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Le Vatican, un employeur (pas) comme les autres ?

Le dôme de la Basilique Saint-Pierre, au Vatican.

Le dôme de la Basilique Saint-Pierre, au Vatican.

Anna Kurian - publié le 16/09/24
“Vatican, le nouveau règlement pour les employés de Saint-Pierre. Tatouages et concubinage interdits”. Le titre du quotidien italien Il Messaggero, le 30 juin dernier, a fait le tour du globe, déclenchant une tempête médiatique dans le petit monde du Vatican. Qu’en est-il exactement des dispositions baroques que le plus petit État du monde impose à ses 4.000 employés ?

Au détour du nouveau règlement pour le personnel de la Fabrique de Saint-Pierre – chargée de la gestion de la basilique vaticane –, publié le 29 juin, une mention inhabituelle a été remarquée par les observateurs, à l’article 9 : "L'agent titulaire soigne son aspect extérieur […]. Les tatouages visibles sur la peau et les piercings sont interdits dans le respect de la bienséance et de l'environnement de travail'.  De même, à l’article 4, l’employeur stipule que son personnel menant une vie de couple devra fournir, au moment de l’embauche, un certificat de "mariage canonique". Pas question de se contenter d’un concubinage, les papiers doivent être en règle avec le droit de l’Église catholique. 

Deux semaines plus tard, une nouvelle polémique enflait dans la presse italienne, autour de deux employés travaillant à l’institut bancaire du Vatican – Institut pour les œuvres de religion (IOR) – menacés de licenciement pour le fait de vouloir se marier, ce qu’interdit le règlement interne de cette entité. Mais ces dispositions sévères sont-elles nouvelles ? Si l’on ne trouve pas mention des tatouages et des piercings dans le "règlement général pour le personnel du gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican", on y trouve déjà l’obligation pour les laïcs d’être mariés à l’Église (article 10), mais aussi d’être baptisé et confirmé. On y trouve également l’interdiction "d'employer dans la même direction le conjoint, les parents par le sang jusqu'au quatrième degré ou les beaux-parents au premier et au deuxième degré". 

De bons catholiques dans la vie privée 

Parmi les prérequis de l’embauche, le candidat doit adhérer à la profession de foi catholique et mener "une vie selon ses principes". Il est tenu à "une bonne conduite morale et civile". En théorie, il doit avoir entre 21 ans et 35 ans, glisse au passage l’article 9. La petite monarchie de droit absolu ne se contente pas d’exiger un comportement professionnel exemplaire sur son territoire : son personnel doit également mener une vie privée exemplaire. "Le comportement d'un employé dans sa vie privée, s'il est contraire aux principes de la foi et de la morale catholiques ou s'il porte atteinte à la dignité et à la bienséance du service rendu au Saint-Siège et à l'image des employés du gouvernorat, peut donner lieu à une procédure disciplinaire", stipule ainsi le droit général du gouvernorat. 

De même le règlement de la Curie romaine décrète à l’article 33 que "le personnel est tenu à une conduite religieuse et morale exemplaire, y compris dans la vie privée et familiale, conformément à la doctrine de l'Église". "Tout cela rentre dans le cadre de personnes qui travaillent au Vatican, qui doivent respecter une certaine ligne de conduite. Quand on postule au Vatican, on estime que les règles de la morale catholique sont à respecter et que la vie privée doit être cohérente avec elles", souligne un employé. Mais au-delà des règles, "l’Église est tolérante", glisse celui-ci. "Il y a en réalité beaucoup de concubinages. De même pour les tatouages, l’administration ne va pas contrôler". La souplesse est donc de rigueur. Et même, le cas échéant, "la miséricorde prévaut", conclut le laïc en poste depuis une trentaine d’années. 

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