Nous sommes au VIIIe siècle av. J.-C. et notre prophète semble provenir, d’après les sources, de Moréshèt à 35 km au sud-ouest de Jérusalem. La Bible n’est cependant guère prolixe en renseignements sur ses origines, si ce n’est qu’il vécut "au temps de Yotam, d’Acaz et d’Ézékias, rois de Juda" (Mi 1,1). Il s’agit, nous l’avons dit, d’une période extrêmement troublée puisque le royaume du Sud est en rivalité avec le royaume d’Israël au Nord, mais aussi en proie à toutes les convoitises des autres puissances étrangères de cette époque. Aussi Michée dans sa mission prophétique s’adressera-t-il aux deux royaumes divisés et dont l’intégrité morale et religieuse se trouve plus que remise en question.
Une critique acerbe
L’action de Michée à l’égard de son peuple apparaît sans détour dans ses dénonciations prophétiques, des prophéties rappelées par la Bible (Mi, 1,6-7) :
"Je ferai de Samarie un champ de décombres, une terre où planter des vignes. Je ferai rouler ses pierres au fond du ravin ; ses fondations, je les mettrai à nu. Toutes ses statues seront brisées, tous les cadeaux qu’elle a reçus seront brûlés. Toutes ses idoles, je les réduirai à rien : elles avaient été amassées avec les gains de prostituée, gains de prostituée elles redeviendront."
Michée poursuit en rappelant encore que cette désolation n’est pas le seul fait du royaume du Nord, mais également celui du Sud jusqu’à Jérusalem. Face à cet amer constat, il ne reste qu’une solution rappelle enfin le prophète : se lamenter, pleurer et implorer le pardon divin lorsque le malheur s’abattra sur son peuple. La prophétie annonce même que des conquérants étrangers se dirigeront bientôt contre Israël…
La prise de Samarie
Le prophète, une fois de plus, avait vu juste puisque le récit biblique nous précise que le roi assyrien Sargon II prendra effectivement la ville de Samarie, détruisant ainsi le royaume du nord en 721 av. J.-C. Michée sera même témoin de leurs incursions jusque dans le royaume de Juda sous le règne de Sennachérib, fils de Sargon II, et le prophète de s’écrier alors (Mi 1,9) : "Car le coup porté par le Seigneur est sans remède, il atteint jusqu’à Juda, il frappe jusqu’à la porte de mon peuple, jusqu’à Jérusalem !"
Le style des imprécations de Michée révèle que c’est une personne instruite, probablement au contact de sages. Son témoignage atteste aussi de sa vigueur morale, dénonçant les abus commis par ses contemporains, y compris ceux des puissants de son époque à savoir grands prêtres et fonctionnaires civils.
L’annonce de l’espoir…
Face à une telle désolation, le prophète laisse cependant percevoir un espoir avec l’annonce par ce dernier, prophétie célèbre pour les chrétiens, d’un messie issu de Bethléem (Mi 5,1) : "Et toi, Bethléem Éphrata, le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que sortira pour moi celui qui doit gouverner Israël. Ses origines remontent aux temps anciens, aux jours d’autrefois." L’espérance d’un sauveur de la fin des Temps s’élaborera petit à petit dans la pensée du judaïsme, sans que pour autant cette figure ne soit centrale et déterminante. À l’époque, c’est plus l’espérance d’une victoire de Dieu contre les forces du mal qui prévaut (temps messianiques) que celle d’un envoyé victorieux. Toujours est-il que Michée se trouve associé à cet espoir messianique lié à la dynastie de David et de qui naîtra le Christ, ainsi qu’il apparaît nettement au livre même de Michée (Mi 5, 2-4) :
"Mais Dieu livrera son peuple jusqu’au jour où enfantera... celle qui doit enfanter, et ceux de ses frères qui resteront rejoindront les fils d’Israël. Il se dressera et il sera leur berger par la puissance du Seigneur, par la majesté du nom du Seigneur, son Dieu. Ils habiteront en sécurité, car désormais il sera grand jusqu’aux lointains de la terre, et lui-même, il sera la paix !"