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À quoi bon toutes les vertus, sans la persévérance ?

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Fabrice Chatelain - publié le 26/03/25
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À quoi bon posséder toutes les qualités, si l’on n’a pas la persévérance ? À la veille de la mi-carême, le père Fabrice Chatelain, auteur d’un “Éloge spirituel de la persévérance” (Artège), montre comment la persévérance nous fait grandir dans la vie et dans la foi.

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Imaginons que Jésus, au jardin des oliviers, quand il a connu l’angoisse de sa mort prochaine, se soit finalement dit : "Et puis non, en fait, je n’ai pas envie d’y aller, j’ai changé d’avis", eh bien ! nous serions dans de beaux draps. Le paradis serait toujours inaccessible. Nos péchés demeureraient à jamais impardonnables. Nous n’aurions ni espérance, ni foi, ni aucun intérêt à pratiquer la charité. Le monde continuerait à sombrer dans les ténèbres sans que personne n’y puisse rien. Nous pourrions dire : "Nous avons cru que ce Jésus était le messie, mais non. Il a dit de belles choses, c’est sûr, mais ensuite il ne s’est rien passé et rien n’a changé, ce n’était pas le bon…"

La solidité dans l’adversité

Cette petite uchronie nous montre la place essentielle de la vertu de persévérance, non seulement à un niveau individuel mais même pour le salut du monde. À quoi bon avoir toutes les qualités, n’avoir aucun péché, faire des miracles, même si nous ne persévérons pas dès que se présentent les épreuves, les tentations, la fatigue ou l’ennui ? Pour qu’une qualité vaille quelque chose, il faut qu’elle soit solide dans l’adversité, sinon elle n’est qu’une façade. On dit que c’est dans les épreuves que l’on reconnaît ses vrais amis, et c’est bien vrai : quand tout va bien pour nous, tout le monde veut être notre ami et profiter de notre bonne fortune. Mais seuls ceux capables de demeurer nos amis dans la défaite, la maladie, l’âge, la pauvreté ou toute autre difficulté, peuvent se prévaloir de ce titre.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Dieu n’exauce pas sans discernement toutes les demandes que nous lui faisons dans nos prières : s’il nous donnait tout, s’il était l’équivalent d’un ticket gagnant du Loto, comment pourrait-il savoir si nous l’aimons lui ou si nous n’aimons, en vérité, que nous-même et tout ce qui n’est que dans notre intérêt personnel ?

Une vertu oubliée

Il me semble que la persévérance est une vertu oubliée. On n’en parle pas souvent. On nous prêchera de temps en temps sur la foi, l’espérance ou la charité ; sur la générosité envers les pauvres, la préoccupation pour les migrants ou d’autres excellentes œuvres d’amour du prochain, mais qui se préoccupe de nous parler de la nécessité d’aller jusqu’au bout quand nous entreprenons quelque bonne action que ce soit ? Or, encore une fois, sans persévérance, rien n’est stable, rien n’est sûr, on ne peut faire confiance à personne.

Non, vraiment, sans persévérance, pas de salut, puisque Jésus lui-même n’aurait pas été ressuscité s’il avait renoncé au dernier moment à donner sa vie par amour pour nous.

Si notre bonté vacille au premier effort, si notre pardon recule devant l’obstacle, si notre amour, en fin de compte, a besoin de telle ou telle condition externe pour que nous consentions à en donner des petits bouts, toujours prêts à fermer le robinet de notre générosité ou à réviser les clauses de notre engagement, comment parviendrons-nous à obéir durablement aux enseignements du Christ ? Non, vraiment, sans persévérance, pas de salut, puisque Jésus lui-même n’aurait pas été ressuscité s’il avait renoncé au dernier moment à donner sa vie par amour pour nous.

La persévérance de Dieu

D’ailleurs, sans persévérance, pas d’univers, parce que si Dieu n’était pas plus fiable que nous, s’il se disait : "Ça n’a pas donné les résultats que j’attendais, bon, tant pis, on remballe tout et je passe à autre chose", nous ne serions plus là pour en parler. La vie, l’existence et l’être ; l’espace, le temps ou la matière, tout cela n’existe que parce que Dieu, ici et maintenant, veut que cela existe, dans une création qui n’est pas un simple moment mais une volonté continue de son amour pour nous. Quel gâchis, pourrait-on penser, un tel déferlement de milliards de galaxies pour de tout petits êtres insignifiants perdus sur une poussière au milieu du cosmos… Les voies du Seigneur sont impénétrables, vraiment, mais ses sentences sont sans repentir et quand il a une idée, il ne l’oublie pas et ne l’abandonne pas, quoi qu’il arrive. Il tient bon, non parce que nous le méritons, mais parce qu’il est Dieu.

Nous avons beaucoup à apprendre de sa persévérance, mais aussi de celle des saints. La prière de sainte Thérèse d’Avila, par exemple, est très inspirante :

"Que rien ne te trouble, que rien ne t’épouvante, tout passe, Dieu ne change pas, la patience obtient tout ; celui qui possède Dieu ne manque de rien : Dieu seul suffit. Élève ta pensée, monte au ciel, ne t’angoisse de rien, que rien ne te trouble. Suis Jésus d’un grand cœur, et quoi qu’il arrive, que rien ne t’épouvante. Tu vois la gloire du monde ? C’est une vaine gloire ; il n’y a rien de stable, tout passe. Aspire au céleste, qui dure toujours ; fidèle et riche en promesses, Dieu ne change pas. Aime-Le comme il le mérite, Bonté immense ; mais il n’y a pas d’amour de qualité sans la patience. Que confiance et foi vive maintiennent l’âme, celui qui croit et espère obtient tout. Même s’il se voit assailli par l’enfer, il déjouera ses faveurs, celui qui possède Dieu. Même si lui viennent abandons, croix, malheurs, si Dieu est son trésor, il ne manque de rien. Allez-vous-en donc, biens du monde ; allez-vous-en, vains bonheurs : même si l’on vient à tout perdre, Dieu seul suffit. Amen."

Pratique :

Éloge spirituel de la persévérance, Artège, 2025, 130 pages, 11€.

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