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La famille royale belge, un catholicisme aussi profond que discret

roi Philippe Belgique
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I.Media - publié le 25/09/24
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Très respecté et apprécié, le roi de Belgique Philippe 1er, régnant depuis 2013 a activement contribué à la venue du pape dans son pays. Connu pour sa foi profonde, il demeure cependant fidèle à son devoir de réserve, compte tenu de son rôle d’arbitre constitutionnel face aux crises politiques.

"La vie privée du roi doit être respectée", confient tous ceux qui le connaissent et ne souhaitent pas communiquer sur son rapport à la foi catholique. En dehors de sa participation à certaines messes, comme lors de la fête nationale du 21 juillet, ou sa venue à certaines cérémonies spécifiques comme l’ordination du nouvel archevêque de Malines-Bruxelles, Mgr Luc Terlinden, le 3 septembre 2023, le roi garde une grande discrétion sur sa participation à des offices religieux.

On le sait toutefois proche de la communauté de l’Emmanuel, particulièrement dynamique en Belgique. Mais le poids de la fonction royale, qui lui donne un rôle au-dessus des partis, lui impose de garder une certaine réserve dans la vie publique. Quelques initiatives ont toutefois montré son engagement, comme son audience accordée à des jeunes pèlerins belges de retour des JMJ de Lisbonne, durant l’été 2023. Il s’est rendu au Vatican à plusieurs reprises et a certainement contribué à convaincre le pape de visiter son pays, notamment lors de sa visite au Vatican le 14 septembre 2023.

Déjà pressenti pour succéder au roi Baudouin

Le roi Philippe a célébré ses dix ans de règne l’an dernier, mais il aurait pu devenir roi dès les années 1990. Après le décès inopiné du roi Baudouin durant ses vacances en Espagne, le 31 juillet 1993, se produisirent quelques heures de flottement au sommet de l’État belge. Après le long règne de ce roi profondément catholique, qui avait régné dès l’âge de 21 ans à partir de 1951 mais n’avait pas eu de descendance, son neveu Philippe était pressenti, mais c’est finalement le frère du roi défunt qui fut appelé à régner sous le nom d’Albert II.

Celui-ci règnera durant 20 ans, avant d’abdiquer en 2013, tout en gardant une présence dans la vie publique en Belgique en tant que roi émérite. Celui qui avait rencontré son épouse italienne Paola à l’ambassade de Belgique près le Saint-Siège en marge des festivités du couronnement du pape Jean XXIII en 1958 continue à venir fréquemment à Rome, où il a notamment assisté, le 8 décembre 2015, à la messe d’ouverture du Jubilé de la Miséricorde sur la place Saint-Pierre. Selon nos informations, il devrait être présent pour la visite du pape François à Bruxelles.

Pour sa part, le roi Philippe, considéré à l’origine comme un prince introverti et timide, a été progressivement transformé par sa charge, avec le soutien intangible de son épouse, la reine Mathilde, qu’il a épousée en 1999. Élément généalogique méconnu : la grand-mère maternelle de la reine, Zofia Sapieha (1919-1997), qui fut tuée dans un accident de voiture et n’a donc pas assisté au mariage de sa petite-fille avec le prince héritier, était une aristocrate polonaise apparentée au cardinal Adam Sapieha (1867-1951). Celui-ci fut archevêque de Cracovie de 1925 à sa mort, et c’est lui qui ordonna prêtre en 1946 le jeune abbé Karol Wojtyla, le futur Jean Paul II.

Le roi Baudouin, un modèle de sainteté en politique ?

"Il est évident que le roi Philippe se situe comme un fils spirituel du roi Baudoin", confie un proche de la famille royale. Le roi Baudoin trouva du réconfort dans sa foi profonde, après être arrivé sur le trône dans un climat de grave crise politique après l’abdication de son père Léopold III, dont le comportement jugé trop conciliant avec les Allemands durant la Seconde guerre mondiale avait suscité l’hostilité d’une grande partie de la population.

Progressivement, il parvint à s’imposer et à maintenir la légitimité de la Couronne, malgré les grands chocs que furent la perte du Congo et la séparation des communautés linguistiques en deux entités séparées, la Wallonie et la Flandre devenant des régions autonomes. Il porta ces difficultés politiques comme une croix, assumant une foi catholique profonde qui lui valut notamment la sympathie de Jean Paul II. Le pape François, qui célèbrera la messe de dimanche dans le stade portant son nom, ne l’a pas connu personnellement mais il pourrait mentionner sa mémoire.

Même si aucun dossier n’a été formellement monté, la question de sa béatification s’est posée et se pose encore ouvertement dans certains milieux de l’Église. Benoît XVI lui-même aurait confié à des visiteurs belges, en privé, considérer l’ancien roi comme un saint. Mais si de nombreux Belges se souviennent encore de sa bonté et de son humanité, certains reprochent au roi Baudouin une certaine naïveté politique sur la scène internationale.

Sa volonté d’assister aux obsèques du général Franco en Espagne, en 1975, aurait choqué une partie de son entourage qui parvint à l’en dissuader. D’autres dressent un regard très critique sur ses relations avec certains dirigeants africains contestés comme le Zaïrois Mobutu ou le Rwandais Juvénal Habyarimina, dont l’assassinat, le 6 avril 1994 donna le signal de lancement du génocide des Tutsis par les Hutus.

Sainteté et politique, une articulation difficile

Ces critiques constituent un signe de l’articulation toujours difficile entre la droiture personnelle d’un monarque, son souci de la charité dans les relations personnelles, et son sens politique qui, pour défendre les intérêts d’une nation, peut impliquer une dose de fermeté, voire de machiavélisme.

Le roi Philippe, toujours considéré comme un “jeune roi” bien qu’il ait déjà dépassé l’âge du roi Baudouin lors de son décès (63 ans), est en tout cas reconnu comme ayant fait un “sans faute” en plus de dix ans de règne. Sa foi discrète et sans ostentation n’a jamais suscité de critiques, y compris dans le camp des partisans de la laïcité la plus stricte. Un signe supplémentaire des paradoxes de la Belgique, où la foi peut inspirer, selon les contextes, une certaine dérision ou un profond respect, comme un ultime recours face aux divisions du pays.

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