Au mois de mai, les jésuites ont rendu 212 hectares de terres du Dakota aux Amérindiens Sioux Lakota de la réserve de Rosebud.Les Sioux du Dakota vont enfin récupérer les terres ancestrales qui leur avaient été confisquées par le gouvernement américain dans les années 1880. En effet, la propriété d’une partie des terres avait été cédée aux jésuites pour y bâtir des églises et des cimetières.
“Il est temps de rendre ces terres”
Les 212 hectares de terres restitués sont situés dans la réserve indienne de Rosebud qui accueille un peu plus de 10 000 Sioux Lakota. Le président de la mission Saint-François, le père John Hatcher, assure qu’il est “temps de rendre ces terres qui appartiennent, de plein droit, aux Amérindiens”. Lors de la fondation de la mission Saint-François, les jésuites ont bénéficié de 23 terrains, employés pour leurs œuvres mais au fil du temps, la population a quitté ces grandes prairies qui s’étendent à l’est des Montagnes Rocheuses pour les ensembles urbanisés. Face à cet exode rural, le père John Hatcher n’envisage pas la construction de nouvelles églises. La mission Saint-François, du nom de saint François-Xavier, continue toutefois ses missions d’éducation et de soutien aux familles en difficultés. Elle bénéficie d’un enracinement très ancien, comme le démontre la lettre du chef Sioux Sinte Gleska au président américain Rutherford Birchard Hayes. Il demandait en 1877 : “L’arrivée d’autres prêtres catholiques. Ceux qui portent des robes noires, pour enseigner à lire et à écrire l’anglais”.
Problème administratif
Le père John Hatcher avait initié la restitution de ces terres depuis cinq ans, mais celle-ci était restée bloquée. “Il suffisait que quelqu’un engage le processus”, assure le directeur d’exploitation de la mission, Rodney Bordeaux. Pourtant cette démarche inhabituelle a été lourde à mettre en place : le simple fait de trouver le bon bureau auquel s’adresser, à l’intérieur du Bureau fédéral des affaires indiennes, a été compliqué, assure-t-il.
Un cadeau à 800 000 dollars
Les terres restituées serviront probablement à l’agriculture, notamment au pâturage. Il s’agit de terres éparses, dont la valeur à l’acre est estimée entre 1 000 et 2 000 dollars, soit une valeur totale d’environ 800 000 dollars. Mais Harold Compton, de la corporation qui gère la réserve de Rosebud assure que plus que par la valeur du don qui est fait à sa communauté, c’est le geste réalisé par les Jésuites qui le marque. C’est bien le sens qu’espérait lui donner le père John Hatcher.