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Le pape François n’ira pas au Soudan du Sud

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Isabelle Cousturié ✝ - publié le 31/05/17
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Cette décision suscite la déception de l’Église locale et des habitants qui s’étaient déjà lancés dans les préparatifs.“Le voyage n’aura pas lieu cette année”, a déclaré le porte-parole du Saint-Siège, Greg Burke, sans donner de raison précise, mais soulignant juste que le voyage du Pape au Soudan du Sud était toujours “à l’étude”. Aussitôt interrogé, l’archevêque de Juba, Mgr Paolino Lukudu Loro, n’a pas caché sa déception et celle des Soudanais.

En février dernier, le Saint-Père avait évoqué la possibilité d’un voyage œcuménique avec le primat anglican, Justin Welby, dans le style de la visite réalisée à Lesbos, en Grèce, avec le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée. La visite au Soudan du Sud, dévastée par une guerre civile et une famine menaçant des milliers de personnes, était un projet à l’étude après une demande en ce sens des principaux chefs religieux chrétiens du pays. « Nous devons voir si la situation est trop mauvaise, mais nous devons le faire (…) parce que les chefs religieux veulent la paix et y travaillent ensemble”, avait déclaré le Pape, en février dernier, lors d’une visite à la paroisse anglicane All Saints Church de Rome.



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Sur place, forte déception

Sur place, à Juba, la déception est grande. L’archevêque, Mgr Paolino Lukudu Loro, a aussitôt réagi à l’annonce du Vatican : “Je regrette que le Pape ne puisse venir. Le pays sera certainement déçu. Mais nous espérons encore qu’il viendra”. Dans un entretien à la radio catholique italienne Radio InBlu, il souligne qu’une équipe de la sécurité vaticane est déjà venue sur place pour un état des lieux et parler avec le nonce et porte-parole de l’Église catholique dans le pays, Mgr Charles Daniel Balvo, ainsi que les autorités soudanaises. “Je croyais que cette visite s’était bien passée, que tout était positif, j’ignore ce qui s’est passé”, a confié l’archevêque. Quelques jours auparavant, Mgr Lukudu avait assuré que tout allait dans le sens d’une visite du Saint-Père pour le 15 octobre prochain. “Le pays n’est pas en paix et le Pape aurait tellement voulu apporter sa contribution”, a déclaré l’archevêque. “Les préparatifs étaient lancés et se passaient bien”. Sa déception et celle des Soudanais est vraiment grande : “Les gens espéraient beaucoup (…) Oui, tout le monde se préparait à la venue du Pape, c’est vraiment la déception !”, a insisté l’archevêque.

Violences “pathologique”

Dans le pays, un cessez-le-feu unilatéral a été proclamé le 25 mai dernier par le président Salva Kiir qui a également annoncé le lancement d’un dialogue national avec l’ensemble des forces rebelles, mais sa demande d’exclure des pourparlers son principal adversaire, l’ancien vice-président Riek Machar, pourrait les faire échouer. Le pays est au bord du gouffre. La guerre civile, qui a éclaté en décembre 2013, a pris immédiatement « une dimension ethnique et tribale », déplorent les évêques dans un document paru en février dernier. Les prélats y accusent l’armée, fidèle au président Salva Kiir, et les forces de l’opposition de Riek Machar, d’attaquer les civils perçus comme partisans de la partie adverse. Les “ennemis” des deux côtés, sont alors “tués, violés, torturés, brûlés, battus, dérobés, molestés, emprisonnés, contraints à abandonner leurs maisons et empêché de procéder aux récoltes”, ont rapporté les évêques à l’agence Fides.

Les évêques s’exprimaient au moment où le pape François faisait justement part de son désir de se rendre au Soudan du Sud d’ici la fin de l’année. Leur description est tragique : certains villages “sont devenus une terre brûlée”, lit-on dans le document, alors que différentes villes sont maintenant “des villes fantômes, vidées de leurs habitants, à l’exception des forces de sécurité et peut-être des membres d’une faction ou d’une tribu”. Ceux qui se sont réfugiés dans les camps de l’ONU ou dans les églises sont, eux aussi, menacés et molestés par les forces de sécurité, poursuivent-ils, décrivant “un niveau de violence devenu pathologique”. Non seulement les civils sont tués mais “leurs corps brûlés et mutilés » alors que, dans différents cas, des groupes familiaux entiers ont été brûlés vifs à l’intérieur de leurs maisons. Quelques jours plus tard, rapporte toujours l’agence Fides, Mgr Erkolano Lodu Tombe, évêque de Yei, avait néanmoins tenu à préciser que “l’Église n’est pas contre le gouvernement” et à réaffirmer  “son engagement à offrir un soutien au gouvernement à travers des initiatives de paix”.



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