Campagne de Carême 2025
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L’année jubilaire a débuté la veille de Noël, marquée par l’ouverture de la Porte sainte en la basilique Saint-Pierre au Vatican. Dans la bulle d’indiction du Jubilé ordinaire de 2025, intitulée Spes non confundit, (L’espérance ne déçoit pas), le Pape appelle tous les chrétiens à se faire pèlerins d’espérance, et donne aux fidèles la possibilité de recevoir, pour eux ou pour les âmes du purgatoire, l’indulgence plénière, dont les conditions de l’obtention sont précisées dans une note. Comment obtenir cette indulgence ? À quelles conditions faut-il répondre ? Qui peut la recevoir ? Aleteia décortique le mode d’emploi pour vous.
C'est quoi une indulgence plénière ?
Il est tout d’abord important de rappeler que l’indulgence est une grâce offerte par Dieu lui-même, qui répare les conséquences causées par le péché. "L’indulgence est la rémission devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés dont la faute est déjà effacée, rémission que le fidèle bien disposé obtient à certaines conditions déterminées, par l’action de l’Église, laquelle, en tant que dispensatrice de la rédemption, distribue et applique par son autorité le trésor des satisfactions du Christ et des saints", spécifie ainsi le Catéchisme de l’Église catholique (CEC 1 471). En d’autres termes, l’indulgence concerne non pas la faute - préalablement pardonnée par le sacrement de la confession -, mais la peine occasionnée par cette faute. En effet, le péché, même pardonné, laisse des traces : ce sont spécifiquement ces traces que l’indulgence plénière peut effacer. Elle offre la rémission des conséquences des péchés qui ont déjà été pardonnés. Si elle est plénière, elle remet totalement la peine, c’est-à-dire qu’elle permet d’aller directement au ciel si on venait à mourir à l’instant. Si elle est partielle, elle réduit la peine temporelle mais ne l’annule pas complètement.
Qui peut recevoir l’indulgence ?
L’indulgence plénière peut être obtenue par le fidèle qui la demande pour lui-même ou pour les âmes du purgatoire. Il n’est donc pas possible de demander une indulgence plénière pour quelqu’un de vivant autre que soi-même. En revanche, il est possible de faire la démarche d’indulgence pour un proche décédé. Il s’agit de la prolongation du dogme de la communion des saints, explique à Aleteia l’abbé Laurent Spriet, recteur de l’église Saint-Georges de Lyon, une sorte de relation de véritable amour et solidarité qui s’instaure entre les morts et les vivants (cf. CEC 1475). L’indulgence plénière s’obtient donc par l’Église, qui a le pouvoir "de lier et de délier" (cf. Mt 18, 18), et qui peut intervenir en faveur du chrétien afin de lui obtenir "du Père des miséricordes la remise des peines temporelles dues pour ses péchés". (CEC 1478)
Mille façons d'obtenir l'indulgence plénière
Plusieurs conditions doivent d’abord être réunies par le fidèle pour recevoir l'indulgence plénière : être réellement repenti, ne pas être attaché au péché (c’est-à-dire avoir la ferme intention de ne pas le réitérer), avoir reçu le sacrement de pénitence, avoir reçu la communion eucharistique, et enfin prier aux intentions du Pape (par exemple un Notre Père ou un Je vous Salue Marie).
Ensuite, une fois ces conditions préalables réunies, la note propose différentes œuvres à accomplir pour obtenir l’indulgence jubilaire :
Les pèlerinages et visites à des lieux sacrés
Il est possible de recevoir l’indulgence jubilaire en effectuant un pèlerinage jusqu’à un lieu du Jubilé et en y assistant à une messe, à un chapelet, à la liturgie des Heures (Laudes, Vêpres par exemple), etc. À Rome, il faudra par exemple marcher jusqu’aux basiliques Saint-Pierre, Saint-Jean-de-Latran, Sainte-Marie Majeure ou Saint-Paul-hors-les-Murs. En Terre Sainte, ce sera le Saint Sépulcre (Jérusalem), la basilique de la Nativité (Bethléem) ou la basilique de l’Annonciation (Nazareth).
