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Faire payer l’entrée à Notre-Dame ? La proposition divise

File d'attente devant Notre-Dame de Paris, 2018.

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Cécile Séveirac - publié le 24/10/24
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Face à la suggestion de Rachida Dati de faire payer l'entrée de Notre-Dame de Paris aux visiteurs après la réouverture, les réactions pleuvent et témoignent d'une véritable fracture sur la destination de la cathédrale.

Un pavé dans la mare. À quelques semaines de la réouverture de Notre-Dame de Paris, c'est l'effet que font les déclarations de Rachida Dati dans les colonnes du Figaro quant à la mise en place d'une tarification pour entrer dans l'édifice. La ministre de la culture a assuré avoir proposé au diocèse de Paris de soumettre l'entrée des visiteurs à un tarif "symbolique" de 5 euros. Les fonds récoltés seraient par la suite consacrés à "un grand plan de sauvegarde du patrimoine religieux". Enthousiasme débordant ou levée de boucliers : les réactions n'ont pas manqué d'affluer de part et d'autre, et sont parfois surprenantes.

La proposition de Rachida Dati a ainsi recueilli le soutien d'une partie de la droite LR, à l'image du ministre de l'Intérieur, en charge des Cultes, Bruno Retailleau qui estime l'idée louable "si cela doit, pour 5 euros, sauver un patrimoine religieux auquel on peut être attaché, que l'on croit au ciel ou qu'on n'y croit pas". Peu de temps avant lui, Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, a elle aussi salué une "très bonne idée", rejointe par Jean-François Copé pour qui la somme "va directement financer la rénovation de notre patrimoine, élément clé de notre identité". "Si ça peut permettre de sauver les petites églises de France, je signe !", abonde quant à lui Stéphane Bern. Le fervent défenseur du patrimoine campe donc fermement sur ses positions puisqu'il s'était déjà exprimé en faveur d'une tarification de l'entrée de Notre-Dame, en 2017. "Il ne faut pas se braquer, en tout cas, et partir du principe que quand il y a des services religieux, c’est gratuit, c’est la maison de Dieu, elle est ouverte à tous", affirme-t-il ainsi auprès du Midi Libre. Précisant que la tarification ne s'appliquerait "jamais pendant l’heure des offices religieux", Stéphane Bern va même plus loin en assumant soutenir l'extension de ce principe à d'autres cathédrales de France.

Une cathédrale-musée ?

De son côté, l’Église catholique demeure ferme : la cathédrale Notre-Dame de Paris ne saurait devenir payante, quel que soit l'usage des fonds récoltés, et doit demeurer un lieu de culte ouvert gratuitement et accessible à tous. "À Notre-Dame, pèlerins et visiteurs n’ont jamais été distingués : les offices sont célébrés pendant les visites, et les visites se poursuivent durant les offices", réaffirme ainsi le diocèse dans un communiqué. Concernant la mise en place d'un parcours différencié selon le statut du visiteur (touriste ou fidèle), l’Église tranche sans équivoque : "mettre en place des conditions d’accès différenciées pour les uns et pour les autres se traduirait, comme c’est le cas ailleurs en Europe, par une séparation matérielle qui priverait pèlerins et visiteurs de la communion entre tous qui est l’essence même du lieu et les empêcherait de fait de faire l’expérience globale du monument et de son infinie beauté." Quant au prix "symbolique" avancé par la ministre de la Culture, il n'a en réalité "rien d'anecdotique" et "conduirait immanquablement des personnes à renoncer à visiter une cathédrale par nature ouverte largement à tous." Pour Mgr Dominique Rey, évêque du diocèse de Toulon, "une église ne peut devenir un musée, car elle est avant tout un lieu sacré". Dès lors, plaide l'évêque, "renoncer à la gratuité reviendrait à rompre avec l'idéal universel du message évangélique".

L’Église n'est pas la seule à s'indigner d'une telle mesure. Elle est rejointe par des personnalités de gauche notamment. Le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, auteur d'un rapport alertant sur l'état du patrimoine religieux en France, a fustigé la proposition de Rachida Dati sur le plateau de France Info. "J’ai l’impression d’être plus catholique que Bruno Retailleau, moi, l’athée communiste. C'est dire. Je ne comprends pas comment on peut être catholique et s’opposer à l’universalité de l’accès aux cultes", s'est-il insurgé. Même incompréhension chez le sénateur socialiste Rémi Féraud ou chez Loïc Hervé, sénateur centriste de la Haute-Savoie. Ariel Weil, maire de Paris Centre, semble quant à lui dubitatif sur le sujet : "C'est choquant moralement, il n'est pas question de faire la peau des fidèles", affirme ainsi le maire PS sur le plateau de BFM TV. "Je salue l'idée, mais la contribution ne pourra être que volontaire".

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