“Heureux ceux qui écoutent le Père”

D’où provient ce bonheur pour saint Pierre ? Jésus lui dit : "Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux" (Mt 16, 17). Pierre vient de réciter son Credo à Césarée, son acte de foi en Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, véritable petit résumé de Christologie. La source de son bonheur, lui dit Jésus, est dans le Père qui révèle ce qu’il dit. Ce bonheur est comme une exultation dans l’Esprit, un enthousiasme, qui en grec vient de "en thou", qui veut dire "en Dieu". C’est le bonheur cette fois-ci charismatique de recevoir joie, paix, lumière, dans la vie dans l’Esprit mieux que dans la raison seule. L’intuition de Pierre, qui va fonder sa mission de premier pape, et une autre façon de percevoir, de comprendre, de discerner. Bonheur de la joie des découvertes théologiques quand le mystère se désépaissit, bonheur de connaître la vérité de l’intérieur. 

Nous qui sommes faits pour découvrir la Vérité, bien suprême pour saint Thomas d’Aquin, faits pour "connaître" les réalités du ciel dès ici-bas, dans ce bonheur qui est un des plus beaux, nous sommes enfants du Père, et à cause de cela capables de saisir ce que nous révèle le Père du ciel. Bonheur et béatitude se ressemblent alors. Si nous réalisions ce qu’est être un enfant du Père, prémisse du bonheur céleste, où nous le redeviendrons pour l’éternité ! Juste après cette révélation, Pierre se fâchera contre Jésus, ne voulant pas accomplir son destin sur un chemin de Croix. Traité de Satan par Jésus, adversaire, alors qu’il vient de le déclarer heureux, c’est pour qu’il passe derrière lui, ne s’opposant plus à sa marche vers sa passion, mais aussi pour qu’il le suive, immédiatement derrière lui. Là sera son bonheur à nouveau d’une autre façon plus réaliste, bonheur de ceux qui suivent le Seigneur et meurent pour lui.