separateurCreated with Sketch.

Vendée Globe : perles de vie de skippers au fil de l’eau

VENDEE-GLOBE-CHARLIE-DALIN-AFP

Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance) a remporté le 14 janvier le Vendée Globe 2024-25.

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Agnès Pinard Legry - publié le 14/01/25
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Alors que le premier navigateur du Vendée Globe 2024, Charlie Dalin, est arrivé en vainqueur ce 14 janvier aux Sables-d’Olonne, les autres skippers continuent leur course. Entre des conditions en mer incertaines, des avaries ou encore la solitude, plusieurs d’entre eux partagent sur les réseaux sociaux leurs réflexions. De la résilience au temps présent en passant par la joie, petites leçons de vie de navigateurs aguerris.

Alors que Charlie Dalin (Macif) a remporté ce 14 janvier le 10e Vendée Globe aux Sables-d’Olonne en seulement 64 jours, 19h et 22 minutes, les autres skippers poursuivent encore leur "Everest des mers". Une aventure humaine et sportive où les navigateurs se retrouvent seuls dans un environnement parfois hostile et dans laquelle chaque geste compte. Face à l’immensité de la mer, maître de leur navire, certains skippers ont aussi choisi de prendre la plume entre deux manœuvres et un temps de sommeil réparateur afin de partager avec leur communauté ce qu’ils ressentent, ce qu’ils vivent.

Alors qu’il se trouvait en 20e position le 12 janvier, Benjamin Ferré écrit : "Je dois bien vous l’avouer, pour la première fois depuis le début de ce tour du monde, je m’excuse presque de la concéder mais… je suis épuisé." Une fatigue qu’il explique par "l’enchaînement des événements entre l’évitement des icebergs, la zone des glaces à surveiller comme le lait sur le feu, l’exaltation et l’adrénaline du Cap Horn immédiatement suivies de la gestion de cette vaste tempête issue de la Cordillère, ajouté à 200 litres d’eau dans le tunnel arrière." Et pourtant, il l’assure sans ambages : "Je suis heureux". "Heureux car le bonheur n’a pas de gardien plus précieux que l’instant présent." Accepter le passé sans le refaire, ne pas anticiper le futur mais se concentrer uniquement sur le présent, le seul que l’on peut contrôler. Une forme de sagesse qu’il est bon également de se rappeler de temps en temps une fois le pied mis à terre.

Tout au long de sa traversée – où devrait-on dire Odyssée ? – Clarisse Crémer a elle aussi choisi de partager ses réflexions sur les réseaux sociaux. En voici sur la joie. Ou plutôt l’importance de partager la joie. "Dans la vie, si vraiment on a envie de se plaindre, on peut toujours trouver une raison. Sur le Vendée Globe, cet adage n’en est que plus vrai. Pas besoin de chercher bien loin pour trouver quelque chose qui cloche", explique-t-elle. "La fatigue, les problèmes techniques, la météo, il y en a toujours un pour vous contenter sur la voie de la complainte. Et, par-dessus le marché, ce sont souvent ces trois sujets qui font le sel de nos péripéties." Mais qu’à cela ne tienne, c’est sur une incroyable nuit étoilée, la première depuis la descente de l’Atlantique, qu’elle a décidé de s’arrêter. "Loin d’être une astronome, je me contente de me perdre dans l’infiniment loin et j’en perds toute notion d’espace. Je me sens toute petite et si bien sur mon bateau." Et Clarisse Cremer de reprendre : "Des moments comme ça, dans des circonstances souvent bien différentes, il y en a eu des centaines. Mais ils sont souvent fugaces, intimes et ainsi difficile à exprimer. Mais ils sont bien là je vous le promets."

Il y a une chose que la mer distille à l’âme de manière immuable, c’est son implacable authenticité.

Quatrième provisoire du Vendée Globe, à 1.328 milles nautiques de la tête de course, Thomas Ruyant (Vulnerable) a été victime d'une lourde avarie sur sa voile principale, jeudi 2 janvier. Alors qu'il naviguait au large de Montevideo (Uruguay), le Dunkerquois a soudainement dû faire face à un vent violent atteignant les 60 nœuds (plus de 110 km/h) "pendant deux heures". Une rafale qui a couché son bateau et réduit en lambeaux sa J2, une voile d'avant très importante. D’abord ému aux larmes devant sa voile déchirée et inutilisable, le vainqueur de la Route du Rhum en 2022 a choisi de ne rien lâcher. "La situation aujourd’hui pour moi n’est pas gaie. Mais c’est ma réalité", écrit-il. "Je ne lâcherai rien, mais cela ne sera pas suffisant, je le sais. Mon seul mot d’ordre maintenant c’est : résilience !".

Mais la mer c’est aussi l’expérience du dépouillement entier. Du dépouillement tout entier. "Il y a une chose que la mer distille à l’âme de manière immuable, c’est son implacable authenticité", partageait encore à Noël Benjamin Ferré. "En mer on ne peut ni tricher, ni mentir. La mer vous attire vers la plus pure authenticité du cœur, avec ce qu’il héberge de plus exaltant et délicieux, et ce qu’il camoufle de plus abject et détestable." D’autres navigateurs comme Violette Dorange, 23 ans, la plus jeune participante du Vendée Globe, ont préféré les courtes vidéos et stories pour partager quelques tranches de vie à bord de son navire. Chacun à leur manière et avec leur style permet à des centaines de milliers d’internautes de toucher du doigt ce à quoi peut ressembler la vie lors du Vendée Globe, incroyable tour du monde à la voile en solitaire, sans escale et sans assistance. Des femmes et des hommes de la trempe de celles et ceux à qui Lamartine pensait peut-être en écrivant : "Il n’y a pas d’homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé, qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie."

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)