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J-14 : Jean-Pierre Cartier, cet inconnu qui sera aux premières loges à Notre-Dame

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Jean-Pierre Cartier (à droite) lors d'une procession d'entrée à Notre-Dame de Paris, avant l'incendie de 2019.

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Valdemar de Vaux - publié le 23/11/24
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Pour la réouverture de Notre-Dame de Paris, l’attention de tous se porte sur le président de la République ou l’archevêque de Paris, voire le recteur de la cathédrale. Aleteia a rencontré un homme bien plus discret, qui connaît la cathédrale mieux que personne et qui sera au cœur des cérémonies de décembre : Jean-Pierre Cartier. Portrait.

Une "rencontre". Voilà comment Jean-Pierre Cartier parle de sa découverte de Notre-Dame de Paris, dans des "circonstances banales" même si la suite ne l’est pas. L’homme évoque alors pudiquement la vie de la cathédrale dans les années 1970. Tous les dimanches soir, Pierre Cochereau, emblématique organiste, fait une audition au grand-orgue, "la cathédrale était pleine" pour ce "rendez-vous des étudiants" de la capitale. Par souci d’évangélisation, les jeunes gens sont même installés sur le tapis qui recouvre les marches du chœur, face à l’instrument. Et, dès que le concert se termine, ce sont l’orgue de chœur et la chorale du père Revert, fameux maître de chapelle, qui reprennent pour débuter la messe sans procession. Une façon d’inviter tout le monde à rester pour l’eucharistie.

L’étudiant en histoire, qui n’est "pas un chrétien très fervent", se prend au jeu. Attiré d’abord par la beauté de l’édifice et celle de la musique sacrée, "des chants que l’on entendait nulle part ailleurs à l’époque", il devient peu à peu un habitué de Notre-Dame. Naît une "amitié avec le lieu"qui ne s’est jamais démentie, et qui dure depuis plus de quarante-quatre ans. Aujourd’hui, Jean-Pierre Cartier parle d’une grâce, "un pressentiment formalisé plus tard". Quelque temps plus tard, vers 1980, la relation avec la cathédrale devient plus concrète. Un jour, dans la procession de sortie, un prêtre lui propose de servir la liturgie. "Je ne connaissais rien", s’amuse celui qui s’accorde avec le recteur de l’époque, Émile Berrar, dès la semaine suivante. Il est cependant loin d’imaginer la suite.

Des fiches pour chaque célébration

Pour les cérémonies de la réouverture, en décembre prochain, Jean-Pierre Cartier sera effectivement dans Notre-Dame comme… cérémoniaire, toujours au service de la liturgie donc. Une fonction qu’il occupe bénévolement depuis le milieu des années 1980 et le rectorat du père Perrier, parti plus tard à l’évêché de Tarbes et Lourdes. Marty, Lustiger, Vingt-Trois, Aupetit, Ulrich : les archevêques passent, lui demeure. Chacun a "accepté" son aide, devenue indispensable. L’expérience, "quelque chose qu’il faut avoir car la liturgie s’apprend en la vivant" dit-il, fait beaucoup. Quelques livres aussi. Le goût de la "proximité avec l’autel et de l’organisation". Avant chaque célébration, il prépare des fiches et les grands clercs, répète les mouvements. Pendant, Jean-Pierre Cartier a le "souci de l’efficacité, qui empêche d’être abîmé en prière", mais permet aux célébrants de l’être et de ne pas se préoccuper des choses matérielles. Pour lui, prier se fait dans l’action et en dehors de la liturgie.

Une trentaine de grands clercs l’appuieront pour l’octave de réouverture. Des anciens qui ont déjà œuvré à Notre-Dame, mais en minorité. D’autres qui ont appris "l’esprit du service liturgique de la cathédrale" à Saint-Germain l’Auxerrois où s’est perpétuée la transmission. D’autres, encore, totalement nouveaux. Jean-Pierre Cartier a déjà réuni tout le monde pour commencer les répétitions, même si la chose est ardue puisque le chœur ne leur est pas encore accessible. "Des répétitions sur le papier" qui sont source d’"appréhension" pour le cérémoniaire qui a pourtant de l’expérience. "La grande différence, dans le chœur, c’est la cathèdre. Avant, les archevêques présidaient devant l’autel. Cela va changer tous les gestes", explique-t-il. 

L'ami de Notre-Dame

"Des petits incidents ? Il y en a toujours", se rassure pourtant Jean-Pierre Cartier, "qui demande une souplesse pour réagir". Mais l’ami de Notre-Dame préfère se souvenir des grands moments de sa vie de cérémoniaire. Les venues des papes Jean-Paul II en 1997 ou Benoît XVI en 2008, bien que les services du Vatican prennent une grande partie de la liturgie en charge. Ce ne sont pas les événements les plus impressionnants qui marquent le plus, les appels décisifs des catéchumènes, par exemple, sont "très émouvants". Comme le fut le retour de la Vierge du pilier vendredi 15 novembre, "portée par la piété populaire et non les grandes pompes".

Au-delà de la liturgie, l’ancien professeur d’histoire-géographie parisien a donné d’innombrables conférences et fait visiter à des milliers de personnes la cathédrale. Tous les étés, jusque dans les années 2010, il a par exemple animé les "Communautés internationales de jeunes", groupe de volontaires étrangers qui font découvrir Notre-Dame aux touristes dans leurs langues maternelles. Une autre manière d’entretenir ce "lien particulier" marqué par une "fidélité jamais interrompue". Ainsi fut "façonnée" sa vie de croyant, sous le regard de la Mère de Dieu. D’ailleurs, quel est l’endroit de la cathédrale qu’il veut revoir en premier ? L’ensemble du Vœu de Louis XIII, avec la pietà, dans l’ancien chœur. Ce sera le 6 décembre pour les ultimes ajustements liturgiques avant le "marathon". Après les six mois de réouverture, le cérémoniaire pourra s’effacer peu à peu et discrètement. Mais l’historien continuera les visites et…la confection des huiles pour les sacrements, en particulier le Saint-Chrême. Vraiment, Notre-Dame et Jean-Pierre Cartier c’est une rencontre.

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