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Spiritualité ? Voilà une notion dont le sens nous paraît évident tant que nous n’avons pas à la définir. Cette dimension intime et mystérieuse de nous-mêmes, nous pouvons l’explorer à partir d’expériences sensibles que nous offrent la beauté, la poésie, l’art, le sacré, la religion, la nature, le souffle, la lumière et la vie… Ils sont autant de chemins foisonnants qui laissent entrevoir un horizon spirituel. Rencontrer un poète, une artiste, un texte inspirant, un lieu... peut nous inviter à faire un pas de plus, celui qui franchit le seuil d’une vie spirituelle.
"L’art est une des voies les plus émouvantes par laquelle l’homme s’approche de Dieu" (Maurice Zundel). La spiritualité est le monde de l’indicible et de l’invisible sur lequel l’artiste tente de poser des mots, des notes de couleur ou de musique, d’imprimer des formes ou des gestes. L’art est une voie spirituelle qui s’éprouve dans la matière, matière qui offre bien plus qu’elle-même, puisqu’elle ouvre à autre chose. Le peintre Zao Wou‐Ki donne corps à l’invisible, capte l’impalpable du monde, les forces originelles de la nature : le souffle ou la vitalité des éléments, nous en offrant la quintessence sur ses toiles dans une forme d’abstraction épurée et colorée. Le moine florentin de la Renaissance Fra Giovanni Angelico — frère des Anges — à l’art immaculé, déploie un talent inouï pour représenter la lumière divine dans son tableau Le Couronnement de la Vierge, tableau qui nous plonge dans un espace de contemplation silencieuse où la couleur et la lumière revêtent une valeur mystique.
La musique, le plus spirituel des arts ?
"La musique est la médiatrice entre les mondes sensoriel et spirituel" (Gaston Bachelard). Plus encore que la peinture, la musique est peut-être le plus spirituel des arts. Son pouvoir élévateur est irrésistible ! Jean-Sébastien Bach "atteint l’extrémité du ciel", nous dit le poète Christian Bobin, et nous y entraîne. Schubert a "le feu divin" nous confie Beethoven, Wagner "creuse le ciel" écrit Baudelaire. Certains chefs d’œuvre nous enveloppent et nous font vivre l’harmonie, la pureté, la beauté mais aussi la profondeur, l’immensité, l’intensité, la verticalité et parfois même un sentiment d’éternité, vibration ressentie comme originelle et universelle. Expérience mystique qui nous fait passer d’un état émotionnel à une dimension spirituelle.
La poésie approche l’ineffable
"Peuple ! écoutez le poète ! Dieu parle à voix basse à son âme" (Victor Hugo). Le poète est lui aussi un passeur vers la vie spirituelle, il nous prête ses mots pour approcher l’ineffable. La spiritualité est le lieu du caché qui se révèle tout en restant caché. Ce paradoxe subtil est une source inépuisable de création poétique. La poésie est une épiphanie, par sa parole, le poète nous restitue l’écho du monde visible et invisible ; il ouvre une brèche dans notre horizon voilé, nous laissant entrevoir la part divine de l’existence : irruption du merveilleux dans le quotidien : "J’ai trouvé Dieu dans les flaques d’eau, dans le parfum du chèvrefeuille, dans la pureté de certains livres", écrit Christian Bobin.
La beauté annonce un mystère
"Si jamais la vie vaut la peine d’être vécue, c’est lorsqu’il est donné à l’homme de pouvoir contempler cette beauté" (Platon). L’art mais aussi la nature et les êtres, nous offrent ces instants d’émerveillement où l’éclat de la beauté se révèle à nous. L’expérience de la beauté véritable nous émeut et nous remplit de vie, de joie, de paix, d’amour et de gratitude. La beauté annonce un mystère et nous mène au-delà d’elle-même, son fascinant visage est un appel. Approche‐toi, nous dit‐elle, et contemple : la vérité, la bonté et l’amour t’apparaîtront. La beauté nous éduque au Bien, au Beau, au Vrai et au Juste. Que serait la beauté sans vérité et sans bonté ? Elle serait sans valeur. Ainsi la beauté affine nos âmes et rend l’homme meilleur ; elle porte en elle une promesse d’espérance et de confiance en la vie, "elle sauvera le monde", écrit Dostoïevski, car elle convoque le monde à un surcroît d’humanité.
La beauté élève notre âme. Elle est le prélude d’une vie spirituelle. La philosophe Simone Weil voit ainsi dans la beauté du monde "le sourire de tendresse du Christ pour nous à travers la matière", un sourire de bonté, de vérité et d’amour. La contemplation de la beauté revient à contempler le Christ, elle est prière. La beauté suscite en nous l’intuition d’une Présence derrière la vie qui donne à nos existences cette délicieuse et envoûtante saveur spirituelle. À goûter sans modération ! Car comme nous en avertit André Frossard, "la spiritualité est le dernier de nos soucis avant de devenir le premier de nos regrets".
Pratique :