Racontez-nous, églises de France, racontez-nous notre histoire, vous qui l’avez observé du haut de vos clochers. L’une des vôtres est blessée, blessée grièvement après un terrible incendie qui a consterné ses paroissiens, ses habitants et la France toute entière. D’autres subissent les affres des temps, les errances des déséquilibrés et les profanations de fous dangereux qui aiment vous blasphémer tant vous représentez une chrétienté oubliée, ringardisée, dérangeante pour la pensée d’aujourd’hui. Il est temps de vous réveiller, de vous faire entendre, de crier ou plutôt de faire carillonner vos cloches tant vous avez de belles ou tristes histoires à nous raconter, des histoires de nos pères, de notre pays, de notre civilisation.
Qu’avez-vous vu ?
Alors racontez-nous, églises de France, qu’avez-vous vu ? Du haut de vos clochers romans, vous avez salué les foules immenses qui partaient pour la croisade et vous avez tutoyé les campaniles des monastères naissants. Modestes murs clochers ou imposantes flèches gothiques, vous avez tour à tour pleuré des guerres de religions et béni les moissons et les vendanges, les milliers de métiers qui s’affairaient autour de vous et les soldats partis pour la guerre. Vous avez tremblé lors de la Révolution qui a embrasé notre pays, les prêtres martyrs ont poussé leur dernier soupir à l’ombre de vos murs profanés. Les armistices et libérations furent carillonnées et célébrées par une messe d’action de grâce aux puissants chants du Te Deum.
Églises de France, vous nous rappelez à chaque regard que nous sommes un peuple chrétien dont l’histoire fort ancienne nous a laissé un héritage culturel et moral.
Racontez-nous, églises de France, comment vous avez réveillé les consciences aux siècles derniers où tant d’hommes et de femmes ont décidé de vous donner d’autres églises pour évangéliser, célébrer, adorer. Racontez-nous, églises de France, notre pays, notre France qui est fondamentalement chrétienne. Certains osent affirmer le contraire, ils renient l’élan de leurs pères qui vous ont construit et bien au-delà, ont parsemé notre paysage de calvaires, statues mariales et autres évocations de l’amour de Dieu. Ils renient les œuvres d’art et les grands noms de la littérature universelle. Cet aveuglement est une faute de la pensée et plus encore, une faute morale, on n’a jamais intérêt à reconstruire l’histoire pour faire admettre les idées d’un moment. Vous êtes là pour témoigner, églises de France, vous rappelez chaque jour dans un paysage mutant la présence intemporelle et éternelle du Christ dans nos vies.
Les Français vous aiment
Et les faits révèlent — au grand dam de vos détracteurs — que l’on vous aime. Tant de coups et de blessures à nos églises ! Le monde a pleuré Notre-Dame et assiste ravi à sa reconstruction plus belle encore qu’hier. Aujourd’hui, l’on pleure avec Saint-Omer et d’autres encore, mais partout où l’église locale est condamnée à être détruite, le village se mobilise, tous veulent maintenir ce symbole de l’unité et de l’identité qu’est l’église avec son clocher, point fixe à l’horizon, même si l’architecture est ordinaire et les murs constitués de mauvais matériaux au XIXe siècle. Demandez à un enfant de dessiner son village : il plantera au milieu de sa feuille votre clocher, fier et dominant pour représenter sa géographie de cœur.
Églises de France, vous nous rappelez à chaque regard que nous sommes un peuple chrétien dont l’histoire fort ancienne nous a laissé un héritage culturel et moral. Vous êtes un peuple à vous toutes seules : pensez-donc ! 45.000 églises en France sans compter la myriade de chapelles et autres oratoires, calvaires, croix de chemin… du culte chrétien. Nous aimons nos églises, tous, que l’on soit croyant ou non, nous les aimons.
Parler de nos églises
Comme nous avons le devoir et la joie d’évangéliser, n’avons-nous pas là un formidable lien avec tous ? Parler de nos églises, les faire raconter ce qu’elles ont vu, de leur édification jusqu’à aujourd’hui. Si l’on raconte l’histoire, nous parlerons des hommes et des femmes qui ont vécu sous le regard de leur clocher et ont fait vibrer l’air encensé de la nef sous les chants des jours de fête. Nous parlerons du Christ et de sa Sainte Mère, nous ferons témoigner la cohorte des saints de France qui intercèdent pour nous.