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Législatives : les évêques prennent timidement la parole

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Agnès Pinard Legry - publié le 18/06/24
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Alors que les Français s’apprêtent à élire leurs prochains députés dans quelques semaines, certains évêques tentent timidement de faire entendre leur voix afin d’éclairer les choix des citoyens et des fidèles.

C’est un record. Plus de 400.000 procurations ont été réalisées en une semaine pour aller voter aux législatives anticipées prévues le 30 juin et le 7 juillet. Pris de court par l’annonce d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée après la victoire écrasante du Rassemblement national (RN) aux élections européennes, les Français s’organisent pour voter. Mais encore faut-il savoir pour qui. Interrogée discrètement ou frontalement, l’Église, par la voix de ses évêques et de ses prêtres, a une parole attendue par les catholiques. À condition de trouver les mots et le juste ton. Donner des repères tout en garantissant une liberté de conscience pleine et entière.

Au lendemain de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, les évêques du Nord (Lille, Cambrai et Arras) ont cosigné un communiqué dans lequel ils appellent à une "une sagesse politique". "Des hommes et des femmes se sentent aujourd’hui un peu perdus, délaissés et sans avenir. Ils aspirent à reprendre en main leur destinée dans une plus grande sécurité", écrivent-ils. "Ce sentiment légitime est cependant ambigu car il peut verser dans la nostalgie, la victimisation de soi ou la quête d’un bouc émissaire." Et les évêques de rappeler que "le temps n’est plus où l’Église catholique donnait des consignes de vote en s’immisçant dans les consciences." Mais s’ils ne donnent pas de consignes de vote explicites, ils encouragent néanmoins "les chrétiens et les personnes de bonne volonté à s’engager dans la société en regardant la figure du Christ et en appelant les lumières de l’Esprit saint."

Renonçons donc à toute attente “messianiques” vis à vis de nos élus.

Interpellé par des fidèles de son diocèse, Mgr Bruno Valentin, évêque dans l’Aude, a attendu ce lundi 17 juin pour réagir à son tour en donnant des pistes de réflexion pour voter sans peur. “Renonçons donc à toute attente “messianique” vis à vis de nos élus : lorsque nous votons, nous ne cherchons pas à désigner un sauveur mais un serviteur”, rappelle-t-il avec justesse. Comme le souligne l'évêque, les discours et programmes politiques ne sont pas “parole d’Évangile”. Seul l’Évangile l’est. “Il n’est réductible à aucun programme en particulier, et une légitime diversité existe dans la manière de se situer sur l’échiquier politique.” Mgr Valentin trace néanmoins quelques lignes directrices claires que sont la dignité irréductible de toute personne humaine, la recherche du bien commun, l’option préférentielle pour les pauvres. 

En 2002 lors du second tour de la présidentielle opposant Jean-Marie Le Pen à Jacques Chirac, la Conférence des évêques de France (CEF) avait appelé "à la sérénité plutôt qu'à la peur" sans appeler explicitement à voter pour un candidat. En 2022, dix ans après, la même institution ne donnait aucune indication mais appelait à voter "en conscience, à la lumière de l’Évangile et de la doctrine sociale de l’Église". Si une réaction de la CEF pourrait intervenir cette semaine, le positionnement de l’Église et des évêques sur le plan politique est délicat. L’Église et les catholiques ne sont pas un parti, et heureusement. On retrouve ainsi des chrétiens sur l’ensemble de l’échiquier politique. Les enseignements du Christ n’ont pas de couleur politique.

Mais certains points demeurent essentiels pour un vote éclairé. C’est ce que l’Église appelle les "principes non négociables" rappelés par le cardinal Ratzinger en 2002 dans lesquels on retrouve la protection de la vie, la promotion d’une économie au service de la personne et du bien commun, la défense de la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme, la libération des victimes de l’esclavage moderne ou encore la recherche et le maintien de la paix. Ces principes, l’Église les défend inlassablement au quotidien et pas uniquement lors de campagnes électorales.

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