Il aura fallu de la patience. Beaucoup de patience et de volonté pour toucher au but. "Cela fait trois ans que je passe presque tous les jours devant cette église", raconte Anne, une maman dont les enfants vont à l’école primaire juste à côté. "Je ne l’ai jamais connue autrement qu’entourée de ses échafaudages. Mais, mois après mois, je la voyais changer de visage." L’intérieur ? Elle l’a enfin découvert ce dimanche 3 novembre, à l’occasion de la messe de réouverture. "L’église était comble, il a fallu rajouter des chaises au fond, se souvient la mère de famille. Le curé était radieux, la chorale très belle. L’animatrice m’a raconté sa joie d’avoir pu participer, elle aussi, à la restauration de Notre-Dame de la Nativité." Avec une amie, Colette a repeint la statue de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Son mari a réparé le bras du petit Christ en croix que la sainte porte. "Ce 3 novembre, j’avais un peu le trac, avoue l’animatrice. La veille, je ne savais pas encore chanter le psaume, mais le matin même, je l’avais en tête. Merci sainte Thérèse !"
Un chantier fait avec cœur
Pendant trois ans, quatre entreprises et un architecte se sont relayés sans relâche : tailleurs de pierre, charpentier, vitrailliste et menuisier. "Il a fallu défaire puis reconstruire totalement trois voûtes datant du XIVe et du XVe siècle", précise Jean-Pierre, un bénévole qui a suivi l’ensemble du projet. Une nouvelle charpente a été posée au-dessus de la nef et du clocher. Les enduits intérieurs ainsi que deux vitraux ont été refaits. De nombreuses pierres de taille ont été remplacées, ainsi qu’une vingtaine de marches de l’escalier menant au clocher. Les enduits extérieurs ont été totalement refaits à neuf. Un travail de titan pour l’entreprise de maçonnerie qui a pris son travail très à cœur." Le maire ne fut pas en reste, ayant pris soin de monter intelligemment les dossiers et de découper le chantier en plusieurs tranches pour obtenir les financements nécessaires.
Au fond de l’église, une petite exposition révèle les trésors insoupçonnés du chantier. "Nous avons retrouvé un fer de lance très ancien, coincé entre deux pierres de la voûte", sourit Jean-Pierre. "Enfouie dans les gravats, sur la voûte, une petite meule a été découverte. Sûrement un objet symbolique apporté exprès ici, à l’époque où le village produisait des meules. Nous avons aussi trouvé une belle tête d’ange sculptée dans une pierre. Un reste des guerres de religion ? Nous ne savons pas !"
Des bénévoles enthousiastes
Les grâces de cette restauration sont bien visibles pour la petite communauté locale. "Quelques jours avant la réouverture, j'ai croisé une équipe de femmes affairées à dépoussiérer la sacristie et à cirer le parquet de la nef, révèle Anne. J’ai vu la fierté dans les yeux de ces paroissiennes, si heureuses de retrouver leur église." Une quinzaine de bénévoles ont permis de faire resplendir l’intérieur de l’édifice, plus beau aujourd’hui que jamais : nettoyage et nouvel éclairage pour le grand lustre, réfection des boiseries et nettoyage des peintures du chemin de croix, réfection des supports de statue, dépoussiérage général, etc. La belle histoire de l’Hermenault le montre : il est toujours possible de faire revivre nos églises !