“S’il te plait, dessine-moi un mouton” : l’unique habitant de l’astéroïde B612 a posé les pieds sur Terre en 1943.Ce n’est qu’en 1946 qu’elle est parvenue jusqu’à nous. Œuvre mondiale, traduite en 270 langues et dialectes, Le petit Prince a marqué des dizaines de millions d’enfants et d’adultes. Dans ce petit conte philosophique on découvre les absurdités du monde “des grandes personnes” à travers les yeux et les questions d’un enfant. Un univers où les ivrognes honteux, les géographes casaniers, les hommes d’affaires inhumains, les vaniteux ridicules, les rois sans sujets, et les fonctionnaires mécaniques ne sont que le reflet de ce que nous sommes, au fond de nous-mêmes.
L’œuvre, toujours d’actualité
Son auteur, Antoine de Saint-Exupéry, a disparu lors d’un combat aérien en 1944. Si son empreinte a fortement marqué la littérature française (avec des romans comme Terre des hommes, Vol de nuit et Courrier sud), Le Petit Prince sera inscrit dans le patrimoine mondial de la littérature. S’adressant aussi bien aux enfants par son style et ses dessins qu’aux adultes grâce aux messages philosophiques qui jaillissent à chaque page, le roman de “Saint-Ex” laisse découvrir les angoisses et les craintes de son auteur. Ce qu’il en découle, c’est la patte d’un homme en butte avec son époque dont il ressentait déjà les limites. Critiquant les hommes pressés et le consumérisme ambiant il est autant d’actualité aujourd’hui qu’il le sera demain, tout comme il l’était hier.
Inspiré par les hommes
Un auteur qui donna sa vie pour la Liberté. Lors de sa parution à New York en 1943, le rédacteur en chef du mensuel américain The Atlantic l’avait qualifié de “meilleure réponse des sociétés occidentales à Mein Kampf“. Les trois baobabs qui apparaissent en effet sur l’astéroïde B612, l’enserrant au risque de l’éclater représenterait pour les spécialistes les trois puissances de l’Axe (Allemagne, Japon, Italie). C’est d’ailleurs lors d’un vol de reconnaissance préparatoire au débarquement de Provence qu’il se crasha aux commandes de son P-38 Lightning. Un auteur mort jeune, mais qui déjà à 44 ans avait tout compris de ses semblables, que ce soient les femmes par l’allégorie de la rose ou l’amitié par celle du renard. C’est sans doute cela la force du Petit Prince : l’innocence et la curiosité d’un enfant doublés d’une sagesse de vieillard.
Se replonger dans Le Petit Prince
Un livre à relire absolument dans un monde moderne où tout va trop vite. Un monde qui rêverait d’inventer la pilule anti-soif permettant d’économiser “cinquante-trois minutes par semaine”. Dans ce livre on vous apprend que si vous disposiez de cinquante-trois minutes par semaine vous pourriez les dépenser en marchant “tout doucement vers une fontaine”.
Il serait trop long d’énumérer tous les symboles de ce petit livre (vendu à 145 millions d’exemplaires), mais il est facile d’encourager les lecteurs d’Aleteia, quel que soit leur âge à le relire.
Le Petit Prince, d’Antoine de Saint-Exupéry, Gallimard (Paris, 1999), 95 p. 13,50 €