Le 6 octobre 1979, un événement sans précédent s’est produit aux États-Unis : pour la première fois de l'histoire, un Pape a posé le pied à la Maison Blanche. Ce pape n'était autre que Jean-Paul II, qui effectuait sa première visite sur le sol américain. À son arrivée, un accueil particulièrement chaleureux lui a été réservé par un président également marqué par sa foi chrétienne : Jimmy Carter.
Cette rencontre entre ces deux hommes n'était pas simplement une affaire diplomatique, c’était un acte de fraternité, un moment de rencontre entre deux hommes de foi. En ce jour mémorable, Jimmy Carter a reçu Jean-Paul II en polonais, sa langue maternelle : "Niech bedzie bog Pochwalony" (Que Dieu soit loué). En réponse, le Pape a exprimé sa joie d'être le premier pontife à visiter la capitale américaine, remerciant Dieu pour cette bénédiction. Comme l'a noté Time Magazine à l’époque, c'était "un événement qui aurait été inconcevable dans la politique américaine il y a seulement deux décennies". En effet, si en 1919, Woodrow Wilson et le pape Benoît XV avaient été les premiers président en fonction et Pape à se rencontrer, et en 1965, le pape Paul VI avait également rencontré le président Lyndon Johnson dans un hôtel de New York pendant la guerre du Vietnam, aucun pape n’avait jamais été accueilli à la Maison Blanche.
Une foi commune et l’envie de servir la paix
Bien que marquée par les protocoles diplomatiques, la rencontre entre Jimmy Carter et Jean-Paul II a pris une tournure plus personnelle lorsqu'ils ont parlé de leur foi commune, de l'importance de la paix, de la dignité humaine et des droits de l’homme. Les deux hommes ont partagé un moment de communion spirituelle.
Le 39e président des États-Unis, qui a exercé ses fonctions de 1977 à 1981, a exprimé son admiration au pape, soulignant l’importance de l’amour et de la fraternité dans un monde en proie aux conflits : "En tant qu'êtres humains agissant chacun pour la justice dans le présent — et luttant ensemble pour un avenir commun de paix et d'amour — ne tardons pas à nous rencontrer à nouveau, pour nous-mêmes et pour vous. Bienvenue dans notre pays, notre nouvel ami." Après avoir mentionné la tradition constitutionnelle américaine de séparation de l'Église et de l'État, il a aussi déclaré à Jean-Paul II : "Vous êtes parmi nous en tant que champion de la dignité et de la décence de chaque être humain, et comme un pèlerin pour la paix entre les nations. Vous nous avez offert votre amour, et en tant qu'individus, nous en sommes réconfortés. Vous pouvez être sûr, pape Jean-Paul, que le peuple américain vous rend son amour."
En entendant ces éloges, le pape a exprimé son désir de voir cette rencontre servir la cause de la paix mondiale et de la défense des droits humains. Il a terminé son discours par un vibrant : "Que Dieu bénisse l'Amérique !" Une parole qui a été accueillie par une standing ovation des 6 000 invités présents. L’année suivante, Jimmy Carter a visité le pape Jean-Paul II au Vatican, le 24 juin 1980. Lors de sa visite en Italie, il s'est également rendu dans un monastère vénitien pour un court temps de prière, car il n'était pas seulement un homme d’État, mais aussi un homme de foi, la foi qui n’a jamais cessé de le guider dans sa présidence et ses actions.
Une vie de foi et de service
Chrétien baptiste, Jimmy Carter a toujours affirmé que sa foi évangélique nourrissait son engagement pour la justice sociale, ses initiatives en faveur des droits civils, et sa volonté de résoudre pacifiquement les conflits mondiaux. L'un des moments marquants de son mandat a été la signature du traité de paix entre Israël et l’Égypte, les accords de Camp David, en 1978. Ce succès diplomatique, salué par la communauté internationale, a été le fruit d'une volonté sincère de rechercher la paix, un principe chrétien fondamental. Le prix Nobel de la paix, qu'il a reçu en 2002, a consacré une vie de travail acharné pour la paix et la dignité humaine. Le comité Nobel a souligné ses "décennies d’efforts inlassables pour trouver des solutions pacifiques aux conflits internationaux, pour faire progresser la démocratie et les droits de l’homme, et pour promouvoir le développement économique et social".
Mais plus encore que ses réalisations politiques, c’est son engagement auprès des plus vulnérables qui définissait Jimmy Carter. À travers sa fondation, il a œuvré pour la lutte contre la pauvreté, pour l’amélioration des conditions de vie des populations les plus démunies et pour l’accès à des soins de santé de qualité dans les régions les plus pauvres du monde. Après avoir quitté la Maison Blanche, il a continué de témoigner de sa foi en enseignant un cours de catéchisme aux enfants de son église baptiste Maranatha de sa ville natale de Plains, en Géorgie, pendant près de quatre décennies. C’est avec cette même foi qu’il est décédé le 29 décembre 2024, à l’âge de 100 ans, à son domicile de Plains, entouré de sa famille et de l’amour de ceux qu’il avait touchés tout au long de son existence.