Le 13 mai 1981, lors d’une audience place Saint-Pierre, le pape Jean Paul II (1978-2005) est atteint par trois balles tirées par Mehmet Ali Agça. Il est alors blessé au ventre, au coude droit et à l’index de la main gauche. Indemne, il s'ensuit cependant de longs mois avant que Jean Paul II puisse être considéré comme étant totalement guéri. Le pape accorde publiquement son pardon à son agresseur le 17 mai 1981, et le rencontre dans une prison romaine, deux ans plus tard.
Le 27 décembre 1983, le souverain pontife se rend ainsi à la prison de Rebibbia, située à 15 kilomètres du Vatican, à l’est de Rome, pour rencontrer celui qui a tenté de l’assassiner, le Turc Mehmet Ali Agça, âgé de 23 ans au moment des faits. Pendant près de 20 minutes, les deux hommes se parlent en tête-à-tête. Ce qu’ils se sont dit, personne ne le saura jamais : "cela restera un secret entre lui et moi", avait déclaré Jean Paul II.
"Aujourd’hui, j’ai pu rencontrer mon agresseur et lui réitérer mon pardon, comme je l’avais aussitôt fait, dès que j’ai pu. Nous nous sommes rencontrés en hommes et en frères", avait expliqué le pape polonais. Dans les années qui ont suivi et jusqu’à sa mort, Jean Paul II n’a jamais raconté publiquement la discussion qu’il avait eue avec son agresseur. Ce n’est qu’en 2013, à la suite d’une autobiographie publiée par Mehmet Ali Agça, que l’ancien secrétaire du pape, le cardinal Stanislas Dziwisz explique que les deux hommes ont parlé du secret de Fatima et de la survie inexplicable du pape.
Sous la protection de la Vierge Marie
À noter que le pape n’était pas venu à la prison pour rencontrer uniquement son agresseur. Le pontife avait tenu à apporter un message de paix et d’espoir aux 700 détenus. Cela deux jours après la célébration de la Nativité. Au jour de l'attentat, Jean Paul II a déclaré avoir senti la protection de la Vierge : "À l'instant même où je tombais place Saint-Pierre, j'ai eu ce vif pressentiment que je serais sauvé (…) une main a tiré et une autre a guidé la balle", a ainsi confié le pape polonais quelque temps après l'attentat. Le 13 mai 1982, il se rendit donc à Fatima (Portugal) pour remercier la Vierge de l'avoir protégé et fit sertir la balle qui l'avait frappé dans la couronne de la statue de la Vierge au sanctuaire.
Le pontife a voulu également que le souvenir de l’intervention de la Vierge Marie soit manifesté, place Saint-Pierre, par une mosaïque qui représente Marie "Mère de l’Église". On y lit sa devise : Totus Tuus. L’image, de plus de 2,5 mètres, a été installée, entre novembre et décembre 1981, soit près de 6 mois après l’attentat, sur une façade du Palais apostolique située à droite de la basilique Saint-Pierre.
Depuis 2006, à l’occasion du 25e anniversaire de l’attentat, une plaque commémorative est visible à l’endroit où le pape est tombé sous les balles d’Ali Agça. Il s’agit d’un carré de marbre de 40 centimètres placé sur le côté droit de la place lorsqu’on regarde la façade de la basilique. La plaque porte la date de l’attentat, en chiffres romains, et le blason de Jean Paul II.
Centenaire des apparitions de Fatima
Le 13 mai 1917, en pleine Première Guerre mondiale, la Vierge Marie est apparue, sous l’apparence d’une "femme revêtue de soleil" à la Cova da Iria, près de Fatima, à trois petits bergers : Lucia dos Santos et Jacinta et Francisco Marto, tous les trois cousins. Les apparitions se renouvelèrent six fois en 1917, la dernière est le 13 octobre. François mourut en 1919 et Jacinthe en 1920, année de la reconnaissance des apparitions par l’Église. Lucia dos Santos, entrée en 1948 au Carmel Sainte-Thérèse de Coimbra (Portugal), mit par la suite par écrit le message de la Vierge Marie.
Il s'agit en fait d'un message en trois parties. Le premier secret est une vision de l'enfer. Le deuxième secret concerne la paix. Cette partie aborde la question de la conversion de la Russie et annonce la Seconde Guerre mondiale. Dans le dernier message, les jeunes voyants affirment avoir vu un "un évêque vêtu de blanc (…) tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coups avec une arme à feu et des flèches". Le troisième secret se présente comme une vision allégorique, susceptible de diverses interprétations. Jean Paul II s'est directement rapporté à cette prophétie au sujet de l'attentat du 13 mai 1981.