separateurCreated with Sketch.

Par le toucher, honorer la vie jusqu’au dernier souffle

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Madeleine de Gaudemont - publié le 22/01/25
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Psychomotricienne en Ehpad, Madeleine de Gaudemont fait régulièrement l’expérience du toucher thérapeuthique, un langage puissant capable d’apaiser le corps et d’honorer l’âme.

Que reste-t-il quand les mots ne suffisent plus ? Que pouvons-nous offrir à ceux qui partent sinon la chaleur d’un geste empli de respect et de foi ? Il y demeure la puissance d’un geste : celui qui apaise, réconforte et s’élève au-delà du visible pour toucher le mystère de la vie. En fin de vie, le toucher thérapeutique devient un langage puissant, capable d’apaiser le corps et d’honorer l’âme. À l’heure du dernier souffle, chaque geste posé sur le corps est une manière d’honorer une histoire, d’apaiser ce passage vers la vie éternelle et d’offrir une prière silencieuse.

Toucher, c’est rencontrer l’autre. Un langage universel, l’un des premiers que nous expérimentons dès la naissance, et qui reste un besoin essentiel jusqu’à la fin de la vie. Car le toucher dépasse les mots, notamment en fin de vie, où les mots peuvent devenir impossibles ou difficiles. Il devient alors un puissant outil pour communiquer et apporter du réconfort. Lors des derniers instants, le toucher honore la dignité de la personne et signifie : "Je suis là, vous n’êtes pas seul." Le toucher thérapeutique ne se limite pas à soulager des douleurs ou des tensions physiques. Il permet également de calmer l’angoisse, d’accompagner le lâcher-prise et d’apporter une paix profonde qui touche à l’être tout entier.

Le toucher est un besoin fondamental : celui d’être reconnu, aimé et accompagné. Il apporte douceur et respect, essentiels pour traverser cette étape intime et délicate. En psychomotricité, cette approche globale de la personne respecte le caractère non-intrusif du toucher tout en étant porteur de bienveillance. Dans ces moments où la solitude et l’isolement peuvent être une source de souffrance, le toucher devient une marque d’attention, de reconnaissance, et un geste qui dit : "Vous comptez encore." Il établit une connexion humaine, bienveillante et respectueuse, essentielle pour traverser cette étape de la vie. Durant ces tout derniers instants, le toucher peut également devenir une prière silencieuse, transcendant la simple dimension thérapeutique.

La dimension spirituelle du toucher

Dans la religion catholique, le corps est considéré comme le temple de l’Esprit Saint. Par le toucher, on honore la dignité de la personne, même dans la vulnérabilité de la fin de vie. Le corps est ce sanctuaire fragile, un lieu où l’âme se prépare doucement au passage vers l’éternité. Le toucher, dans cette dimension sacrée, devient un moyen puissant d’accompagner ce passage, en honorant la dignité de la personne dans son ultime vulnérabilité. Chaque geste, empreint de respect et de bienveillance, transcende le simple soin physique pour se transformer en un acte profondément spirituel.

Le toucher ne se limite pas à une action mécanique ; il devient une rencontre entre le visible et l’invisible. Par le geste, on apaise le corps, mais on offre aussi une dimension céleste, une préparation au départ. Ce que l’on touche devient un instrument d’apaisement, de soulagement, mais également une aide pour la compréhension du passage vers la vie éternelle. Le geste fait écho à cette parole de Jésus : "Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde" (Mt 28, 20). Chaque geste, même le plus simple, est un témoignage de cette présence divine, apportant réconfort et guérison. Chaque mouvement devient alors un symbole, un pont entre les dimensions terrestre et céleste.

Le toucher dépasse les mots, notamment en fin de vie, où les mots peuvent devenir impossibles ou difficiles. Il devient alors un puissant outil pour communiquer et apporter du réconfort.

Masser les mains, les bras, les épaules ou les pieds, par exemple, apaise le corps dans sa globalité. Ces gestes sont empreints de signification profonde, et ce n’est pas un hasard si l’onction, un geste symbolique d’union et de soin, fait partie des sacrements pour accompagner les malades. L’huile utilisée lors de ces gestes peut être vue comme un lien avec l’onction sacrée, apportant réconfort et préparation au départ ultime. Dans la Bible, l’onction est souvent associée au Saint-Esprit qui purifie et guérit : "Est-ce qu’il y a parmi vous des malades ? Qu’ils appellent les anciens de l’Église, qu’ils prient pour eux et qu’ils les oignent d’huile au nom du Seigneur." (Jacques 5, 14).

