"Nous devons nous interroger sur notre responsabilité lorsque nous ne parvenons pas à arrêter le mal par le bien", a affirmé le pape François lors de la veillée de pénitence organisée dans la basilique Saint-Pierre le 1er octobre 2024, un jour avant le lancement du Synode sur la synodalité. Lors d'une cérémonie au format inédit, les participants ont demandé pardon à Dieu pour les "grands péchés" commis dans l'Église catholique. Enjoignant tous les membres et participants à un "repentir sincère", le pape François a rédigé sept méditations thématiques qu'il a fait lire à sept cardinaux, pour la plupart hauts-responsables de la Curie romaine, chacun exprimant la "honte" de l'Église.
Devant l’assemblée, le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Bombay et membre du “Conseil des cardinaux”, a demandé pardon "à ceux qui naissent aujourd'hui et qui naîtront après nous", pour le "manque […] du courage nécessaire dans la recherche de la paix entre les peuples et les nations". Le cardinal Sean O'Malley, archevêque métropolitain émérite de Boston et président de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, a demandé pardon pour les abus sexuels commis "diaboliquement" par les membres du clergé.
Le cardinal Michael Czerny, préfet du dicastère pour le Service du développement humain intégral, a pour sa part demandé pardon pour les atteintes à l’environnement, au droit et à la dignité de chaque personne humaine, "pour les moments où nous avons été complices de systèmes qui ont favorisé l'esclavage et le colonialisme" et pour "la mondialisation de l'indifférence".
Prendre soin des plus fragiles
Le cardinal Kevin Joseph Farrell, préfet du dicastère pour les Laïcs, la famille et la vie, a demandé pardon 'pour toutes les fois où nous avons jugé et condamné avant de prendre soin des fragilités et des blessures de la famille" et, "en particulier" de la part des hommes, pour "toutes les fois où nous n'avons pas reconnu et défendu la dignité des femmes". Il a aussi demandé pardon pour l'usage de la peine de mort.
Le cardinal Víctor Manuel Fernández, préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi, a demandé pardon pour toutes les fois où on a "endoctriné" l’Évangile, en risquant "de le réduire à un tas de pierres mortes à jeter sur les autres". Il s'est aussi repenti "pour toutes les fois où nous avons donné une justification doctrinale à des traitements inhumains".
Le cardinal Cristóbal López Romero, archevêque de Rabat, a regretté que l’Église ait cédé "à la séduction du pouvoir et à la flatterie des premières places et des titres vaniteux" et qu’elle ait négligé "la mission dans les périphéries géographiques et existentielles". Enfin, le cardinal autrichien Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, s’est excusé pour les atteintes à la "synodalité", déplorant les "opinions et idéologies qui blessent la communion" et la tentation de transformer "l’autorité en pouvoir".
Le pardon pour une "nouvelle concorde"
Le pape François, prenant à son tour la parole, a insisté sur l'importance de reconnaître les erreurs de l'Église des "pauvres et pécheurs" et de "guérir les blessures causées par nos péchés". Il s'est notamment tourné vers un groupe de jeunes venus assister à la célébration, regrettant devant eux de ne pas avoir été des témoins "crédibles".
"Nous devons nous interroger sur notre responsabilité lorsque nous ne parvenons pas à arrêter le mal par le bien", a aussi affirmé le pape François. "Le pardon, demandé et donné, engendre une nouvelle concorde dans laquelle les différences ne s'opposent pas", a-t-il finalement encouragé.