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Les 3 500 premiers numéros envolés, “Limite” s’offre un second tirage

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Capucine Bataille - publié le 03/10/15
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La revue chrétienne décroissante fait fi des limites et réimprime.Imprimé timidement à 3 500 exemplaires, le premier numéro du trimestriel d’écologie intégrale bénéficie d’un second tirage. De quoi relancer la machine à décroître. Sorte d’ovni dans le panorama intellectuel français, la revue Limite remporte un vif succès depuis mi-septembre. Elle se vend en librairies, aussi bien à des étudiants qu’à des retraités, à des “cathos bon teint” qu’à des “anar écolo”. Mais que lui trouvent-ils de si particulier ? Pourquoi fait-elle à ce point parler d’elle ?

L’équipe de rédaction est constituée de tout jeunes journalistes. En têtes d’affiche : Paul Piccarreta, rédacteur en chef et journaliste indépendant, Eugénie Bastié, journaliste web au Figaro, et Gautier Bès, professeur agrégé de français et auteur. Tous trois sont catholiques, ne s’en cachent pas et appartiennent à la génération dite “Manif pour tous”. S’ils sont encore novices, ils n’en sont pas moins bien formés et bien informés. Les articles sont denses, étayés de nombreuses références. Ils citent allègrement des courants tant philosophiques que politiques, écologiques ou économiques. Limite, c’est loin d’être du baratin. Et il faut s’accrocher ! À chaque page, on veut faire la révolution : révolution contre le système économique avilissant, révolution contre le discours libéral ambiant, révolution contre la société de consommation, révolution contre la tendance artistique décadente, etc. Il faut suivre ! C’est éreintant ; certains diront lassant.

“Décroissez et multipliez-vous”, annonce la une. L’ennemi numéro un est tout trouvé : la soif de croissance qui dévore l’Occident. Dans sa course à la consommation, il brûle à petit feu l’avenir de la planète, comme un joueur invétéré flambe au casino son épargne, sa maison et les jouets des enfants. Mais Limite ne s’arrête pas à une critique trop facile et avance quelques solutions. Elle considère que les crises économique et écologique sont les deux faces d’une même médaille et prône la “décroissance”. La société rêvée doit se recentrer sur la personne humaine. Les auteurs s’inspirent largement et sans mystère du christianisme social, saupoudré d’une pointe de marxisme et agrémenté d’une bonne dose d’écologie intégrale. Loin du centrisme, le journal ne se revendique d’aucune appartenance politique. Il n’est ni de droite ni de gauche mais “social-conservateur”.

Le contenu catholique révolutionnaire est servi dans une maquette très actuelle, reprenant les codes du mook. Le cocktail est réussi et Limite interpelle plus largement que bien d’autres canards confessionnels. La rédaction prend d’ailleurs un malin plaisir à titiller le lecteur trop rangé. On ne compte pas les phrases et titres un brin “provoc”. Si certains font sourire, le lecteur a parfois le sentiment désagréable d’être pris pour un sacristain puritain et pudibond à défriser coûte que coûte. Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des grenouilles de bénitier…

Néanmoins, Limite vaut le détour. Les raisonnements sont de qualité, les bonnes formules fusent et les plumes ont du talent. La recette est surprenante mais digeste. Les auteurs rebattent les cartes. Convaincu ou pas, on n’en sort pas indemne. Le succès du premier numéro confirme que les jeunes journalistes ont tapé juste. L’expérience est à poursuivre. Souhaitons à Limite de croître… et de se multiplier.

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