Sans nécessairement pèleriner, le simple fait de se rendre dans un lieu jubilaire. Ces lieux sont désignés par les évêques. En France, de nombreux sanctuaires proposent de réaliser cette démarche, comme la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, le sanctuaire de Montligeon, ou encore celui de Lourdes. Prenons ce dernier cas : le fidèle réellement repenti, qui prend la ferme résolution de se détacher du péché, reçoit la confession et la communion, prie aux intentions du Pape, puis se rend à Lourdes afin d’y participer à une procession mariale, sera "dans les clous" pour obtenir l’indulgence. Et si ce n’est pas une procession mariale, qu’à cela ne tienne, il peut s’agir d’un chapelet, d’une adoration, d’un chemin de croix…
Les oeuvres de miséricorde corporelles
L’indulgence plénière peut aussi s’obtenir par la participation à des missions populaires, même ponctuelles. Par exemple, une maraude avec une association qui s’engage auprès des plus pauvres. Cela vaut aussi pour des visites aux personnes âgées, isolées, malades, en fin de vie…
Le fait de se former est aussi considéré comme une œuvre de miséricorde : ces formations peuvent porter sur le catéchisme de l’Église catholique, les textes de Vatican II, ou encore la Bible, etc.
Dans un esprit de pénitence, renoncez aux "distractions futiles" à la "consommation superflue" pendant au moins un jour. Cela pourra se traduire par le jeûne, l’abstinence ou l’aumône, notamment le vendredi.
Les oeuvres de miséricorde spirituelles
"Conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses…" Certaines œuvres peuvent sembler à première vue plus floues mais ne doivent pas être négligées : il s’agit des œuvres de miséricorde spirituelles. Elles sont toutes des actes de charité : les offrir à Dieu permet donc, - toujours en réunissant les cinq conditions susmentionnées - d’obtenir une indulgence plénière. Faire preuve de patience avec un collègue ou un supérieur hiérarchique agaçant, apporter des mots de réconfort à une personne en souffrance, endurer sans mot dire un affront ou une insulte, garder son calme face à ses enfants turbulents… Tout peut devenir grâce ! Pour offrir ces sacrifices à Dieu, on peut par exemple réciter une prière, comme celle enseignée par l’Ange aux enfants de Fatima : "Ô mon Jésus, pardonnez-nous, préservez-nous du feu de l’enfer ; et conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde."
En combien de temps peut-on recevoir une indulgence
Même si cette liste peut faire penser à des normes de cuisine, il n’est pas nécessaire de suivre l’ordre précis de la recette ! La communion peut être reçue le lendemain ou plus tard dans la semaine, tout comme la confession (cf. saint Paul VI Indulgentiarum doctrina, norme 8).
Prenons un exemple : lundi soir, le fidèle effectue après sa journée de travail une maraude qu’il décide d’offrir en faveur des âmes du purgatoire. Difficile de communier et de se confesser après une journée au bureau… Il pourra se confesser le lendemain. Il a communié la veille. S’il effectue tout cela dans un véritable esprit de pénitence, et qu’il prie aux intentions du Pape, il remplit les conditions pour obtenir l’indulgence plénière pour lui ou une âme du Purgatoire.
Peut-on recevoir plusieurs fois l’indulgence plénière ?
La norme veut que l’indulgence plénière puisse être gagnée une seule fois par jour ; à la différence de l’indulgence partielle qui peut être gagnée plusieurs fois par jour (Indulgentarium doctrina, norme 6). Cependant, la note sur l’indulgence plénière concédée durant le jubilé 2025 indique une exception de taille ! Ainsi, "les fidèles qui auront fait œuvre de charité en faveur des âmes du purgatoire, s’ils accèdent légitimement au sacrement de la communion une seconde fois le même jour, pourront recevoir deux fois l’Indulgence plénière". Concrètement, toute œuvre (chapelet, chemin de croix, jeûne, etc.) réalisée en vue de la délivrance des âmes du purgatoire, permettra d’obtenir l’indulgence plénière deux fois si l’on reçoit la sainte communion deux fois le même jour.
Comment savoir si on a reçu une indulgence ?
C’est simple : on ne le sait pas ! "Nous pouvons espérer gagner une indulgence, mais nous ne saurons pas si c’est le cas. De la même manière, nous ne pourrons jamais savoir si un défunt de notre famille est en enfer, au purgatoire ou au ciel, mais il faut malgré tout prier pour nos morts et toutes les âmes en état de purgation", explique l’abbé Spriet. "Seul le Seigneur sait ce qu’Il accorde. Lui seul est juge de nos cœurs".