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Après l'échec de la COP 16 sur la diversité biologique qui se tenait à Cali le mois dernier où les négociateurs étaient partis avant la fin, on s'attendait au pire pour la COP 29 sur le changement climatique qui s'est achevée le 24 novembre à Bakou, dans un pays, l'Azerbaïdjan, non seulement peu démocratique mais également peu ouvert, c'est le moins que l'on puisse dire, à la transition écologique. Finalement, à l'issue de douze jours de discussions et de quelques prolongations, le résultat n'est pas catastrophique, même si les ONG écologistes, peu enclines à la nuance, n'hésitent pas à parler de fiasco, de même que certains pays pauvres, le négociateur du Panama évoquant pour sa part "un crachat au visage des nations vulnérables".
Le mécontentement des pays pauvres
En cause, l'aide financière apportée par les pays riches pour aider ceux en développement à effectuer leur transition écologique et énergétique. Cela concerne 23 pays développés et l'Union européenne, considérés comme responsables historiques du changement climatique qui vont accorder, suite à l'accord conclu à Bakou, 300 milliards de dollars par an d'ici 2035. Cette somme devra être apportée par des fonds publics complétés par des investissements privés et des sources alternatives, à savoir des taxes mondiales, comme par exemple sur les transports aériens et maritimes, souvent évoqués mais jamais mis en place à ce jour. C'est tout de même un effort important si l'on se souvient que la COP 15 de Copenhague avait arrêté l’attribution de 100 milliards de dollars par entre 2020 et 2025. Le mécontentement des pays pauvres vient du fait qu'il espéraient deux fois plus.
À dire vrai, une somme plus importante aurait pu être consacrée à cette action si d'autres pays devenus riches avaient, eux aussi, décidé d'apporter leur contribution, comme la Chine, Singapour ou les États du Golfe. Mais bien que désormais la deuxième puissance économique du monde, la Chine, dans une telle circonstance, s'estime appartenir encore aux pays non développés. Pour eux, l'accord se contente de les inviter à apporter une contribution volontaire.
Rien sur la sortie des énergies fossiles
Les pays pauvres ont souhaité, un moment, bloquer l'accord. Emmenés par les 45 États les plus pauvres, notamment africains, ainsi que l'association des petits États insulaires les plus menacés par le réchauffement climatique, ils ont finalement renoncé, les autres pays en développement, africains et sud-américains, n'étant pas prêts à les suivre, dans la mesure où les premiers demandaient une aide financière qui leur soit réservée.
L'autre motif d'insatisfaction est l'absence totale de mention sur la sortie des énergies fossiles. Il s'agit là d'un retour en arrière puisque cet objectif avait été le grand acquis de la COP 28 tenue l'an dernier à Dubaï. En fait, il faut se contenter des mentions faites ici ou là sur cet accord pour estimer que cette disposition n'a pas complètement disparu. Néanmoins, le suivi annuel souhaité par les pays européens pour apprécier les efforts de réduction dans l'utilisation du pétrole, du gaz et du charbon n'aura pas lieu. Sans doute ne faut-il pas s'en étonner à l'issue d'une conférence tenu dans un État, certes peu contributeur du réchauffement climatique, mais gros exportateur d'énergies fossiles.
L’Europe critiquée
De fait, les nations européennes ont de quoi rentrer chagrinées de leur séjour azerbaïdjanais. Elles ne sont guère écoutées alors qu'elles fournissent, en proportion, le plus gros effort pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et qu'elles apportent la plus large contribution pour financer la transition écologique des autres. Et, cerise sur le gâteau, elles sont critiquées, non seulement pour la pollution générée au temps de leur développement mais aussi pour leur histoire coloniale.
Sur ce point, la France a été plus spécialement visée, dès le début de la conférence, pour sa politique en Nouvelle-Calédonie au point que ni Emmanuel Macron, ni Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, énergétique et du climat n'ont fait le déplacement à Bakou. Voilà bien un climat qu'on aimerait voir se réchauffer !