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L’histoire des églises parisiennes ne finit pas de nous surprendre. Détruites, reconstruites, ornées, puis saccagées, aucune n’a traversé les siècles sans rien avoir à nous raconter. C’est aussi le cas de Notre-Dame de Bercy. Au XVIIe, les pères de la Doctrine chrétienne créent un couvent à cet emplacement, dans un quartier alors populaire. À la Révolution, les prêtres de la congrégation sont tués ou dispersés et l’église du couvent devient église paroissiale. Au XIXe siècle, l’église menaçant ruine est démolie, puis reconstruite au même endroit.
Sauf que moins de 50 ans plus tard, le sanctuaire à peine reconstruit est incendié lors de la Commune de Paris. C’est d’ailleurs le seul édifice religieux à être détruit dans la capitale. Le feu ne laissera que les murs. Si ses travaux reprennent rapidement, leur achèvement tarde. Et il faudra attendre le début du XXe siècle pour voir les plafonds achevés. En compensation de cette attente, le préfet de la Seine pourvoit Notre-Dame-de-la-Nativité d’un exceptionnel ensemble de tableaux du XVIIe siècle. Dont cette Annonciation de Daniel Hallé (1614-1675), peintre normand qui multiplie les commandes de la part d’églises à Paris dans les dernières années de sa vie.
Une mauvaise attribution
Mais d’où provient cette Annonciation destinée initialement à un autre sanctuaire ? L’origine des œuvres exposées dans les églises est parfois incertaine. Mais dans le cas de cette Annonciation signée de Daniel Hallé, le commanditaire est connu. Il s’agit de Jean III de Choisy, chancelier du duc d'Orléans, qui a passé commande en 1659. Ses armes sont d’ailleurs bien visibles à droite du tableau.

Surprise de l’histoire de l’art, le tableau a d’abord été attribué à Claude-Guy Hallé, son fils. La méprise n’était peut-être pas si incongrue, dans une famille où le fils, le père et le grand-père étaient tous peintres. Travaillant en atelier, l’intervention de l’un ou de l’autre n’était peut-être pas facilement identifiable. Avant d’arriver à Notre-Dame-de-la-Nativité, l’Annonciation de Hallé aura passé quelques décennies sur les murs de Saint-Ambroise, la chapelle de l’ancien couvent des Annonciades, dans le quartier de Popincourt. Les lieux de culte changent et les administrations successives font circuler les œuvres…
Une composition empreinte de douceur et de lumière
On pourrait ne pas la remarquer, cette Annonciation à la composition plutôt classique. Mais elle mérite qu’on s’attarde à ses couleurs lumineuses, à la douceur du visage de Marie qui, toute en intériorité, répond à l’ange "Je suis la servante du Seigneur". Sous la forme d’une colombe, l’Esprit saint domine la scène et lui apporte la lumière intense qui l’inonde et attire notre regard vers Marie et Gabriel.

