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L’ouverture des JO, entre espérance et confusion

Allumage de la vasque olympique par Marie-José Perec et Teddy Riner, 26 juillet 2024, Paris.

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Benoist de Sinety - publié le 27/07/24
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Il est difficile de ne pas voir dans la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques (JO) de Paris 2024 la confession d’une espérance et la confusion des sentiments, estime le père Benoist de Sinety. Mais pour lui, il faudrait être bien présomptueux pour qualifier l’une et railler l’autre.

Parce que nous sommes en France, la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques donnera lieu à des débats sans fin. Justifiés par l’idée que nous nous faisons, chacun, de ce que doit être notre pays, de ce qu’il a été et de de ce qu’il n’est pas. Il y aura aussi les reproches de certains sur la manière dont un petit nombre de Parisiens, bien à l’abri de tout besoin matériel, continue d’expliquer au plus grand nombre quelle fut notre Histoire, tout en conspuant un système économique dont les Jeux olympiques (JO) et ceux qui y gagnent — fort bien — leurs vies, profitent abondamment. Tandis que ces derniers demeureront persuadés que leur vision correspond à la réalité telle qu’elle devrait être, et telle qu’elle adviendra par la puissance de leur prophétie.

Espérance et confusion

Je dois simplement avouer cette ligne de partage qui me traverse : d’un côté l’agacement de me voir expliquer une fois encore que la France ne serait née qu’en 1793, l’affront moral d’une tiktokeuse devant laquelle on oblige un régiment de la Garde républicaine à se mettre au garde-à-vous, la défiguration du couple en un "trouple" improbable, et surtout mon malaise devant cette absence totale de référence aux Lettres qui sont, peut-être, la plus grande signature de ce qu’est l’âme française. En écrivant ces mots, beaucoup d’autres surgissent qu’il me semble inutile d’écrire tant ils ne feraient qu’endurcir ceux qui viennent de l’être...

Mais de l’autre côté, il y a la foule venue et celle qui s’est installée devant un écran. Sur tous les continents, partout, il y a cette attente : que jaillisse la lumière. Et tout le reste est prétexte tant la ville est belle, tant l’énergie déployée pour mettre en scène des sentiments pas clairs et des théories un peu fumeuses. Ils sont des dizaines de milliers à avoir œuvré avec passion. Peut-être renvoient-ils au monde nos propres inquiétudes et nos peurs devant un futur qui se brouille, et un passé souvent ignoré, de devoir construire, seuls, un présent qui ait du sens ? Ce qui se jouait tout au long de cette soirée, me semble-t-il, c’est la confession d’une espérance et la confusion des sentiments. Il faudrait être bien présomptueux pour qualifier l’une et railler l’autre. 

Ce cavalier qui fait peur

J’avoue ne pas me sentir à l’aise à rejoindre le camp de ceux qui hurleront à l’indignité et au scandale. Car, souvent, ils défendent un monde qui n’existe plus et ne proposent rien d’autre que la contemplation morbide de sa photo jaunie. N’est-il pas plus juste d’oser s’enquérir de ce monde qui se révèle ici ? Sans être dupe des idéologues qui cherchent à nous le fabriquer, mais sans refuser non plus que puisse y jaillir des nouveautés ?

"Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, les aristocrates on les pendra" chanté par Marie-Antoinette tenant sa tête dans ses mains : il est toujours plaisant de constater que l’inconscient politique français ne peut jamais faire l’impasse sur ce fameux régicide, au point de prêter à la dernière reine de France, la figure du premier évêque de Paris, Denis, qui lui est toujours représenté, portant son chef dans ses bras. Et puis, il y a ce cavalier argenté, qui file comme la lumière, éclaboussant d’une inquiétante ardeur, ceux qui le voient passer. Il traverse les siècles, sans qu’on sache de quelle apocalypse il vient se faire l’écho. Les musiques, les sons, les danses, les nuages de fumée, plus rien n’a d’importance, il galope, droit au but, sans se soucier de rien d’autre sinon de l’arrivée. Il traverse nos querelles et nos regrets, il fonce vers demain. Il rallie nos divergences et ouvre un chemin à nos égarements. Il va trop vite ? il fait peur, aussi. Mais on ne peut s’empêcher de le fixer et de s’interroger sur le but de cette course. 

Au-dessus des caricatures

Au final, en vêtement blanc, des hommes et des femmes de tous âges guidés par la lumière qu’ils se passent et se repassent. Et puis cet embrasement qui monte dans le ciel, au moment où la voix d’une femme proclame "Dieu réunit ceux qui s’aiment". Avant que les écrans ne s’éteignent et que chacun regagne son quotidien : l’espace de trois heures et un peu plus, nous aurons été pris dans un même brouillard, pour être rassemblés par une même flamme. Flamme dont il est impensable qu’elle n’ait été le signe d’une Présence qui veut se révéler dans nos nuits et nos jours comme celle d’un Dieu qui ne cesse de venir à notre rencontre et qui n’attend pas que nous venions d’abord le visiter dans des temples. Flamme d’une Présence qui épouse nos histoires et nos recherches et qui échappe, toujours, à toute caricature. Promesse, dans les dernières paroles de cette chanson de Piaf qu’il paraît si nécessaire de reprendre aujourd’hui, et qui réjouit le cœur de l’homme.

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