Le vin est cité plus de 200 fois dans la Bible, signe de son omniprésence dans les temps anciens. Il fait son apparition dès le Livre de la Genèse et c’est sans modération qu’il est bien à tort consommé par Noé, considéré comme le premier vigneron à qui il fut donné de planter des vignes selon l’injonction divine : "Noé, homme de la terre, fut le premier à planter la vigne. Il en but le vin, s’enivra et se retrouva nu au milieu de sa tente" (Gn 9,20-21). Cette démesure que les Grecs qualifieront d’hubris se trouve condamnée par les Saintes Écritures et ce sont les trois fils de Noé qui rétabliront le trouble causé par leur père : "Sem et Japhet prirent le manteau, le placèrent sur leurs épaules à tous deux et, marchant à reculons, ils en couvrirent leur père qui était nu. Comme leurs visages étaient détournés, ils ne virent pas la nudité de leur père".
L’ivresse de Noé offrira un thème fertile aux artistes, Michel-Ange l’ayant représentée avec maestria sur la célèbre voûte de la Chapelle Sixtine au Vatican. Ainsi, c’est aussi à la modération à laquelle invite le Livre du Siracide (également nommé l’Ecclésiaste) de l’Ancien Testament à plusieurs reprises : "Avec le vin ne fais pas le brave, car le vin en a perdu beaucoup" ou "Pour les hommes, le vin, c’est la vie, tant qu’on le boit avec modération. Qu’est-ce qu’une vie où manque le vin ? "Il a été créé pour la joie de l’homme", peut-on lire encore au Live d’Ézéchiel (Ec 31,25 et 27) ; nous rappelant par là même que nos slogans n’ont rien inventé !
Un signe d’abondance
Le vin s’invite cependant aussi lors des nombreux sacrifices fixés par la loi de Moïse au livre de l’Exode : "Avec le premier agneau, tu mettras dix livres de fleur de farine, pétrie dans un quart de setier d’huile vierge ; et, de plus, une libation d’un quart de setier de vin" (Ex 29,40). À l’inverse, tout manquement du peuple d’Israël à ces prescriptions sera puni par l’absence de vin ou de mauvaises récoltes.
Parallèlement, le vin comptera aussi très tôt parmi les signes de l’abondance divine promise aux hommes qui se soumettent à Dieu ainsi que le souligne le Livre de Deutéronome fixant les commandements à respecter : "Je donnerai à votre pays la pluie en son temps, pluie d’automne et pluie de printemps, et tu récolteras ton froment, ton vin nouveau et ton huile fraîche" (Dt 11,14). Le vin, avec le pain, constitue la base de l’alimentation dans les temps bibliques et le fruit de la vigne préparé par les soins des vignerons se doit de figurer dans les repas de fête comme au quotidien.
Les noces de Cana
L’un des signes les plus manifestes de l’abondance du vin dans le monde biblique réside certainement dans l’épisode bien connu des Noces de Cana. L’évangile selon saint Jean rappelle ces évènements lorsque Jésus avait été invité à des noces à Cana en Galilée avec sa mère et ses disciples. Alors que la fête battait son plein, le vin vint cependant à manquer, pire affront en ces temps qui pouvait arriver aux jeunes mariés et à leur famille… Marie se tourna vers Jésus, espérant une issue. C’est alors que Jésus ordonna que six jarres de pierre pour les purifications rituelles soient remplies d’eau. Et quelle ne fut pas la surprise des témoins présents lorsque ce breuvage fut apporté au maître du repas qui ne connaissait pas sa provenance : "Alors le maître du repas appelle le marié et lui dit : "Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant." (Jn 2,9-10). L’eau transformée en vin à Cana – le troisième jour précise la Bible - constitua le premier miracle de Jésus et anticipe le vin de la Cène et l’institution de l’Eucharistie…