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Notre patrimoine d’exception (2/7). L’abbaye de Jumièges en Haute-Normandie

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Marie Fournier - publié le 03/10/15
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Au détour d’une boucle de la Seine, laissez-vous surprendre par ces ruines blanches qui s’élèvent à ciel ouvert.Aleteia vous emmène à la rencontre de notre patrimoine exceptionnel français. Après la découverte d’un joyau pictural niché au cœur de l’ambassade de France à Rome, nous suivons les méandres de la Seine jusqu’à Jumièges, quelque part entre l’océan Atlantique et Paris

Aujourd’hui, Aleteia vous donne rendez-vous dans un ancien monastère bénédictin très influent en Normandie : l’abbaye de Jumièges qui nous invite à traverser neuf siècles d’architecture. Du IXe au XVIIIe siècle – puisque rien ne subsiste de l’époque de sa fondation au VIIe siècle –, le visiteur est amené à poursuivre une promenade romanesque au cœur de l’histoire mouvementée du site, marquée par les destructions et les reconstructions.

De 654 à la Révolution : une histoire à rebondissement

L’abbaye est fondée vers 654 par saint Philibert qui la place sous l’égide de la règle de saint Benoît. Au milieu du IXe siècle, elle est victime des assauts Vikings et désertée par les moines qui abandonnent le site pendant presque dix ans. La grande reconstruction du monastère est entreprise par l’abbé Robert de Jumièges au XIe siècle. Inaugurée par Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, en 1067, l’abbaye connaît un véritable retour à la prospérité à cette époque. Cette période heureuse se poursuit encore au XIIIe siècle, lorsqu’est entreprise la reconstruction du chœur de l’abbatiale : on passe alors du roman au gothique.

Le XVe siècle est marqué par des personnalités restées célèbres, comme l’abbé de Jumièges Nicolas Le Roux qui prit part au procès de Jeanne d’Arc et se positionna pour sa culpabilité, ou encore Agnès Sorel. Favorite du roi Charles VII, elle s’installe au Manoir de la Vigne au Mesnil-sous-Jumièges où elle meurt à 28 ans seulement (suicide ou empoisonnement ? Le mystère demeure et n’a pas encore fini de faire parler les historiens…). Deux tombeaux sont alors commandés par le roi, l’un contenant le corps de la défunte, à Loches, et le second où repose son cœur, à Jumièges. Une partie de ses biens sont d’ailleurs légués à l’abbaye. Au XVIIe siècle, le monastère est repris par des moines Mauristes et pillé par les protestants au cours des guerres de religion. Les derniers moines quittent Jumièges en 1790.

Pour l’amour des ruines (ou comment Jumièges a été préservée jusqu’à nos jours)

Vendu comme bien national à la Révolution, le domaine est ensuite utilisé comme carrière de pierre de 1796 à 1824. Vers 1830, une première volonté de préservation se manifeste avec l’action du maire de Jumièges Nicolas Casimir Caumont. Le monastère connaît alors son petit succès avec la vogue romantique et son évocation dans les Voyages de Victor Hugo : “Caudebec, qui n’est qu’une dentelle de pierre ; Saint-Wandrille ; auge magnifique où s’ébat un hideux pourceau dévastateur nommé Lenoir ; Jumièges, qui est encore plus beau que Tournus ; et, à travers tout cela, la Seine, serpentant sur le tout” (Rouen, 18 août 1835). Racheté par la famille Lepel-Cointet en 1853, le domaine est selon l’historien Robert de Lasteyrie (1849-1921) “une des plus admirables ruines qui soient en France”.

Propriété de l’État depuis 1946, l’abbaye est aujourd’hui un lieu d’exposition et de rencontres artistiques. Ces ruines restent fascinantes pour le visiteur qui ère sous ces tours blanches s’élevant à presque cinquante mètres de haut ! De l’abbatiale Notre-Dame, heureux mélange de style roman et gothique, sont conservés l’impressionnante façade et la nef de 88 m de long, tandis que l’église Saint-Pierre, partie la plus ancienne de l’abbaye, permet d’observer des vestiges carolingiens.

À voir en ce moment : exposition “Empreintes du passé – 6 000 ans de sceaux”, jusqu’au 5 décembre 2015. www.abbayedejumieges.fr.

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