Après deux ans de travaux, et un vote unanime du Conseil supérieur de l’éducation le 30 janvier dernier, le programme d’éducation à la vie affective, relationnelle, et à la sexualité (EVARS) a été publié ce jeudi 6 février au Bulletin officiel de l'Éducation nationale. Dès la rentrée de septembre 2025, ce programme devra donc être appliqué, de la maternelle au lycée, afin d’apporter aux élèves une information sur la sexualité. Cette éducation est une "démarche progressive, adaptée à l’âge et la maturité des enfants", indique le ministère, et les questions de sexualité ne seront abordées qu’à partir du collège. En maternelle, les enfants apprendront à mieux connaître leur corps et leur intimité, avec la notion de consentement. En primaire, différents types de familles seront présentés ainsi que les mots ou les gestes considérés comme déplacés ou abusifs. Puis en CM1 et CM2, les principaux changements liés à la puberté et le harcèlement. C’est au collège que la notion de sexualité sera abordée, notamment celle du genre à partir de la cinquième. Enfin, au lycée, le programme invitera "au développement de connaissances plus précises ainsi qu’à l’approfondissement de la capacité de questionnement des élèves".
Des parents non-informés
Lors des discussions sur le texte fin janvier, le retrait d’un amendement demandant l’information des parents sur ces séances a suscité pas mal de remous. C’est désormais officiel, les parents seront informés en début d’année de la mise en place de ces séances, mais ils n’auront pas d'informations par la suite sur le jour et le contenu de ces trois séances, "tout comme les parents ne savent pas le jour où sera abordé le théorème de Thalès, puisqu’il s’agit d’un enseignement obligatoire", a indiqué le ministère de l’Éducation Nationale.
Cette demande de non-information des parents a été formulée sous la pression de plusieurs syndicats enseignants, notamment le Snes-FSU, qui s’inquiétaient que certains parents n’envoient pas leur enfant à l’école ces jours-là. Ce à quoi s'opposent l’Enseignement catholique et l’Association des parents d’élèves de l’enseignement libre (APEL) qui déplorent que ce programme prenne "le parti de se substituer à la responsabilité éducative des parents". Alors que le code de l’Éducation reconnaît que "l’État garantit le respect de l’action éducative des familles" (L111-2), a rappelé plusieurs fois Philippe Delorme, le secrétaire général de l'Enseignement catholique.
Qui assurera les séances ?
Côté parents, l’annonce de cette mise en place du programme dès la rentrée prochaine a provoqué des interrogations, notamment sur les réseaux sociaux. Et comme il reste encore des incertitudes sur son application et son contenu, certains s'inquiètent légitimement. Notamment avec cette première question, qui assurera les séances ? En maternelle et en primaire, ce sont les enseignants qui seront chargés de ces séances, six heures au total tout de même, à intégrer dans le programme de l'année. "Nous avons déjà un programme chargé, comment allons-nous trouver ces six heures en plus ?", se demande ainsi une institutrice.
Au collège, ce pourra être soit des professeurs, dans le cadre de leurs cours (par exemple en cours de SVT), soit des infirmiers, des médecins scolaires ou encore des associations agréées. Là encore, comment savoir ? Chaque établissement est ainsi chargé de réfléchir, en interne, à la mise en application de ce programme. Aux parents de faire confiance aux établissements qu'ils ont choisi pour leurs enfants… "On nous dit qu'on ne peut pas connaître la date des séances, ni leur contenu, alors comment pourrons-nous en parler en amont à nos enfants ?", s'inquiète ainsi un père de famille. "Il y a deux choses à faire absolument : se former et essayer de préserver nos enfants de l'idéologie qui sous tend ce programme. À nous parents, de parler sexualité avec nos enfants sans pudibonderie et il faut le faire si possible pas trop tard", lui répond une mère de famille sur un forum Facebook où plusieurs parents ont partagé leurs inquiétudes.
Les livrets pas encore finalisés
Si aucune formation spécifique des professeurs n’est prévue, tous auront accès à un livret pour accompagner leur séance, mais ce livret n'est "pas encore finalisé". Aussi, difficile de se faire un avis concrètement sur la mise en application de ce programme. Tout dépendra de l'établissement, et des professeurs. Si tout le monde s'accorde sur l'importance d'apporter des informations aux enfants sur l’éducation affective, relationnelle et sexuelle, avec les notions du respect du corps et de l’intimité, la maîtrise de ses pulsions, la notion de consentement et l’égalité entre filles et garçons, reste à savoir comment cela sera traduit dans les faits et par qui cela sera enseigné.
"Impliquez-vous dans l'association des parents d'élèves et mobilisez d'autres parents qui pensent pareil pour pouvoir faire intervenir des associations telles que Com je t'aime, le Cler, Teenstar ou autres", conseille une maman. Aux parents d’être vigilants, dès la rentrée prochaine, pour demander à l’établissement ce qui a été prévu. "En restant actifs, et présents dans la scolarité de nos enfants, nous restons les premiers éducateurs", conclut un père de famille impliqué.