800 ans après la fondation de l’ordre des Franciscains, les membres de la communauté continuent à porter la voie du “Povorello”.Ne l’appelez pas “ma sœur” ! Bien qu’elle soit membre d’une fraternité franciscaine laïque depuis 2010, Christine Fisset n’est pas une religieuse. Cela ne l’empêche pas d’être passionnée par saint François d’Assise et de vouloir suivre sa voie, selon son charisme.
Diplomate de Seine-Saint-Denis
Or, son charisme et son métier consistent à aborder des personnes lointaines : elle exerce comme diplomate, même si elle est pour le moment en disponibilité. Au Quai d’Orsay, son métier lui donnait l’occasion de s’adresser à des étrangers, de trouver des terrains d’entente, mais ce travail lui laissait un sentiment d’inachevé. “Je parlementais avec des personnes du bout du monde, mais le soir même je retrouvais les amis de mon petit cercle.” Rejoignant la fraternité franciscaine, elle décide de déménager en Seine-Saint-Denis… “Il faut être concret. Pour être au contact de ce qu’on appelle les quartiers sensibles il faut partager le bouillon de ceux qui y vivent, la pollution, le bazar et le reste…”. Elle trouve là le moyen d’exprimer ses qualités, son entrain naturel et sa facilité de contact. Des qualités qui avaient déjà fait son succès dans son précédent métier.
Une porte ouverte dans le bloc d’immeubles
Elle se met au service de ses nouveaux voisins, en intégrant l’association Le Rocher Oasis des Cités. Il s’agit “d’habiter au cœur des cités et quartiers populaires français, pour accompagner les jeunes et leurs familles”. François d’Assise se retrouverait sans doute dans leur façon de procéder : une porte toujours ouverte et des propositions d’activité pour les jeunes. Avec “Les Aventuriers”, mouvement fortement inspiré du scoutisme, les jeunes quittent leurs barres d’immeubles pour la nature et les écrans pour le sport. L’association propose aussi de l’aide à la scolarité.
Pas de fioritures dans le contact
Habituée au langage diplomatique, Christine Fisset se régale de la franchise des rapports qu’elle entretient avec ses voisins. “Une franchise à double tranchant”, prévient-elle. Bénéficiant du système des “anges gardiens” mis en place pour un pèlerinage par l’association, elle est partie avec une habitante de sa cité, Jeannette, ivoirienne et d’une génération au-dessus d’elle, à Paray-le-Monial. “En tant qu’anges gardiens, nous devions veiller l’une sur l’autre et je lui ai fait découvrir le sanctuaire, que je connaissais déjà”. Quelques mois après, Christine Fisset se mariait et son “ange gardien” est venue la voir, furibonde : “Je te considère comme ma fille et tu ne m’as pas invité à ton mariage ?!”.
Un système qui marche
Elle voit des enfants qui vivent des situations terribles comme “ce gamin tabassé par sa famille”, ingérable pendant les activités, qui a fini par comprendre qu’il était aimé et accueilli et dont l’attitude a changé radicalement. “Nous ne détenons pas la recette miracle, mais je constate que les enfants qui passent beaucoup de temps avec nous tournent bien”. L’association, créée en 2000, continue à se déployer et a besoin de fonds, comme toutes les associations, mais surtout de bénévoles… Tenté par l’aventure ?