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L’État n’a pas le droit de toucher à la vocation d’une cathédrale

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Benoist de Sinety - publié le 27/10/24
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Curé-doyen de la ville de Lille, le père Benoist de Sinety s’insurge contre la perspective de transformer Notre-Dame de Paris en musée. La vocation intouchable d’une cathédrale est de célébrer la foi en accueillant gratuitement tous ceux qui viennent y prier et méditer.

La toute proche perspective de la réouverture de Notre-Dame de Paris semble réveiller quelques vieilles lunes qu’on espérait éclipsées plus durablement. Après avoir confisqué au début du XXe siècle le patrimoine de l’Église, l’État prit en charge la gestion d’un certain nombre de basiliques remarquables et des cathédrales. Les autres églises furent déléguées aux municipalités. Non pour que les nouveaux propriétaires décident ce que bon leur semblerait, mais pour qu’ils assurent l’entretien que tout propriétaire doit à celui qui occupe légalement le bien qui lui revient : salubrité du bâtiment, toit, murs, etc.

Une église n’est pas un musée

L’État n’a le droit de se mêler de ce qui se passe à l’intérieur ni sur la forme ni sur le fond, dès lors que l’affectataire respecte les lois en vigueur. Certains pourront le regretter mais ils doivent comme tout citoyen respecter les règles légales qui s’appliquent à tous. Une église n’est pas un musée. Elle est le lieu où la foi qui y est célébrée, doit être accessible gratuitement à tous ceux qui y pénètrent. Elle ne devient un musée que lorsqu’elle est désaffectée. On ne saurait, en pays laïque, interroger les visiteurs sur leur convictions religieuses pour savoir s’ils peuvent entrer gratuitement ou non, sans contrevenir à la stricte neutralité républicaine et à l’égalité de traitement. 

Car enfin, imagine-t-on faire payer ceux qui répondraient qu’ils viennent juste pour méditer ? Ou ceux qui voudraient entrer « par hasard » parce qu’ils ont manqué un train ou loupé un rendez-vous ? Pense-t-on par ailleurs, sérieusement, demander de l’argent à ceux, des centaines de milliers, qui ont spontanément donné parfois de leur nécessaire pour rebâtir l’édifice au lendemain de son incendie ? Les autorités publiques vont-elles poster des agents pour contrôler les entrées d’un lieu de culte, ou installer dans les gargouilles des caméras qui parviendraient à sonder les cœurs des uns et des autres en triant ceux qui croient et ceux qui ne croient pas ? 

La vocation d’une cathédrale

On ne sait que trop les difficultés qu’il y a pour les pouvoirs publics à respecter leur obligation d’entretien d’un patrimoine que l’État s’est constitué avec gourmandise. Mais la difficulté à « boucler » un budget ne saurait donner licence de prendre des mesures un brin démagogique et en fait, profondément injustes et entachées d’un soupçon de non-légalité. J’ai été sidéré, il y a quelques années, de constater que l’accès à l’église du Mont-Saint-Michel était désormais payant, sauf à l’heure des offices. Comme s’il fallait bien consentir à ce que moines et moniales assurent leur service mais sans comprendre que le lieu où ils l’accomplissent n’est pas une salle de spectacle mais un lieu qui trouve sa pleine vocation si ceux qui veulent y prier le peuvent, ou que ceux qui pourraient s’y surprendre à prier en aient aussi le loisir. 

Si l’État n’est plus en mesure d’assurer son devoir d’entretien de nos cathédrales, qu’il décide de taxer les organismes de tourisme qui profitent d’un lieu gratuit pour y encaisser des bénéfices. Mais, de grâce, que l’on ne renie pas la vocation d’une cathédrale en en faisant un musée au cœur d’une île de la Cité qui se transforme de plus en plus en parc d’attraction. Tout en risquant de nous priver à l’avenir de futurs Claudel lequel, sans doute, lors d’un soir de Noël, aurait trouvé ailleurs une gratuité qui lui aurait été refusée là.

Notre-Dame se révèle petit à petit dans sa splendeur :

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