Campagne de soutien 2025
Ce contenu est gratuit, comme le sont tous nos articles.
Soutenez-nous par un don déductible de l'impôt sur le revenu et permettez-nous de continuer à toucher des millions de lecteurs.
De l’extérieur, le christianisme peut donner l’impression d’être une religion, sinon pour monomaniaques, du moins pour personnes obsédées par une idée fixe qui ne tolère aucun ordre de réalité autre que celui qui monopolise leur attention. Les chrétiens n’invoquent-ils pas Jésus à longueur de journée ? Ne voient-ils pas la trace et l’anticipation du Christ dans chaque page de la Bible, ce livre pourtant si divers et si bigarré ? Si bien que beaucoup se demandent s’ils sont encore capables de parler d’autre chose que du fondateur de leur religion. Cette fixation sur le Christ n’enferme-t-elle pas les disciples de Jésus dans une bulle cognitive qui les empêche de s’intéresser au monde extérieur ? Et d’ailleurs, cette fixation sur Jésus ne les incline-t-elle pas à l’idolâtrie ? Cette vision du christianisme est fausse pour au moins trois raisons.
Le chrétien s’intéresse à tous les hommes
Pour les chrétiens, Jésus n’est pas seulement le Sauveur universel mais aussi celui qui a assumé tous les hommes depuis la création du monde, quelles que soient leurs religions ou leurs croyances. Qu’est-ce à dire ? Jésus s’est identifié à chacun de nous. Il ne nous a pas sauvés en vrac ou "en gros" mais chacun séparément. Le concile Vatican II dira à ce sujet : "Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni à tout homme" (Gaudium et Spes, 22, 2). Ainsi, croire en Jésus, c’est déjà s’ouvrir à tous les hommes de la terre. Le chrétien ne porte pas attention uniquement à ses fidèles, mais à tous ses frères et sœurs en humanité et à leurs situations concrètes.
Le christianisme ne fait pas l’impasse sur l’histoire
Seconde raison pour laquelle le christianisme n’est pas une monomanie, il est une religion historique. Le Dieu de la Bible s’est révélé dans l’histoire, au peuple hébreu et ensuite pleinement en Jésus-Christ, personnage qui a existé à un moment précis du temps et à un point de l’espace. C’est là une spécificité de la plus grande importance parce qu’elle invite ses disciples à ne pas faire abstraction des données historiques, géographiques et civilisationnelles particulières de l’existence des hommes.
Le chrétien n’est pas l’adepte d’un humanisme désincarné. Il réfléchit au contraire aux conditions politiques, sociales, culturelles dans lesquelles les hommes évoluent. Si bien qu’il est obligé de s’ouvrir au monde extérieur dans ce que celui-ci a de complexe, de bigarré, de dépaysant. Le disciple du Christ, s’il veut être fidèle à son maître, ne peut pas faire l’économie de penser parfois contre lui-même afin d’entrer en intelligence avec son prochain. Ainsi, sa charité est tout le contraire d’une "idée fixe", obsessionnelle, desséchante, voire obsidionale.
Une aventure infinie
Enfin, le christianisme n’est pas une idolâtrie. La raison ? Le Christ est à la fois homme et Dieu. L’idolâtrie consiste à traiter une réalité finie et imparfaite comme une réalité infinie et sainte. Or, c’est parce que le Christ est homme et Dieu qu’il est capable de rejoindre chaque homme dans sa situation concrète et spirituelle. Aussi, en le priant et en méditant chacun de ses gestes et chacune de ses paroles dans les Évangiles, son disciple ne s’enferme pas dans le carcan de l’idéologie d’un chef de secte mais tente de s’approprier les faits, gestes et paroles du Verbe divin, de l’Être infini qui fera éclater toutes les limites qui sont le lot de chaque être humain. De cette façon, le chrétien élargit considérablement l’horizon de ses activités et de ses centres d’intérêt. Le Christ et son Esprit nous poussent vers le monde. Pour le chrétien, la curiosité n’est pas un "vilain défaut" !
Rien n’est plus étranger au christianisme que l’enfermement sectaire. D’ailleurs, avoir peur des cultures étrangères, se refuser à goûter les chefs-d’œuvre du génie des autres civilisations, c’est déjà trahir un manque de confiance en Dieu et, de surcroît, s’en faire une bien piètre idée. Dans ce domaine aussi, la peur est mauvaise conseillère. Nous n’irons jamais assez loin pour ne pas Le trouver dans les confins où nous nous serons aventurés. Dieu excédera toujours l’idée que nous nous faisons de Lui. Le Christ est assez grand pour embrasser toute la condition humaine dans sa diversité et ses richesses.