Selon l’évêque Eusèbe de Césarée (IVe siècle), le nom "Mar-yam" signifiait "goutte de la mer". Saint Jérôme († 420) a traduit cette expression en latin, ce qui a donné alors Stilla maris. Cependant, une erreur de transcription par un scribe a transformé Stilla maris en Stella maris, "étoile de la mer". C’est ainsi que Marie a acquis ce titre, qui est entré dans la tradition de l’Église et que l’on retrouve notamment dans les litanies dédiées à la Vierge Marie.
Étoile de la mer
Ce qualificatif acquis par erreur semble pourtant très cohérent pour parler de Marie. Dans les siècles passés, les marins s’orientaient grâce aux étoiles : ainsi, appeler Marie “Stella Maris” était une manière pour les croyants de demander son aide pour être guidés vers les rivages éternels. La signification de ce qualificatif va ensuite être approfondie de plus en plus, notamment par saint Bernard de Clairvaux (1090-1153), un grand amoureux de la Vierge Marie.
Dans l’une de ses homélies, saint Bernard offre une très belle méditation sur le Nom de Marie, "Étoile de la mer" :
"“Et le nom de la vierge était Marie” (Lc 1,27). Disons quelque chose aussi sur ce nom, qui est interprété : "étoile" de la mer et qui convient à merveille à la mère restée vierge. Oui, on la compare à un astre, et rien de plus juste : comme l'astre, sans être altéré, émet son rayon, ainsi, sans lésion intime, la Vierge met au monde son Fils. Le rayon n'amoindrit pas la clarté de l'astre, pas plus que le fils ne diminue l'intégrité de la vierge."
Il poursuit en soulignant que Marie est la lumière vers laquelle se tourner pour être guidé tout au long de son voyage sur terre :
"Oui, elle est cette noble étoile issue de Jacob dont les rayons illuminent l'univers entier, dont la splendeur étincelle sur la cime et pénètre jusqu'aux ombres profondes, dont la chaleur répandue sur la terre réchauffe les âmes plus que les corps, mûrit les vertus et consume les vices. Elle est cette brillante et merveilleuse étoile qui se lève, glorieuse et nécessaire au-dessus de cet océan immense, dans la splendeur de ses mérites et de ses exemples."
Saint Bernard transforme ensuite sa réflexion en prière, soulignant le rôle de Marie comme source de consolation lors des "tempêtes" de la vie.
"Ô toi, qui que tu sois, qui dans cette marée du monde, te sens emporté à la dérive parmi orages et tempêtes, plutôt que sur la terre ferme, ne quitte pas les feux de cet astre, si tu ne veux pas sombrer dans la bourrasque.
Quand se déchaînent les rafales des tentations, quand tu vas droit sur les récifs de l'adversité, regarde l'étoile, appelle Marie !
Si l'orgueil, l'ambition, la jalousie te roulent dans leurs vagues, regarde l'étoile, crie vers Marie !
Si la colère ou l'avarice, si les sortilèges de la chair secouent la barque de ton âme, regarde vers Marie !
Quand, tourmenté par l'énormité de tes fautes, honteux des souillures de ta conscience, terrorisé par la menace du jugement, tu te laisses happer par le gouffre de la tristesse, par l'abîme du désespoir, pense à Marie.
Dans les dangers, dans les angoisses, dans les situations critiques, pense à Marie, crie vers Marie !
Que son nom ne quitte pas tes lèvres, qu'il ne quitte pas ton cœur, et pour obtenir la faveur de ses prières, ne cesse d'imiter sa vie."
Cette réflexion de saint Bernard, qui a inspiré le beau chant "Regarde l’étoile", invite à méditer sur Marie "Étoile de la mer", encourageant à se tourner vers elle dans toutes les épreuves de la vie et à suivre l'éclat de ses rayons.