Prêtre ou religieux, un métier – ou plutôt une vocation – à haut risque ? C’est en tout cas ce que laissent entendre les derniers chiffres diffusés par l’Aide à l’Église en détresse. En 2024, elle a comptabilisé 13 meurtres, 38 enlèvements et 71 arrestations de prêtres ou religieux. Des chiffres supérieurs à ceux de 2023. Haïti est tristement en tête de la liste des enlèvements à la suite de l’effondrement général de la sécurité nationale, avec 18 prêtres et religieux enlevés en 2024 (en 2023, il y en avait deux). Le Nigeria reste l’un des pays les plus dangereux pour les prêtres et les religieux, mais la situation s’est nettement améliorée, avec 12 enlèvements signalés en 2024, un chiffre inférieur à celui de 2023.
En 2024, 13 prêtres ont ainsi été tués. Aux États-Unis, le père Robert Hoeffner a été tué chez lui, avec sa sœur, par un jeune homme qui a volé la voiture du prêtre et a ensuite tué son propre grand-père et un policier. Dans le même pays, le père Larry Johnson est mort des mains d’un homme qui prétendait avoir subi une attaque psychotique, entendant des voix qui lui disaient de tuer le prêtre pour "sauver l’humanité". Deux prêtres ont été tués en Afrique du Sud en un peu plus d’un mois : le père William Banda, originaire de Zambie, qui a été tué par un homme qui l’attendait dans son église, l’a accompagné à la sacristie où il l’a abattu, et le père Paul Tatu Mothobi, qui a été tué après avoir été témoin d’un meurtre. Le tueur a forcé le père Paul à monter dans une voiture et lui a tiré une balle dans la tête, apparemment pour s’assurer qu’il n’y ait pas de témoins.
Le don ultime de sa vie
En Espagne, un prêtre a également été assassiné en 2024. Le franciscain Juan Antonio Llorente Espín a été tué par un homme qui s’était introduit dans le monastère en criant qu’il voulait tuer tous les prêtres et qui en a blessé plusieurs avant de s’enfuir. Un crime similaire a eu lieu en Pologne, où le père Lech Lachowicz a été brutalement battu par un homme qui s’était présenté au presbytère. Le prêtre a succombé à ses blessures à l’hôpital. Le père Christophe Badjogou Komla, originaire du Togo mais servant au Cameroun, a été abattu lors d’une tentative de vol, tandis que le père Fabián Enrique Arcos Sevilla, originaire de l’Équateur a été retrouvé assassiné avec des signes d’une violence extrême près d’un conteneur de déchets, dans des circonstances qui n’ont pas encore été élucidées. Le père Ramón Arturo Montejo Peinado a également été brutalement assassiné lors d’une tentative de vol de sa voiture en Colombie.
Au Mexique, où un grand nombre de prêtres ont été assassinés ces dernières années, le père Marcelo Pérez a été tué par des membres présumés de gangs dans ce qui semble avoir été une tentative de faire taire son activisme en faveur des droits des populations autochtones. Le père Josiah K’Okal, originaire du Kenya, servait au Venezuela où il a été retrouvé mort. Bien que considéré officiellement comme un suicide, ses amis et collègues pensent qu’il a été victime d’un meurtre en raison de ses activités de défense des populations autochtones contre les gangs criminels. Le père Luke Yugue, du Soudan du Sud, a été tué dans le cadre d’un conflit entre tribus alors qu’il tentait de servir de médiateur entre les parties. Enfin, à la fin de l’année, le père Tobias Onkonkwo, du Nigeria, a été abattu par des inconnus alors qu’il circulait sur une voie rapide. Une triste litanie de noms qui témoigne de l’engagement total de celles et ceux qui ont choisi de mettre leurs pas dans ceux du Christ et de témoigner de Son amour infini jusqu’au don ultime de leur vie.