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Lourdes : le train, le meilleur allié des pèlerins

"Train blanc" des malades se rendant à Lourdes pour le Pèlerinage national, 11 août 2013, Gare Montparnasse, Paris.

Mathilde de Robien - publié le 04/10/24
Ce samedi 5 octobre s’achève le pèlerinage du Rosaire à Lourdes. Sur les 17.000 pèlerins, seul un tiers rentre en train. Une proportion bien moindre qu’il y a quelques années où le chemin de fer était le moyen de locomotion principal, au point de contribuer largement à l’essor des pèlerinages dans la cité mariale.

"Le pèlerinage ne commence pas à Lourdes, mais à la gare Montparnasse !", confie Marine, 25 ans, fidèle hospitalière au pèlerinage du Rosaire. "Sur le quai, on aide les malades, dans le train, on chante, on prie… Il y a une ambiance vraiment incroyable, une atmosphère qu’on ne retrouve nulle part ailleurs, c’est comme un petit cocon qui nous prépare à la rencontre avec la Vierge !" Le train est béni avant le départ, des méditations du chapelet sont proposées pendant le voyage, et c’est déjà l’occasion de rencontrer d’autres pèlerins. Le pèlerinage commence à bord d’un TGV de la SNCF !

Cette année, sur les 17.000 pèlerins du Rosaire, un tiers est venu en train, dont la majorité (4.200 personnes) à bord de huit trains spéciaux affrétés par la SNCF pour le Pèlerinage. (Les 800 autres usagers ont emprunté des lignes commerciales.) Un autre tiers a pris le bus, et les autres sont venus en avion ou par leurs propres moyens. "Aujourd’hui, on observe une grande diversité des moyens de transport", constate Didier Nadal, ancien cheminot responsable des transports ferroviaires pour le Pèlerinage du Rosaire. Une diversité due à l’évolution de l’offre de la SNCF et à la concurrence du bus. "En 2014, la SNCF a abandonné les trains Corail, qui étaient dotés de voitures-ambulances, au profit des TGV. Mais avec le programme de démantèlement des trains, elle manque de trains ! Cela a représenté un gros effort d’affréter au Pèlerinage du Rosaire huit trains. On en aurait voulu plus ! On avait demandé deux trains pour Paris et deux trains pour l’Alsace, la SNCF n’a pu en fournir qu’un seul pour chacune de ces régions", explique Didier Nadal. Pourtant, historiquement, c’est bien le train qui, en permettant à des milliers de pèlerins, parfois lourdement handicapés, de se rendre à la Grotte, a contribué au développement des grands pèlerinages à Lourdes.

1866, l'arrivée du premier train de pèlerinage

Depuis le 11 février 1858, jour de la première apparition de la Vierge à Bernadette Soubirous, l’affluence à la Grotte de Massabielle n’a cessé de croître. Une réponse à l’invitation de la Vierge : "Allez dire aux prêtres que l’on bâtisse ici une chapelle et que l’on y vienne en procession". Les premiers pèlerinages officiels se forment dès la reconnaissance des apparitions en 1862. Ceux-ci proviennent alors essentiellement des Pyrénées et sont constitués à l’initiative des paroisses. L’année 1866 marque une étape importante dans l’essor des pèlerinages. Les Missionnaires de l’Immaculée Conception sont appelés par l'évêque de Tarbes pour diriger le sanctuaire. Ce sont eux qui accueillent les premiers pèlerinages. La crypte est bénie, le culte à la Grotte de Massabielle est lancé, et l’inauguration de la gare de Lourdes permet l’arrivée du premier train de pèlerinage en mars 1866. C'est le début d’une aventure ferroviaire hors du commun. Le sanctuaire de Lourdes est en effet le seul lieu de pèlerinage au monde à avoir la particularité d’accueillir en nombre les personnes malades ou handicapées.

Abandon des trains Corail, la fin d’une époque

En 2014, la SNCF décide d’abandonner ses trains Corail, mis en service en 1986, jugés trop vétustes. Les remplacer est trop onéreux. Même si le confort était primaire, et qu’il n’y avait pas la climatisation, ils étaient pourtant bien adaptés au transport des malades, notamment grâce aux voitures-ambulances et à une plateforme centrale qui facilitait l’accès aux personnes à mobilité réduite. Ils étaient propices aux voyages de nuit et avaient une importante capacité d’accueil.

"Train blanc", août 2013.

Désormais, seuls les TGV, fonctionnant uniquement de jour, emmènent les pèlerins, valides comme malades. S’ils sont plus confortables, ils sont moins accessibles pour les personnes lourdement handicapées. Les portes des TGV sont plus exigües, la place pour le matériel est moindre et un "kit malade" remplace les couchettes des voitures-ambulances, en transformant les sièges qui se font face en lit. Un train Corail pouvait transporter 1.000 pèlerins, dont 220 malades. Les voitures des TGV transportent quant à elles 450 personnes (ou le double quand deux voitures sont accolées), dont seulement une quinzaine de malades sur des kits. "Aujourd'hui les malades doivent voyager assis, par conséquent, il y a de moins en moins de personnes lourdement handicapées", constate le Frère Hervé Jégou, dominicain, directeur général du Pèlerinage du Rosaire.

Les Accords de Lourdes

Créées en 2006, les Accords de Lourdes établissent un partenariat entre le sanctuaire Notre-Dame de Lourdes, l’Association nationale des Directeurs de pèlerinages et SNCF Voyageurs. Ils formalisent des engagements respectifs pour maintenir l’activité des trains de pèlerinage et préserver la qualité de transport des personnes malades. À titre d’exemple, à l’embarquement, le train reste à quai pendant deux heures, favorisant ainsi l’accès aux personnes à mobilité réduite.

En 2023, les Accords de Lourdes ont ainsi permis le départ de 60 trains spéciaux en provenance d’une trentaine de diocèses. Certains ont transporté plus de 1.000 voyageurs en une fois. Cela a représenté environ 70.000 pèlerins-passagers. Le 6 novembre 2023, ces accords ont été renouvelés pour une période allant jusqu’à 2026. Outre l’attachement historique aux trains de pèlerinage, ces accords répondent aussi à un enjeu écologique, favorisant la mobilité décarbonée. Puissent ainsi des milliers de pèlerins continuer à répondre à l'appel de la Vierge et venir jusqu'à Lourdes en procession.

Ces grands pèlerinage font vibrer le sanctuaire de Lourdes :

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