pèlerinage sur les tombes des apôtres Pierre et Paul, et ont participé à la messe matinale du Pape à Sainte-Marthe.
Tout en faisant partie du peuple Ibo, majoritaire dans le sud-est du Nigeria, rapporte Radio Vatican en citant La Croix, Mgr Okpaleke, qui a effectué de brillantes études en droit canonique à Rome, vient en effet de l’État voisin d’Anambra. Selon ses détracteurs, il devait être possible de trouver parmi eux un prêtre ayant les qualités requises pour être leur évêque. Des jeunes sont allés jusqu’à barricader la cathédrale d’Ahiara pour empêcher le nouvel évêque de s’installer.
Débordement des conflits ethniques
Les conflits ethniques sont, avec les rivalités liées à la terre, une des causes principales des violences au Nigéria. Un dossier très sensible pour le pape François qui veille à ce que ces questions ne troublent pas la vie des diocèses. Dès qu’il en a l’occasion, il réaffirme aux évêques, prêtres, religieux, et laïcs, l’importance de ne jamais “faire entrer ce genre de question ou de différend” dans l’Église. Ce fut le cas en septembre 2016, avec les 150 nouveaux évêques du monde ordonnés dans le courant de l’année, venus à Rome pour suivre une formation sur leur nouvelle fonction. Grande fut la recommandation du Saint-Père à ce sujet : “Veillez attentivement à ce que tout ce qui est mis en œuvre pour l’évangélisation et les différentes activités pastorales ne soit jamais abîmé ou rendu vain par des divisions déjà présentes ou qui peuvent se créer (…) S’il vous plaît, luttez contre les divisions, parce que c’est une des armes que le diable possède pour détruire l’Église locale et l’Église universelle (…) Ne laissez pas les différences ethniques pénétrer les communautés chrétiennes et prévaloir sur leur bien”.
L’Église, ne cesse de répéter le Pape, est appelée à « toujours se situer au-dessus des connotations tribales et culturelles » et l’évêque, « principe visible d’unité », à ne jamais manquer à son devoir principal : « Édifier l’Église particulière dans la communion de tous ses membres ».
La nomination des évêques, un sujet sensible
La nomination des évêques est un sujet sensible qui revient ponctuellement sur la table du Conseil des cardinaux (C9) chargé d’aider le pape François dans sa volonté de réforme au sein de l’Église. En septembre 2016, le C9 s’est tout particulièrement penché sur “le profil spirituel et pastoral nécessaire pour un évêque aujourd’hui” et “la formation et le rôle spécifique des nonces apostoliques” dans le choix des candidats. La prochaine réunion est prévue du 12 au 14 juin.
Le souverain pontife ne propose pas de modèle standard car il sait bien que cela dépend de la spécificité de chaque Église particulière. Mais pour lui, le défi commun est que chacune se libère de toute “préférence, sympathie, appartenance ou tendance” ; évite “les camaraderies, les clans et les hégémonies” qui conditionnent parfois le choix des évêques.
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