Le toucher devient alors porteur d’une symbolique puissante. L’utilisation d’huiles, d’une manière douce et respectueuse, peut évoquer l’onction, une étape rituelle chrétienne d’accompagnement spirituel dans la fin de vie. Dans ces gestes, il y a une invitation à transcender la douleur et la séparation, pour offrir un dernier rite de passage empreint de sacré et d’amour. Par le toucher, l’aidant devient un témoin du mystère de la vie, participant à l’accompagnement d’une personne vers l’éternité avec respect et dignité.

Prière et toucher

Dans l’Évangile, Jésus montre l’importance du toucher dans l’accompagnement des malades et des mourants. Il guérissait par son toucher, comme lorsqu’il touche le malheureux lépreux : "Il toucha sa main, et la lèpre le quitta immédiatement." (Mt 8, 3). Ce geste de compassion, de guérison et d’amour dépasse le simple soin physique pour devenir un acte sacré de connexion profonde. En tant que psychomotricienne, mon toucher devient alors un moyen par lequel le Christ peut passer pour offrir amour, paix et réconfort à travers des gestes empreints de bienveillance.

Cuidados Paliativos

La fin de vie est un moment empreint de mystère et de sacré. Chaque instant devient sacré, marqué par une présence divine où l’âme s’apprête à rejoindre l’éternité. Dans ces moments, le toucher prend une signification spirituelle profonde. Il devient un symbole du respect, de la sérénité et de l’accompagnement dans la dignité. Comme il est dit dans les Écritures : "Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait" (Mt 25, 40), soulignant ainsi l’importance de chaque acte posé avec amour et respect, même dans les moments les plus fragiles de la vie.

En fin de vie, le toucher peut se transformer en une prière silencieuse. Dans la foi catholique, le silence dans la prière permet une union intime avec Dieu, un moment d’alliance profonde. Le toucher devient une forme incarnée de cette prière, un acte silencieux où l’on communie avec l’autre sans mots, mais avec tout son être.

Points de vigilance

Cependant, cette approche soulève des questions éthiques importantes qui méritent d’être abordées. Tout d’abord, le respect de la personne doit être au centre de tout accompagnement, notamment en tenant compte de ses croyances religieuses et de ses habitudes personnelles. Chaque individu a des pratiques traditionnelles ou sacrées qui lui sont propres, et il est essentiel de les intégrer avec sensibilité et bienveillance. Respecter ces aspects permet de garantir une relation harmonieuse et significative entre l’aidant et la personne accompagnée.

Par le toucher, l’aidant devient un témoin du mystère de la vie, participant à l’accompagnement d’une personne vers l’éternité avec respect et dignité.

La question du consentement constitue également un point central. Le toucher, bien que porteur de réconfort, doit être introduit avec une grande délicatesse. Il est crucial d’établir un dialogue ouvert et attentif, d’écouter les souhaits et les ressentis de chaque individu pour s’assurer que chaque geste soit accepté et vécu comme bienveillant. Le consentement devient une priorité pour instaurer une relation empreinte de confiance et de respect mutuel.

Enfin, l’écoute occupe une place primordiale dans l’accompagnement en fin de vie. L’écoute active permet de comprendre les besoins, les attentes et les émotions profondes des personnes accompagnées. Elle favorise un espace d’expression où leurs souhaits et croyances peuvent être entendus et respectés. L’écoute devient alors un pont entre le soin et la spiritualité, guidant les gestes et les interactions dans une démarche respectueuse et attentive.

Ainsi, ce délicat équilibre entre soin, spiritualité et éthique invite à une réflexion continue sur la manière dont nous accompagnons les personnes dans leurs derniers moments, en alliant respect, compassion et spiritualité. Dans ce mystère qu’est la fin de vie, nos mains peuvent devenir des instruments d’amour et de foi, témoins silencieux de la dignité de chaque être humain. À travers elles, que nous soyons croyants ou simplement humains, c’est le langage universel de la compassion qui s’exprime.

Des citations des saints sur la beauté de la vie :

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)